« Je suis particulièrement heureux de rencontrer aujourd’hui mon homologue britannique, M. Jack Straw.

Je suis d’autant plus heureux de cette rencontre qu’elle intervient après quelques semaines difficiles entre nos deux pays, même si le dialogue n’a jamais cessé entre nous et, je puis le dire, même si l’amitié n’a jamais cessé entre nous.

Avant de vous présenter les différents éléments de nos entretiens, je voudrais souligner à nouveau l’importance que nous attachons à nos relations avec nos amis britanniques. Nos deux pays sont soudés par l’histoire, par des valeurs communes et comme le président de la République l’a récemment écrit à sa Majesté, la reine Elizabeth, à l’occasion des actes indignes de vandalisme au cimetière britannique d’Etaples, c’est une relation évidemment centrale pour la France.

Au-delà des points de désaccords ponctuels que nous pouvons avoir, ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise et le Premier ministre, Tony Blair, l’avait relevé à juste titre lors du récent Sommet du Touquet.

Nos échanges de vues ont été approfondis sur les questions internationales, et bien sûr sur l’Irak. Nous avons marqué notre souhait que la guerre puisse s’achever le plus rapidement possible et souligné la nécessité de mettre nos efforts en commun pour donner un rôle marquant aux Nations unies. Bien évidemment l’urgence pour le moment, vous le savez tous, c’est l’urgence humanitaire. Nous sommes mobilisés, nous avons travaillé ensemble dans le cadre de l’ONU pour la résolution 1472 afin de mobiliser la communauté internationale devant ce risque humanitaire.

Nous avons évoqué aussi la question du Proche-Orient, la nécessité de reprendre l’initiative le plus rapidement possible dans cette région du monde, à la fois pour répondre à l’insécurité que ressent le peuple israélien et en même temps au sentiment profond d’injustice ressenti par le peuple palestinien.

Nous avons évoqué les relations entre l’Inde et le Pakistan. Nous devons, ensemble, tout faire pour favoriser une reprise du dialogue entre ces deux pays. Nous avons évoqué la situation en Afrique, en Côte d’Ivoire, où nous nous sommes félicités des avancées dans la lignée des accords de Marcoussis.

Nous avons évoqué la situation dans les Grands Lacs, la situation de la République démocratique du Congo. Nous partageons les mêmes inquiétudes sur les derniers développements dans l’est du pays. Il faut maintenant aller de l’avant et mettre en place le gouvernement de transition.

Enfin nous avons évoqué bien sûr les questions européennes, la question du prochain sommet, le 29 avril, des quatre pays sur la Défense. Vous savez, je l’ai souvent dit, que nous pensons qu’il s’agit d’un processus continu qui doit être ambitieux certes mais qui doit être aussi ouvert, transparent. J’ai marqué à Jack Straw notre volonté de construire, avec le Royaume Uni, l’Europe de la Défense, car c’est bien nos deux pays qui doivent être au cœur d’un tel processus. Le Royaume Uni est un partenaire naturel dans cette entreprise, depuis Saint-Malo. Nous devons continuer dans la voie tracée le 4 février dernier au Sommet bilatéral du Touquet.

Nous avons évoqué les travaux de la Convention, redit notre attachement à son succès, notre attachement à l’élaboration d’une architecture institutionnelle qui donne à la fois la force et la stabilité à l’Europe.

Nous avons évoqué bien sûr les relations bilatérales. J’ai redit l’attachement de la France concernant l’extradition de Rachid Ramda et nous nous félicitons, dans ce contexte, de la décision de la décision de la Cour de justice britannique du 7 avril.

Avant de passer la parole à Jack Straw, je veux dire une fois de plus tout le plaisir que j’ai de le recevoir ce matin. La Grande-Bretagne est pour la France un partenaire majeur. La France, comme l’Europe, a besoin de la Grande-Bretagne. »

Source : Ministère français des Affaires étrangères