Le Directeur général de l’UNESCO, Koïchiro Matsuura, s’adressant aux experts internationaux réunis, le 17 avril à son initiative au Siège de l’Organisation, a déclaré « Malgré toute votre expertise et votre bonne volonté, le destin du patrimoine iraquien n’est pas entre vos mains. Il est dans les mains de la communauté internationale tout entière, et ce n’est que par la cohésion, la coordination et la volonté partagée par tous les acteurs, à tous les niveaux, que nous pourrons sauvegarder et restituer à la disposition de l’humanité ces trésors ». Il a ensuite renouvelé son appel à tous les Etats pour qu’il adoptent « les mesures juridiques et administratives d’urgence qui s’imposent pour prévenir l’importation sur leur territoire de tout bien culturel, archéologique et bibliographique ayant quitté l’Iraq dans la période présente » ainsi qu’à « tous les musées, négociants d’art et collectionneurs privés pour qu’ils considèrent ces biens comme ne pouvant faire l’objet de transaction commerciale ». 

Koïchiro Matsuura a également fait part de son intention de « demander au Secrétaire général des Nations Unies de bien vouloir soumettre la question du trafic illicite au Conseil de sécurité afin qu’une résolution puisse être adoptée qui impose un embargo, pour une période déterminée, sur l’acquisition de tout objet culturel en provenance d’Iraq, et qui demande le retour de tels biens culturels en Iraq si de telles acquisitions ou exportations ont déjà eu lieu. Cette résolution pourrait ainsi s’appliquer aux 191 Etats membres des Nations Unies et non seulement aux 97 Etats parties à la Convention de 1970 » a-t-il précisé.

Après avoir rappelé l’ensemble des initiatives prises par l’UNESCO, avant le début du conflit et à l’annonce des saccages et pillages de nombreuses institutions culturelles et de sites archéologiques iraquiens, le Directeur général a insisté sur le fait que « des mesures d’urgence s’imposent, comme la mise en place par les autorités sur place et sur tout le territoire iraquien d’une « police du patrimoine » chargée de veiller sur les sites et institutions culturels, y compris les bibliothèques et les bâtiments abritant des archives ». Il a également souhaité que puisse être « constituée très rapidement une base de données regroupant l’ensemble des archives, listes et inventaires sur le patrimoine iraquien, qui pourrait permettre aux autorités de douane et de police, mais aussi aux marchands d’art et à toutes les personnes concernées d’identifier et de connaître le statut de tel ou tel objet. Bien entendu, a-t-il précisé, cette base de données ne pourra être opérationnelle qu’après une évaluation précise des éléments volés ou détruits, que seule une mission sur le terrain peut nous fournir ».

Le Directeur général a ensuite tenu à remercier les nombreux Etats qui ont manifesté leur volonté de contribuer en expertise ou à travers un support financier aux actions d’urgence que l’UNESCO met en oeuvre. Il a ainsi salué les initiatives de l’Italie, qui a été la première à offrir une contribution de 400 000 dollars pour la protection du patrimoine iraquien, ainsi que celles émanant d’Etats comme le Qatar, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Egypte, d’institutions comme la Fondation des Nations Unies ou l’Organisation de la Ligue arabe pour l’éducation, la science et la culture (ALECSO), de réseaux de scientifiques ou de particuliers. Le Directeur général s’est réjouit de telles initiatives qui viendront alimenter le Fonds spécial pour le patrimoine culturel iraquien qu’il vient de créer.

Source : UNESCO