Le PNUE ébauche une stratégie pour protéger l’homme et l’environnement au lendemain de la guerre en Iraq

GENEve, 24 avril 2003 (PNUE) — Le Programme des Nations Unies pour l’environnement a publié récemment un rapport contenant une évaluation préliminaire des principaux risques environnementaux en Iraq et recommandant des mesures de secours d’urgence et de relèvement à long terme.

Ce rapport souligne la nécessité d’une action immédiate pour résoudre les problèmes humanitaires. Devraient être considérés comme prioritaires : la restauration des systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement, la dépollution des éventuels ’points chauds’ et l’assainissement des décharges afin de réduire les risques d’épidémie liés à l’accumulation d’ordures ménagères et de déchets médicaux.

Autre activité prioritaire : une évaluation scientifique des sites frappés par des armes contenant de l’uranium appauvri. Le Rapport recommande la formulation de lignes directrices destinées au personnel civil et militaire, et au grand public, sur la manière de réduire au minimum les risques d’exposition accidentelle à l’uranium appauvri (UA).

« La protection de l’environnement a un caractère humanitaire », a déclaré Klaus Toepfer, Directeur exécutif du PNUE. « Les risques environnementaux menacent la santé et le bien-être de l’homme mais peuvent aussi entraver les opérations d’aide ».

Des mesures supplémentaires s’imposent pour intégrer la protection de l’environnement dans le processus élargi d’assainissement et de reconstruction de l’après-guerre. Au nombre des recommandations figurent la réalisation d’études d’impact sur l’environnement, l’utilisation de technologies respectueuses de l’environnement pour les grands projets de reconstruction, et la multiplication des échanges d’information entre les principaux acteurs, afin d’éviter les risques accidentels supplémentaires pour la santé et l’environnement.

« En Iraq, nombre de problèmes environnementaux sont si inquiétants qu’une évaluation et un plan d’assainissement s’imposent de toute urgence. Pour que la reconstruction soit solide et durable, tous les plans de reconstruction devront tenir compte de l’environnement », a déclaré Pekka Haavisto, responsable de l’étude.

L’idée d’un rapport du PNUE sur l’état de l’environnement en Iraq a germé lors d’une réunion humanitaire organisée en février 2003 à Genève par le Gouvernement helvétique, qui a également financé le présent rapport. Depuis lors, L’évaluation à grande échelle proposée par le PNUE en Iraq a été intégrée dans l’Appel éclair sur les besoins humanitaires liés à la crise iraquienne, lancé le 28 mars 2003 par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (BCAH) des Nations Unies.

Le rapport demande aussi d’établir une base de connaissances pour traiter les problèmes environnementaux chroniques et de rassembler les compétences nationales et internationales pour mener des études supplémentaires, y compris des missions et des collectes de données sur le terrain. Les questions prioritaires pourraient être les émissions et déchets dangereux, la gestion des ressources en eau, les écosystèmes (notamment les marais mésopotamiens) et l’uranium appauvri.

Il importe en outre de mettre en place des institutions et des capacités nationales solides pour assurer la gestion à long terme de l’environnement. L’environnement doit être considéré comme prioritaire dans la mise en place d’un régime démocratique et de structures institutionnelles. Travaillant dans le cadre des Nations Unies, les experts nationaux et internationaux devraient s’attacher à définir les besoins institutionnels, législatifs, en ressources et en renforcement des capacités à satisfaire pour assurer la gestion efficace et durable de l’environnement. L’adhésion de l’Iraq aux principaux traités environnementaux devrait être encouragée.

Le rapport du PNUE conclut que le conflit actuel a incontestablement accentué les stress environnementaux chroniques qui se sont accumulés en Irak depuis 20 ans. La guerre Iran-Iraq dans les années 1980, la guerre du Golfe en 1991, la mauvaise gestion de l’environnement sous l’ancien régime iraquien et l’impact économique des sanctions ont causé des dommages écologiques graves.

L’accumulation des dommages physiques subis par l’infrastructure environnementale de l’Iraq représente une menace sérieuse pour la population. En particulier, la destruction des systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement, et le manque d’investissements dans ce secteur ont accru les niveaux de pollution et les risques pour la santé.

Pour couronner le tout, des pannes d’électricité continuelles ont causé des interruptions fréquentes du pompage des eaux usées et de la circulation de l’eau douce. Ces pannes ont aussi affecté le pompage de l’eau salée dans les terres irriguées de la plaine inondable du Sud de l’Iraq, causant un engorgement et une salinisation à grande échelle.

La destruction de l’infrastructure militaire et industrielle durant les conflits successifs qu’a connus l’Iraq a entraîné le rejet de substances dangereuses, telles que les métaux lourds, dans l’air, les sols et les réserves d’eau douce. Les risques associés aux produits chimiques et les niveaux de pollution de l’environnement restent à évaluer.

La fumée qui s’échappe depuis deux mois des puits de pétrole et des tranchées remplies d’essence en feu a entraîné une pollution locale de l’air et du sol. Faute d’investissements dans l’industrie pétrolière, les installations sont mal entretenues et les risques de fuites augmentent depuis plusieurs années.

Les bombardements intensifs et les déplacements massifs de véhicules militaires et de troupes ont accentué la dégradation des écosystèmes naturels et agricoles. Lorsque la surface très compacte du désert est perturbée, le sable sous-jacent est exposé et, très souvent, s’érode ou est balayé par le vent. En attendant, la pollution transfrontière et l’absence de gestion de bassins fluviaux a conduit à la dégradation des principales voies fluviales de l’Iraq.

L’utilisation intensive d’armes à uranium appauvri semble avoir causé une pollution dont ignore encore l’ampleur et les effets. Une étude sur l’uranium appauvri ne saurait se faire sans obtenir, de la part des autorités militaires, les coordonnées précises des sites visés. Les conflits qui se sont succédés en Iraq ont laissé derrière eux de grandes quantités de débris militaires, y compris des munitions explosives non explosées.

L’étude théorique sur l’environnement en Iraq été préparée par l’Unité d’évaluation après les conflits du PNUE, en tant que contribution aux efforts internationaux visant à fournir une aide humanitaire à l’Iraq. Elle donne un aperçu de la situation, fondé sur des informations publiées ou en ligne et, pour le dernier conflit, sur des informations de presse et des briefings militaires.