La protection des réfugiés aux frontières de l’Irak avec la Syrie et la Jordanie préoccupe l’UNHCR

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés est inquiète pour la protection des réfugiés et demandeurs d’asile installés le long de la frontière irakienne. En effet, la Syrie a expulsé des dizaines d’Irakiens et la Jordanie a refusé l’entrée à des centaines d’Iraniens fuyant le conflit en Irak.

Lundi, des représentants de l’UNHCR ont rapporté que les forces de sécurité syriennes ont pris 32 réfugiés irakiens, dont 23 enfants, dans le camp d’EL Hol au Nord Est de la Syrie et les ont déplacés du côté irakien de la frontière. Un incident similaire a eu lieu le 13 avril, quand 12 personnes ont été enlevées du camp et refoulées en Irak. Les deux groupes sont originaires de Tikrit, ville natale et bastion de Saddam Hussein.

Les autorités syriennes ont avancé des " préoccupations sécuritaires " à propos de ces déplacements. Bien que l’UNHCR connaisse les inquiétudes des pays d’accueil et les pressions auxquelles ils sont soumis pour refuser de protéger les loyalistes de Saddam Hussein, il souligne que cela ne change rien à l’obligation légale de donner un asile sûr aux demandeurs d’asile et réfugiés.

" Nous avons conscience de la complexité de la situation, " a indiqué le Haut Commissaire Ruud Lubbers. " Mais nous insistons pour que les normes de la protection internationale des réfugiés, y compris les critères d’exclusion, soient respectées par toutes les parties concernées. "

Selon cette " clause d’exclusion ", les dispositions de la Convention de Genève de 1951 ne s’appliquent pas quand il y a de sérieuses raisons de considérer qu’un individu a commis un crime contre la paix, un crime de guerre ou un crime contre l’humanité ; qu’il a commis un crime sérieux, non politique, dans le pays d’accueil avant son admission définitive ; ou a été reconnu coupable d’actes contraires aux buts et principes des Nations Unies.

Le camp syrien d’El Hol accueille actuellement 168 réfugiés irakiens.

Dans le même temps, en Jordanie, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés avait conclu un accord avec le gouvernement pour l’admission des Irakiens, Palestiniens et Syriens qui attendaient à la frontière depuis leur fuite d’Irak il y a quelques semaines. Mardi, environ 200 personnes ont été transportées du poste frontière d’Al Karama au camp de Roueiched dans l’Est de la Jordanie.

Apparemment, les autorités jordaniennes ont demandé à ces nouveaux arrivants de signer une renonciation promettant de retourner en Irak une fois que la crise sera finie. L’UNHCR a insisté sur le fait que personne ne pourra être forcé à rentrer en Irak tant que la sécurité n’aura pas été rétablie dans le pays.

Il y a toujours 800 personnes immobilisées dans une situation de plus en plus difficile dans le no man’s land entre l’Irak et la Jordanie. La plupart d’entre eux sont des Kurdes iraniens qui ont fui le camp de réfugié irakien d’Al Tash la semaine dernière pour échapper au chaos et à l’anarchie qui ont vu le jour après la chute du gouvernement de Saddam Hussein. Avant la guerre, Al Tash abritait plus de 12 000 réfugiés kurdes iraniens, beaucoup d’entre eux y vivaient depuis 20 ans.

58 autres Iraniens reconnus comme réfugiés par plusieurs pays européens, nord-américains et l’Australie attendent aussi dans le no man’s land, où les conditions de vie sont primitives et les installations sanitaires précaires.

L’UNHCR et la Croissant Rouge leur ont fourni des tentes et un grand entrepôt préfabriqué. L’agence pour les réfugiés a distribué des couvertures et des fournitures de base, le Comité International de la Croix Rouge leur a fourni de la nourriture et des réchauds, tandis que le Croissant Rouge a distribué des vêtements, du savon et d’autres aides.