Monsieur le Président, je voudrais vous remercier de l’occasion qui m’est donnée de faire une mise à jour de la situation humanitaire en Iraq et les activités des Nations Unies sur le terrain.

À la suite de mes observations et comme vous l’avez indiqué, Monsieur le Président, mes collègues du Programme des Nations Unies pour le développement, du Programme alimentaire mondial, de l’Organisation mondiale de la santé et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance présenteront des exposés au Conseil. Le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Kenzo Oshima, qui revient de Bagdad, est également présent avec nous aujourd’hui. Ils seront tous heureux de répondre aux questions.

Je voudrais également saluer la présence de M. Jakob Kellenberger, Président du Comité international de la Croix-Rouge. Ses collègues et lui-même ont effectué un travail remarquable durant le conflit en Iraq et continueront d’être nos proches partenaires durant la période cruciale à venir.

Je commencerai en soulignant que le système des Nations Unies s’engage fermement à réaliser les mandats humanitaire, de reconstruction et autres qui lui ont été confiés dans la résolution que le Conseil vient d’adopter. La situation humanitaire en Iraq reste très préoccupante. L’effondrement des services essentiels et de l’ordre public a créé une série de besoins urgents. Une grave crise humanitaire a été évitée jusqu’à présent, mais la population civile et les enfants en particulier restent en danger, surtout si la situation sécuritaire ne s’améliore pas sensiblement dans un proche avenir.

Les institutions des Nations Unies sont à l’oeuvre dans tout le pays, en fournissant de la nourriture, de l’eau, des médicaments et d’autres secours d’urgence. Elles ont aidé à réparer des installations d’eau et d’assainissement, contribué au rétablissement de l’électricité et fourni des secours aux personnes déplacées et aux enfants sous-alimentés.

Je voudrais saluer tout particulièrement le courage et l’engagement de nos 3 400 employés nationaux, qui ont continué à satisfaire les besoins essentiels des hôpitaux, des populations déplacées et des autres groupes vulnérables durant toute la période du conflit.

La capacité des Nations Unies à réagir rapidement et efficacement dès le début de la crise a été sensiblement renforcée par une série de mesures de bonne préparation. La coordination interinstitutions a donné lieu à une planification commune et à l’adoption d’un plan intégré. Des quantités substantielles de biens humanitaires ont été prépositionnées à l’intérieur de l’Iraq et dans plusieurs pays voisins. Les voisins de l’Iraq ont également contribué à assurer l’acheminement rapide des secours à travers cinq grands couloirs d’accès.

Depuis que le personnel international a commencé à retourner en Iraq, il y a un mois, nous avons continué de renforcer notre présence. Plus de 300 fonctionnaires internationaux ont été déployés, des équipes ayant été installées dans l’ensemble des cinq sous-régions. Et comme l’autorise le Conseil, la Mission d’observation des Nations Unies pour l’Iraq et le Koweït fournit un appui et des services substantiels aux institutions des Nations Unies à leur retour dans le pays.

Le Coordonnateur humanitaire et les Coordonnateurs de zone tiennent des réunions régulières avec les institutions des Nations Unies et les organisations non gouvernementales. En outre, des groupes de coordination sectoriels ont été créés dans des zones prioritaires, avec la participation des ministères concernés, d’autres autorités iraquiennes et des représentants du Bureau de la reconstruction et de l’aide humanitaire. La coordination avec ce dernier Bureau, en particulier et avec les autorités militaires, est vitale pour assurer une action humanitaire efficace ainsi que la sûreté et la sécurité du personnel humanitaire.

La priorité majeure de pratiquement tous nos efforts d’assistance est la remise en état des services publics essentiels. Cela comprend non seulement les services sanitaires, l’électricité et l’approvisionnement en eau, mais également le réseau public de distribution alimentaire, dont une grande partie de la population dépend pour sa survie. Les institutions des Nations Unies s’emploient à appuyer pleinement les autorités nationales iraquiennes concernées.

L’incapacité à payer les salaires et autres coûts de fonctionnement constitue une contrainte majeure pour les fournisseurs de services publics. Des paiements exceptionnels de 20 dollars ont été effectués dans certains lieux et nous sommes encouragés par des indications qu’un système régulier de paiement de salaires aux fonctionnaires commencerait bientôt à fonctionner.

L’autre problème, bien sûr, c’est le pillage d’un grand nombre d’installations publiques vitals, ce qui m’amène tout naturellement à la question de la sécurité et de l’ordre public. L’absence généralisée de l’ordre public a eu plusieurs conséquences humanitaires. Les ministères, les usines de traitement de l’eau, les hôpitaux et les entrepôts ont été pillés. De nombreuses installations ont été réparées ou réapprovisionnées, quitte à être pillées quelques jours plus tard. Les préoccupations en matière de sécurité touchent également aux munitions non explosées, qui menacent la population civile, en particulier les enfants, et qui entravent le transport et la reprise d’activités agricoles normales.

La crainte même des violences dans de nombreuses zones rend plus difficile, et souvent impossible, la fourniture de médicaments et autres biens essentiels, et elle empêche les citoyens de se rendre au travail. Nous avons appris de première main que des femmes craignaient de sortir et surtout que des filles avaient peur de reprendre leurs cours.

Une telle insécurité représente aussi un obstacle majeur aux activités d’assistance humanitaire. Le mouvement de notre personnel étant limité dans de nombreuses zones urbaines, il ne peut avoir accès aux personnes dans le besoin. Le personnel de plusieurs ONG a été agressé dans des villes et sur les routes principales menant à Bagdad.

La menace de violences a également donné lieu à des mouvements de populations, tels que l’exode des Iraquiens arabes de plusieurs régions. Ces déplacements soulignent la vulnérabilité des civils dans des environnements de conflit et d’après-conflit face aux violations des droits de la personne et à d’autres menaces. Les institutions des Nations Unies, sous la direction du Coordonnateur humanitaire, et en collaboration avec le CICR et des ONG, ont établi un cadre de protection pour les personnes déplacées, les réfugiés rapatriés et autres civils en danger.

Enfin, un mot sur le patrimoine culturel de l’Iraq. La destruction et le pillage qui ont eu lieu à Bagdad et dans des sites archéologiques, des bâtiments historiques, des monuments et des musées dans le pays, représentent une tragédie. Des experts internationaux travaillant sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, viennent de visiter Bagdad et sont en train d’achever leur rapport. Nous sommes tous fermement attachés à travailler avec les Iraquiens et d’autres personnes chargées de protéger et de réhabiliter le patrimoine culturel du pays, et de lutter contre le trafic de biens culturels.

Notre capacité à répondre aux besoins urgents que j’ai évoqués dépend considérablement de la disponibilité des ressources nécessaires. À ce jour, plus de 700 millions de dollars ont été reçus en réponse à notre appel d’urgence et je voudrais remercier les donateurs pour leur générosité.

En outre et alors que la mise en oeuvre de la résolution 1472 (2003) se poursuit, le Bureau du Programme Iraq et les institutions des Nations Unies ont confirmé que des biens humanitaires prioritaires d’une valeur approximative d’un milliard de dollars pourront être acheminés avant le 3 juin. Suite à la résolution que le Conseil a adoptée aujourd’hui, des fournitures prioritaires supplémentaires seront mises à la disposition du peuple iraquien.

Dans le même temps, on n’a pas trouvé les ressources importantes nécessaires pour financer les tâches prioritaires majeures telles que le rétablissement du système de santé, des programmes nutritionnels, des installations d’eau et la remise en ordre du système d’éducation.

Alors que les institutions des Nations Unies continuent de renforcer leur présence en Iraq, elles procèdent à des évaluations exhaustives qui nous permettront de revoir les priorités dans nos plans d’action. Sur la base de ces nouvelles évaluations, nous lancerons un appel humanitaire révisé durant la deuxième moitié du mois de juin.

Pour terminer, je voudrais souligner que les Nations Unies, ses institutions, fonds et programmes s’engagent à faire tout leur possible pour aider le peuple iraquien en ces moments difficiles.

Source : ONU