Monsieur le Président,
Respectables Ministres,
Monsieur le Secrétaire Général,
Honorables Membres de Délégation,
Mesdames et Messieurs,

Je tiens tout d’abord à vous féliciter pour la tenue de la trentième réunion ministérielle des Ministres des Affaires Etrangères des pays islamiques à une période aussi sensible sur le plan régional et international. Je souhaite la bienvenue à tous nos chers invités en Iran Islamique.

Ce qui nous rapproche le plus dans cette période d’inquiétudes et d’espoirs, c’est l’Islam :

Et il est juste de dire que l’Islam s’est construit sur deux fondements : le mot de l’unicité et l’unicité de mot. La croyance en une même vérité exige une communauté unie et la convergence nécessite la concordance. L’Islam est ce qui nous rend solidaires et unis et en même temps rend possible notre coexistence pacifique avec les autres communautés.

Nous devons, par conséquent, comprendre l’Oumma islamique suivant l’expression du Saint Coran, comme une communauté unie et l’Islam comme une religion ouverte ayant une base aussi large que la bénédiction et l’amour divins :

Il est aujourd’hui grand temps de tester le pouvoir de la foi et de la capacité d’entendement de l’homme musulman face aux méandres difficile et périlleux du monde contemporain et il ne fait aucun doute que la politique et les relations internationales constituent l’épreuve la plus importante pour les nations et les gouvernements musulmans.

Malgré les acquis considérables, le monde actuel est envahi par l’angoisse et la peur ; un monde hanté par le spectre de la violence, la discrimination, le terrorisme, la pauvreté, l’insécurité et la guerre. Ne devons-nous pas mettre à profit la sagesse et la morale de l’Islam pour sortir le monde de la situation horrible dans laquelle il se trouve. L’Islam se veut une religion au service de l’homme et non l’inverse. C’est dire qu’elle est en mesure de formuler de nouvelles voies et d’exposer ses expériences civilisationnelles pour orienter le monde vers une coexistence durable et vers une paix fondée sur la justice.

J’espère que nous serons capables de profiter de cette capacité partout où il est possible, en particulier au sein de l’O.C.I.. L’Islam appelle tout le monde à la foi et à la sécurité et ce faisant s’éloigne de toute crainte et angoisse. Nos préceptes religieux ainsi que notre histoire de civilisation sont basés sur la sagesse et le dialogue. C’est la logique et non la force que l’Islam considère comme la base de communication inter-humaine et c’est la raison, la source et l’origine de la logique. Ne faut-il pas et ne peut-on pas étendre cette image estimée et affectionnée par le monde angoissé d’aujourd’hui au domaine de la politique et aux relations entre les nations et les gouvernements ?

Le monde doit beaucoup à la grande civilisation islamique, une civilisation qui a fait connaître aux occidentaux même leur passé philosophique et historique et leur a appris la tolérance et la modération. A nos jours encore, cette même zone de civilisation qui peut et doit réclamer le dialogue pour contribuer à la coexistence et à la paix durable entre les nations.

Le Saint Coran, miracle de la parole, est un document incontestable attestant le caractère fondamental du dialogue dans la culture islamique. Les damnés sont ceux qui ne peuvent ni entendre la vérité, ni raisonner : " Si nous avions écouté ou compris, nous ne serions pas parmi les compagnons de l’enfer ".

La thèse du dialogue entre les civilisations a trouvé un écho favorable dans le monde. Efforçons-nous donc de sortir du carcan étouffant et angoissant actuel et prenons un pas de plus en faisant d’elle une plate-forme pratique, claire et efficace pour l’action des gouvernements des pays musulmans !

Chers participants,

Le monde dans lequel nous visons est pris en tenaille entre d’un côté des visions et des méthodes des partisans bornés de la violence et de l’autre côté des assoiffés du pouvoir exigeant toujours plus. D’une part le terrorisme et la sclérose idéologique ternissent l’image humaine et libératrice de la religion et de l’humanité et d’autre part le recours à la force ; la volonté de puissance et l’unilatéralisme jouent avec des concepts précieux, tels que la liberté et la démocratie.

Ce qui se cache sous le couvert de ces deux tendances est en fait une réalité amère et immorale qui menace toute l’humanité. En tant qu’adeptes de l’Islam qui cherche la réalisation de la liberté de la justice, de la morale et de la démocratie, nous avons le devoir de nous éloigner de ces deux faces horribles du monde actuel, à savoir le terrorisme et l’unilatéralisme.

Je tiens à confirmer ici que toute vision et tendance justifiant ou prônant la discrimination, la haine, la violence et la répression sont étrangères à l’esprit et à la vérité de l’Islam. Il est de même vrai que toute puissance ignorant les aspirations des peuples à l’indépendance et à l’autodétermination s’oppose à la liberté et à la civilisation.

Je suis heureux de constater que cette réunion, en s’appuyant sur " l’unité " et " la dignité " des musulmans cherche à trouver une stratégie commune face à la situation chimérique et effroyable actuelle. Afin de parvenir à cet objectif, il faut réfléchir à rendre l’O.C.I. plus dynamique, plus novatrice et plus efficace.

En atténuant les discordes et le désordre, le monde musulman contribuera à la paix, à la justice et à la liberté dans le monde et dans la mesure où il parviendrait à isoler les approches et les méthodes extrémistes et bornées, il contribuera au renforcement de la dignité et de l’autorité de l’Islam dans le monde contemporain. Le monde musulman saura retrouver la place qui lui revient dans le monde d’aujourd’hui et de demain à condition qu’il se décide à se libérer de la domination étrangère en épuisant dans ses innombrables ressources spirituelles et matérielles.

Honorables membres de délégations !

C’est dans cette perspective que nous avons à faire face aux défis majeurs de notre temps. A nos jours, le droit du peuple palestinien à l’autodétermination constitue l’une des questions les plus importantes auxquelles est confrontée l’Oumma islamique. La ville d’Al-Qods est non seulement considérée par les musulmans comme un haut lieu spirituel mais elle symbolise également pour le monde entier la liberté, la justice, l’équité et la tolérance. Ainsi que l’histoire en témoigne dès les premiers jours de leurs présence et de leur gouvernement à Al-Qods, les musulmans ont respecté les droits des autres religions.

Mais face à cette expérience glorieuse, le régime sioniste, par des massacres consécutifs, par le pillage du peuple opprimé de la Palestine et par l’occupation de son territoire, a ouvert une longue et ténébreuse période de terreur et de répression.

Il va de notre devoir d’exprimer ici notre soutien tous azimuts à la résistance du peuple palestinien et de considérer celle-ci comme l’exemple objectif de la lutte de libération face au terrorisme organisé d’un Etat. Tout palestinien a le droit de décider de son sort et notre tâche consiste à les aider à recouvrer leurs droits légitimes.

Il est de même pour le peuple opprimé de l’Irak qui traverse une période cruciale de son existence sociale et politique et qui a besoin de l’aide généreuse de tous les gouvernements et nations musulmans et libres du monde. L’expérience amère d’une dictature despotique endurée par le peuple musulman irakien et donnant lieu à deux guerres dévastatrices contre ses voisins et à la perte d’inestimables ressources humaines, économiques et culturelles, a placé aujourd’hui l’Irak dans une situation fort difficile. Le peuple musulman irakien ainsi que tous les pays musulmans attendent qu’un régime politique élu du peuple irakien prend en charge aussi rapidement que possible la destinée de ce pays et dans cette attente ils comptent sur l’appui de l’opinion publique internationale. Notre exigence la plus logique et la plus légitime à nous les musulmans, c’est que la gestion de l’Irak soit confiée dans le plus bref délai aux irakiens eux-mêmes, que la reconstruction politique et économique de ce pays se mette en marche sous l’égide des Nations-Unies, que des aides internationales lui soient apportées sans arrière-pensées aucune pour qu’enfin nous puissions accueillir entre nous le plus rapidement possible le représentant du gouvernement et du peuple irakien.

Nous suggérons une nouvelle fois " la coalition pour la paix sur la base de la justice " à la place d’efforts qui ne visent qu’à entraîner tous les pays dans la guerre. La guerre fait suite à la politique. Une politique axée sur la violence, l’égocentrisme et l’arrogance ne mènent qu’à la guerre.