La France multiplie les démarches diplomatiques pour mettre sur pied une « feuille de route » pour la Syrie et le Liban. Lors de sa première rencontre à Évian avec le président états-unien George W. Bush, Jacques Chirac a ainsi proposé d’offrir un règlement pacifique du contentieux de la Syrie avec Israël, en échange de la fermeture des bureaux des organisations palestiniennes « opposés aux négociations de paix » implantées à Damas. Le but de cette manœuvre est d’inciter la Syrie, d’une part, à faire pression sur le Hezbollah afin qu’il cesse ses opérations contre les fermes de Shebaa et son soutien aux factions anti-américaines en Irak, et d’autre part, à commencer son retrait du Liban.
Déjà, le 30 avril dernier, Dominique de Villepin avait choqué la Syrie en lui demandant de continuer à retirer ses troupes du Liban afin que la résolution 520 du Conseil de sécurité de l’ONU puisse être appliquée. Mais cette proposition intervenait dans le cadre d’une esquisse de feuille de route, prévoyant le retour du Golan, annexé par Israël, à la Syrie.
Lors de la conférence de presse donnée par Colin Powell au terme du sommet du G8, le secrétaire d’État états-unien a indiqué que la priorité était le règlement du conflit israélo-palestinien, et que la dimension syriano-libanaise ne viendrait que plus tard. La France, quant à elle, souhaite que les deux processus soient simultanés.
Paris a ainsi consacré deux sommets au Liban, dont le dernier, dit « Conférence de Paris II », s’est tenu en novembre 2002. En échange d’une aide de 4 milliards de dollars, la France a notamment exigé une amélioration du respect des Droits de l’homme, un plan d’austérité budgétaire, des réformes économiques et des privatisations. Il était donc demandé implicitement à la Syrie de relâcher sa mainmise sur les affaires libanaises. Mais les récents remaniements gouvernementaux au Liban semblent avoir convaincu le président Chirac qu’il n’en est rien. La Syrie serait donc la seule à ne pas avoir rempli les objectifs fixés par Paris-II, notamment parce qu’elle n’a pas su mettre un terme à la rivalité entre les trois leaders libanais, Emile Lahoud, Nahih Berri et Rafic Hariri.
Une proposition de « feuille de route » incluant la Syrie et le Liban a été présentée hier par les pays arabes, lors du sommet de Charm El-Cheikh, mais les États-Unis l’ont rejetée. C’est à cause de ces négociations que le sommet a débuté avec un retard de près de deux heures, d’après le quotidien libanais Al-Mustakbal.

Source
Jerusalem Post (Israël)
Dar Al-Hayat (Royaume-Uni)
Dar al Hayatest un quotidien arabe de politique international, basé au Royaume-Uni. Tirant à 110 000 exemplaires, ce journal mêle des articles purement informatifs et un grand nombre d’analyses et d’éditoriaux écrits par des intellectuels du monde arabe. L’une des figures les plus éminentes de la rédaction est Jihad Al Khazen, figure détestée des éditorialistes néo-conservateurs états-uniens. Libanais à l’origine, il a été racheté en 1990 par le prince et maréchal saoudien Khaled ibn Sultan.

« France And The Roadmap For Syria And Lebanon », par Randa Takieddine, Al-Hayat, 4 juin 2003.

« Report : Syria, Lebanon demand for road map inclusion delayed Egypt summit », Jerusalem Post, 4 juin 2003.