L’attitude de l’administration états-unienne est en train de changer à l’égard de la politique israélienne d’assassinats ciblés contre des leaders d’organisations radicales en territoires occupés. En début de semaine, Washington avait semblé mal réagir à la tentative d’exécution du leader du Hamas, Abdul Aziz Al-Rantissi. Depuis, les États-Unis font porter toute la responsabilité de ces attaques au Hamas et aux organisations terroristes palestiniennes.
La conseillère aux questions de sécurité nationale, Condoleeza Rice, a déclaré que « les États arabes doivent déclarer maintenant que le Hamas et les autres groupes qui disent qu’ils vont détruire la feuille de route, ne parlent pas au nom du reste du monde arabe ». Colin Powell a appelé le monde arabe à « s’attaquer violemment au Hamas et au Jihad islamique et autres organisations terroristes qui nous refusent cette dernière opportunité de faire la paix. » Il aurait ensuite appelé son homologue israélien, Silvan Shalom, pour lui indiquer que les États-Unis considèrent qu’Israël a le droit de se défendre, et que la sécurité d’Israël est une priorité majeure pour le président Bush.
Le président Bush s’était pourtant dit « troublé », mardi 11 juin, juste après la tentative d’assassinat contre Abdul Aziz Al-Rantissi, déclenchant une réaction virulente du lobby pro-israélien représenté par le Comité des Affaires Publiques Américano-Israéliennes (AIPAC). Ce dernier avait en effet publié un communiqué selon lequel les États-Unis se devaient de soutenir Israël dans la guerre contre le terrorisme, « en attendant que l’Autorité palestinienne soit capable et déterminée à assurer cette responsabilité ». Mercredi, des Démocrates pro-israéliens ont relayé cette déclaration au sein de la Commission des relations internationales de la Chambre, notamment par la voie de Gary Ackerman. Ces efforts conjugués ont eu pour effet de réduire à néant les critiques états-uniennes à l’encontre d’Israël.
Selon Ariel Sharon, les États-Unis n’ont peut-être pas apprécié la tentative d’assassinat contre Abdul Aziz Al-Rantissi, mais les réactions de l’administration états-unienne n’ont pas été au-delà de ce qui était attendu. À propos de l’injonction états-unienne de ne rien faire qui puisse affaiblir le Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas, Ariel Sharon a déclaré qu’il ne comprenait pas « comment le meurtre de citoyens israéliens pourrait renforcer Abu Mazen [Mahmoud Abbas]. Nous avons fait des efforts pour le renforcer. Mais si je dois choisir entre les funérailles d’Israéliens et le renforcement de Mahmoud Abbas, je choisis d’empêcher qu’il y ait davantage de funérailles. » Il a ensuite démenti avoir promis aux Américains de mettre un terme aux assassinats ciblés lors du sommet d’Aqaba. Selon lui, Mahmoud Abbas lui avait dit avoir besoin de deux semaines pour rendre opérationnelles les forces de sécurité palestiniennes, alors qu’il parle aujourd’hui de 4 mois. Cette lenteur serait à l’origine de la volonté israélienne de prendre en main la lutte contre le terrorisme.
D’après le chef des services de renseignement israéliens, Avi Dichter, l’Autorité palestinienne, si elle réunissait en une seule force ces différentes factions chargées de la sécurité, pourrait commencer à agir contre le Hamas en deux semaines. Une idée qui fait son chemin dans les cercles diplomatiques serait de déployer une importante pression internationale sur Arafat, comparable à celle mise en œuvre pour le contraindre à prendre un Premier ministre, afin de l’obliger à abandonner sa main-mise sur l’appareil de sécurité de l’Autorité palestinienne.

Source
Jerusalem Post (Israël)

« PM : Abbas ’chick without feathers’ », par Herb Keinon et Janine Zacharia, Jerusalem Post, 13 juin 2003.