Sélection d’études et de documents publiés par des centres de recherche et des institutions nationales et internationales.
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C’est devenu un lieu commun de la presse occidentale que de dénoncer les « madrasas où sont formées des générations de terroristes ». Pourtant, un rapport du Service de recherche du Congrès états-unien (CRS) revient sur ce que recouvre le terme « madrasas » au sein du système éducatif musulman, et met en garde contre l’amalgame réalisé par les médias. En recourant systématiquement à ce terme pour décrire la formation des kamikazes, la presse occidentale confond en effet sans nuances écoles musulmanes et centres de formation terroristes.

Le think-tank états-unien Project on Defense Alternatives livre cette semaine une proposition de ce que pourrait être une force de défense européenne. Considérant que la politique de sécurité de l’Union Européenne est fondée principalement sur des moyens diplomatiques, politiques, culturels et économiques, le PDA suggère de constituer une armée dédiée à la défense des frontières européennes et à des missions de « maintien de la paix » sur d’autres continents. Il insiste sur la nécessité pour cette armée européenne de se soustraire à l’influence de l’OTAN et à celle des États-Unis.

Le PIPA et Knowledge Network ont réalisé une étude sur trois « perceptions erronées » de l’opinion publique au sujet de l’Irak : croire que le pays était impliqué dans le 11 septembre, que des armes de destruction massive ont été découvertes et que l’opinion internationale était favorable à la guerre. Ils observent que ces « perceptions erronées » sont liées au média à travers lequel les personnes pensent s’informer et qu’elles ont directement influencé leur soutien ou non à la guerre. En d’autres termes, la propagande médiatique fonctionne.

Le Lawyer Committee For Human Rights publie un important rapport sur l’érosion des protections des droits humains aux États-Unis de l’après 11 septembre. Au-delà d’une simple énumération des atteintes aux libertés, le rapport met en évidence une transformation profonde de la législation et des politiques états-uniennes qui, loin de garantir une sécurité accrue aux citoyens, éloigne le pays de l’État de droit.

Constatant que l’image des États-Unis n’a cessé de se dégrader auprès des populations du monde entier depuis un an, le Council on Foreign Relations a élaboré une stratégie supposée revigorer la « diplomatie publique » états-unienne. Il s’agit de mieux « vendre » aux publics étrangers la position états-unienne sur la scène internationale.

Le Congressional Research Service a réalisé une étude générale sur les attentats-suicides, cherchant à déterminer les motivations des organisations et des individus lors du recours à ces actions. Un des constat du CRS est l’abscence de motivation mystique ou religieuse dans la majorité des attaques-suicides de ces vingt dernières années.

Au moment où Washington essaie de faire supporter les coûts humains et matériels de l’occupation de l’Irak par d’autres pays, le World Policy Institute publie une étude sur la privatisation rapide des armées US et souligne les liens quasi-incestueux entre les compagnies militaires privées et des membres de l’administration Bush.

A noter, parmi cette selection de documents parus en juillet et août, le plaidoyer du lobby de l’armement états-unien en faveur de la « guerre des étoiles ». La Rand Corporation milite en effet pour un développement rapide des capacités militaires spatiales des États-Unis. Le think-tank ne manque pas de souligner le déséquilibre stratégique que cela induira.

La Rand Corporation, le think-tank de l’industrie de l’armement US, propose une analyse du potentiel d’Al Qaïda. Bien que son éradication ait été un objectif prioritaire de la campagne d’Afghanistan, l’auteur reconnaît qu’Al Qaïda reste un phénomène méconnu. Malgré cela, il juge la menace grandissante et, en filigrane, appelle de ses vœux une politique toujours plus répressive, au nom du lobby de l’armement.

Foreign Policy In Focus (FPIF) analyse l’évolution de la politique étrangère des États-Unis en Amérique latine, depuis le 11 septembre. Le think thank y voit un retour à l’approche en vigueur sous Ronald Reagan, en pleine Guerre froide : la région est considérée comme une zone où la menace « terroriste » doit être éliminée.

L’American Enterprise Institute publie une compilation des sondages réalisés aux États-Unis depuis le 11 septembre sur les thèmes de la guerre contre le terrorisme et de la guerre contre l’Irak. Plus instructives que les réponses, les questions posées au public par les grands médias états-uniens révèlent leur niveau d’engagement dans le dispositif de propagande officielle.

L’American-Arab Anti-Discrimination Committee rend public un rapport sur les crimes racistes et les discriminations à l’encontre des Arabes américains depuis le 11 septembre 2001. L’organisation établit une liste des actes de violence, des prises de position de personnalités publiques et des mesures légales à caractère raciste anti-arabe aux États-Unis.

Depuis l’instauration du Patriot Act, en 2001, les associations de défense des libertés civiles se sont massivement mobilisées aux État-Unis pour dénoncer cette attaque sans précédent contre les libertés individuelles. Après Hawaii, c’est l’État fédéré d’Alaska qui s’oppose à son application.

Un an après l’adoption de la Charte européenne des droits fondamentaux par le sommet de Nice, la Commission de Bruxelles a commandé un rapport à un groupe d’experts indépendants sur son application effective. Article par article, État par État, ils dressent un bilan objectif de la situation.

The Heritage Foundation, « machine à idées » des néo-conservateurs aux États-Unis, publie un argumentaire « clé en main » à l’usage de l’administration Bush pour « limiter le rôle des Nations Unies dans l’après-guerre en Irak ». En ôtant à l’ONU toute prérogative politique, les bellicistes de Washington rêvent d’en faire une simple organisation humanitaire.

« Tout ceci n’est qu’un jeu ! » semble dire le département de la Défense états-unien en publiant 55 cartes à jouer qui représentent autant de personnalités du régime de Saddam Hussein. Tarek Aziz est le 8 de pique, le Président irakien, l’as de pique. Le général Brooks indique que le jeu a pour but d’aider les soldats à reconnaitre ces personnes qui sont à « poursuivre, assassiner ou capturer ». Alors que les États-Unis s’évertuent à dédramatiser leur meurtrière conquète de l’Irak, le département fédéral des Affaires étrangères suisse publie un Abécédaire du Droit international humanitaire où sont définis, notamment, « Crime de guerre » et « Cour pénale internationale ».

Alors que le Reporters Committee for Freedom of the Press publie une étude sur les atteintes à la liberté de la presse aux États-Unis depuis le 11 septembre, le Parlement australien souligne les conflits d’intérêts, en temps de guerre, entre une presse indépendante et des militaires soucieux de ne pas perdre la bataille de l’opinion publique.

Parmi cette sélection hebdomadaire de documents, un fax du bureau de la censure de l’État d’Israël adressé aux sites d’actualité israéliens fresh.co.il et rotter.net. Ce texte leur rappelle les règles à observer en matière de censure de l’information en cette période d’attaque états-unienne. Le contrôle des informations diffusées au public est un objectif stratégique. Il est interdit aux médias de rendre compte des opérations militaires de l’armée israélienne, de rapporter des discussions au sein du gouvernement ainsi que d’évoquer l’éventuelle collaboration de Tsahal avec des armées étrangères.

La Maison-Blanche publie trois suppléments à sa Stratégie nationale pour la sécurité de la patrie : le premier est consacré à la lutte contre le terrorisme, le second à la défense du cyberespace, et le troisième à celle des infrastructures. L’ensemble constitue un effort doctrinal sans précédent depuis la NSC-68 et ses annexes qui définirent le prétendu danger soviétique et posèrent les bases de la Guerre froide.

Partant du principe que la répétition systématique d’une idée finit par la rendre vraie, la Maison-Blanche publie « Apparatus of Lies : Saddam’s disinformation and propaganda, 1990-2003 » (« La machine à mensonges : La désinformation et la propagande de Saddam, 1990-2003 »).
Un document officiel qui prétend démonter un dispositif de propagande devrait se prévaloir d’une méthodologie et d’une rigueur exemplaire. Pourtant, dès la première page, deux questions se posent :
Pourquoi le document n’est-il ni signé, ni daté ?
L’origine du fascicule n’est mentionnée nulle part dans les 33 pages. L’emblème de la Maison-Blanche aurait-il jeté le doute sur une supposée impartialité du propos ? Faut-il comprendre de cette omission que le contenu du document est à ce point indiscutable qu’il est inutile de le resituer dans son contexte ?
Pourquoi le président irakien est-il, une fois de plus, désigné par son prénom ?
L’emploi, par les officiels états-uniens, du prénom de Saddam Hussein est devenu systématique. Tout est (...)
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