Déclarations

Mme LOUISE FRECHETTE, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a précisé que 259 millions de dollars supplémentaires étaient nécessaires au titre de l’assistance humanitaire à l’Irak pour 2003. L’Appel humanitaire lancé aujourd’hui vient en complément de l’Appel d’urgence lancé en mars dernier, au début du conflit en Irak. En mars dernier, nous prévoyions des conséquences très graves du conflit, a-t-elle dit, mais malgré des besoins humanitaires urgents, nous n’avons pas assisté à des déplacements massifs de population. Aujourd’hui, nous devons faire face aux besoins de remise en état des infrastructures pillées ou détruites au lendemain du conflit tout en assurant le rapatriement des réfugiés d’avant la guerre.

Près de 870 millions de dollars ont été mobilisés auprès des donateurs, a-t-elle précisé, en complément des 1,1 milliard de dollars provenant du Programme "pétrole contre nourriture". Près de deux milliards de dollars sont ainsi réunis pour financer les actions des agences humanitaires, a ajouté Mme Fréchette, soulignant que depuis le 30 mars dernier, le Programme alimentaire mondial avait pu acheminer 800 000 tonnes d’aide alimentaire. Par ailleurs, nous intervenons dans le domaine de l’approvisionnement en eau potable, de la réhabilitation des infrastructures d’approvisionnement en eau et de la relance du secteur de l’éducation, a-t-elle déclaré.

Des stratégies sectorielles ont été mises en œuvre par les Nations Unies en complément des actions entreprises par l’Autorité, a poursuivi Mme Fréchette. L’objectif de l’ONU est de restaurer les capacités des opérateurs Irakiens à prendre en charge progressivement leurs besoins de développement. La Vice-Secrétaire générale a également rappelé que le 21 novembre, on assisterait au transfert des responsabilités dans le cadre du Programme "pétrole contre nourriture" des Nations Unies vers l’Autorité, conformément à ce qui avait été décidé par le Conseil de sécurité. Le Représentant spécial du Secrétaire général, Sergio Vieira de Mello, est actuellement en train d’évaluer les domaines dans lesquels les Nations Unies peuvent mettre en oeuvre le mandat qui leur a été confié par le Conseil, a-t-elle ajouté, soulignant toutefois les progrès notables réalisés dans le domaine humanitaire.

M. KENZO OSHIMA, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, a fait valoir que près de 80% des besoins identifiés dans l’Appel d’urgence du 28 mars dernier ont été financés, par la réaffectation des fonds du Programme "pétrole contre nourriture" et des financements de donateurs. Grâce à ces fonds, nous avons pu couvrir les besoins alimentaires, a-t-il dit, avant de préciser que les besoins en services de santé et d’assainissement ne sont financés toutefois qu’à près de 30%. Par ailleurs, d’autres besoins en matière d’infrastructure n’avaient pas été évalués auparavant dans la mesure où ils résultent des pillages, a-t-il dit, souhaitant que des efforts soient déployés pour rétablir l’approvisionnement en eau potable. Nos efforts devront se concentrer aussi sur l’éducation et la lutte antimines dans les prochains mois, a dit M. Oshima, dans la mesure où en sensibilisant les enfants au niveau des écoles, il sera possible de contribuer à limiter l’impact des mines sur leurs vies.

Par ailleurs, a dit M. Oshima, nous nous investirons également dans le financement du retour de centaines de milliers de réfugiés et de déplacés d’avant la guerre, qui doivent pouvoir rentrer dans leurs villages dans la dignité. M. Oshima a indiqué que la collaboration avec les institutions de Bretton Woods et avec l’Autorité, qui sont excellentes à ce jour, constitue l’une des clefs du succès des actions menées pour répondre aux besoins humanitaires et de reconstruction de l’Irak. 158 millions de dollars n’ont pas encore été engagés sur les fonds promis lors de l’Appel d’urgence, a-t-il noté, souhaitant que les donateurs fassent preuve de générosité et de rapidité dans les décaissements.

M. RAMIRO LOPEZ DA SILVA, Coordonnateur humanitaire pour l’Irak, a rappelé qu’avant la guerre, plus de 60% de la population de ce pays dépendait de l’aide alimentaire dans le cadre du Programme "pétrole contre nourriture". Le vide de pouvoir et le désordre qui a suivi la fin de la guerre a donné lieu à des pillages à grande échelle et certaines régions ont des besoins particuliers, notamment dans le Nord. M. Da Silva a souligné que les infrastructures d’approvisionnement en eau et en électricité devaient être reconstruites, tout comme les logements. En outre, le Nord, qui n’a pas été touché par la guerre, est toutefois affecté par l’insécurité en raison de la présence dans la région de milices et d’éléments de l’armée qui doivent être démobilisés. Par ailleurs, M. Da Silva a indiqué que dans des régions comme Tikrit ou Fallujah, des actions de résistance armée, ajoutée au mécontentement de la population en raison des pillages, affectent les conditions de distribution de l’aide. L’augmentation du coût de la vie, le manque d’emploi et le manque d’eau et d’électricité constituent des sources d’instabilité sociale qu’il va falloir gérer a dit le Coordonnateur.

Saluant la contribution des forces de la coalition à la stabilisation de la situation, M. Da Silva a toutefois jugé prioritaire la mise en place d’une administration Irakienne dans le pays, rappelant que sous l’ancien régime, la centralisation excessive du pouvoir ne facilitait pas la transition d’aujourd’hui. Il a précisé que les Nations Unies avaient fait le choix de décentraliser leurs programmes d’assistance, avant de souligner que le Représentant spécial du Secrétaire général travaillait étroitement avec les représentants de l’Autorité. Le dialogue est maintenu constamment avec une quarantaine d’organisations non gouvernementales, a-t-il dit, admettant qu’il importait de soutenir les actions des ONG locales. Il a rappelé par ailleurs que, dans le cadre des responsabilités confiées à l’ONU en matière humanitaire par la résolution 1483, des mesures avaient déjà été prises, notamment pour mettre en place des programmes relatifs aux droits de l’homme et au respect de la parité entre les sexes dans le pays.

L’abandon progressif du Programme "pétrole contre nourriture" constituera un défi à relever pour les Nations Unies, a-t-il précisé, faisant observer que des évaluations des besoins avaient été lancées par les agences et les programmes et devraient être définis d’ici le mois de septembre. Les pouvoirs publics, les ONG et la société civile Irakiens doivent participer au dialogue et à la reconstruction de l’Irak, a-t-il dit.

Source : ONU