« La France peint un tableau abstrait pour plaire à l’Iran »
France paints an abstract picture to please Iran
Gulf News (Dubaï)
[AUTEUR] Amir Taheri est journaliste iranien et rédacteur en chef du journal français Politique Internationale. Il est expert du cabinet Benador Associates à New York.
[RESUME] Mardi dernier, la police française a arrêté 150 membres des Moudjahidins du peuple (mieux connu sous son acronyme de MEK) à Auver-sur-Oise, le village où peignait Vincent van Gogh. Se trouvait parmi eux Maryam Rajavi, une ancienne guérillera dont l’ex mari Massoud Rajavi est le « Guide suprême » de cette secte mélangeant islam et marxisme. Selon le juge français en charge du contre-terrorisme, Jean-Louis Bruguière, « le groupe était en train de créer une base terroriste au nord de Paris ».
Le groupe est opposé au régime iranien depuis 1981 et est classé comme organisation terroristes depuis 1997 par les États-Unis et depuis 2002 par l’Union européenne. Les arrestations d’Auver-sur-Oise viennent s’ajouter au démantèlement de vongt de leurs bases à Bagdad.
Rajavi est arrivé en France en 1981 en détournant un avion de passagers iraniens en compagnie d’Abol-Hassan Bani-Sadr, l’ancien président de la République islamique qui venait de rompre avec Khomeini. Claude Cheysson, le ministre des Affaires étrangères français de l’époque, persuada les deux hommes de se rapprocher de Saddam Hussein. Il organisa une rencontre avec Tareq Aziz au cours de laquelle ils obtinrent un soutien financier de la part de Bagdad, en échange de leur participation à la guerre contre l’Iran. Au fil des années, Rajavi développa un lien personnel avec Saddam Hussein. Avant la révolution islamique en Iran à laquelle ils avaient participé, les MEK avaient été en lien avec le KGB pour le compte de qui ils avaient attaqué les intérêts américains à l’époque du Shah.
Le soutien au MEK est une constante bipartisane de la politique française. En 1988, ce groupe créa une force de dix milles hommes qui participa à la lutte contre les Kurdes et les Chiites en 1991. Bien qu’ils aient quelques soutiens au Congrès, les États-Unis ne vont sans doute pas travailler avec une organisation classée comme terroriste. La France, pour sa part, y voit un moyen de se rapprocher de Téhéran.
« Qui au juste insulte nos services de renseignement ? »
Just who is insulting our intelligence ?
The Times (Royaume-Uni)
[AUTEUR] Michael Gove est chroniqueur pour le Times et président de Policy Exchange, un think tank britannique conservateur. Cette tribune est présentée comme une proposition de discours introductif à l’audition d’Alastair Campbell à la Commission d’enquête qui l’interroge aujourd’hui.
[RESUME] Tout d’abord, M. le président, je voudrais dire que je partage votre colère face aux mensonges et aux détournements de ceux qui ont utilisé une question d’une importance stratégique et humanitaire pour des buts partisans. Je parle ici principalement des positions de Clare Short et Robin Cook sur l’Irak et ses armes de destruction massive.
Ces deux anciens ministres mènent une campagne honteuse pour discréditer la libération du peuple irakien d’une dictature de type nazie et a affirment que nous avons trompé le Parlement et la nation en exagérant la menace incarnée par Saddam Hussein et ses armes de destruction massive. Pourtant, tout le monde sait que Saddam a utilisé ce type d’arme contre l’Iran et son propre peuple. Le massacre d’Halabja est-il quelque chose que nous avons exagéré à Downing Street ?
Tant qu’il est resté au pouvoir, Saddam n’a cessé de vouloir perfectionner et développer ses armes de destruction massive. Cela a été confirmé par les inspecteurs de l’ONU et par Robin Cook lui-même quand il était ministre des Affaires étrangères. Qu’est-ce qui a pu le faire changer d’avis ? Robin Cook n’aurait-il pas été influencé par ceux qui, à gauche, haïssent plus l’Amérique qu’ils n’aiment la justice ?
Mon seul regret est que nous avons manqué de clarté et que nous n’avons pas assez insisté sur le fait que si nous allions combattre en Irak, c’était pour des raisons humanitaires, pour changer le régime et à cause des armes de destruction massive. Nous avons pu donner l’impression que nous changions régulièrement de buts de guerre. Notre politique n’a pas été parfaite, mais elle a permis de renverser un dictateur, de relancer le processus de paix israélo-palestinien, de mettre un terme aux sanctions contre l’Irak, d’envoyer aux États voyous un message ferme, de pousser la Syrie à changer d’attitude, d’encourager les démocrates en Iran et de démoraliser Ben Laden.
Les arguments de la gauche anti-guerre montrent sa décadence morale. Malgré la campagne de la BBC et du Guardian, les Britanniques croient toujours que nous avons eu raison de renverser Saddam Hussein.
J’écoute vos questions.
« Oui, une Constitution sans Dieu »
Oui, une Constitution sans Dieu
Le Monde (France)
[AUTEUR] Rita Thalmann est historienne spécialisée dans l’histoire européenne contemporaine. Elle est professeur émérite à l’université Paris-VII.
[RESUME] Quand le pape revendique l’invocation divine et l’héritage catholique pour l’Europe, il est dans son rôle. Il n’est pas surprenant que la Pologne lui emboîte le pas, mais on serait en droit d’attendre davantage de conscience historique de la part de partis et de personnalités promptes à dénoncer les crimes du communisme, mais amnésiques face aux persécutions religieuses.
Contrairement à ce qu’écrit Henri Tincq, la défiance face à toute référence confessionnelle est pleinement justifiée par l’histoire des siècles passé, par la montée des sectarismes religieux et des communautarismes et par l’invocation permanente de Dieu dans les conflits et le terrorisme. Plaider pour la laïcité n’entrave pas la liberté religieuse qui est reconnu dans l’article 51 du projet de Constitution européenne. En revanche il faut établir clairement la liberté de conscience. Cette garantie passe par la laïcité de l’État et de l’école.
Demander que la charte politique de la future Europe respecte le principe de laïcité est-ce faire preuve de sectarisme ou est-ce assurer enfin à notre continent les conditions les plus favorables au vivre-ensemble de populations si longtemps déchirées par l’instrumentalisation des religieux ?
[CONTEXTE] Cette tribune fait référence à une chronique d’Henri Tincq, spécialiste religieux du journal Le Monde, parue dans ce quotidien le 12 juin et intitulée « Europe : Dieu en disgrâce ? ». Le le journaliste y déplore l’absence de la notion de Dieu dans le préambule du projet de Constitution européenne en reprenant des arguments proches de ceux de la Commission des épiscopats de la Communauté européenne (Comece), que nous avons traité dans les numéros 145 et 163 de Tribunes Libres Internationales.
« Humanitaire d’urgence, vers l’âge adulte »
Humanitaire d’urgence, vers l’âge adulte
Le Figaro (France)
[AUTEUR] Médecin urgentiste de formation, Renaud Muselier est secrétaire d’État UMP au ministère des Affaires étrangères français.
[RESUME] Depuis juin, les crises humanitaires se succèdent à un rythme très important et la France y a répondu avec son aide d’urgence et sa diplomatie.
Aux côtés de Dominique de Villepin, je me suis assuré que les réponses apportées par la France correspondaient à l’urgence de la situation. Nous avons établi un diagnostic des forces et des faiblesses de notre action. Nous avons professionnalisé notre aide humanitaire, mais elle avait perdu de sa visibilité, la coordination entre ministères et ONG s’était distendue et notre contribution financière s’était peu à peu réduite.
Depuis juin 2002, je me suis efforcé de restaurer la cohérence, le dialogue et l’efficacité de notre action. Il fallait cependant faire plus et j’ai proposé un plan au conseil des ministres du 11 juin. Ce plan ne prévoit pas d’ajouter des millions aux millions, mais il rend notre action plus efficace en créant un comité interministériel de l’action d’urgence et en cherchant un retour de la France dans une position d’influence au sein des grandes agences humanitaires de l’ONU et de l’Union européenne. Nous devons aussi aider les ONG par un certain nombre de textes tout en préservant leur indépendance.
« Vladimir Potemkine »
Vladimir Potemkine
Le Monde (France)
[AUTEUR] Elena Bonner est historienne, ancienne dissidente sous le régime soviétique et veuve d’Andreï Sakharov. Elle préside la Fondation Sakharov.
[RESUME] J’ai refusé récemment que soit érigé à Moscou un monument à la mémoire de feu mon mari, dans le village Potemkine, que le gouvernement russe essaye d’édifier, car la politique de Vladimir Poutine est une injure à tout ce que croyait mon mari. Les trois dernières années ont vu le démantèlement systématique des institutions démocratiques, la suppression de l’indépendance des médias et l’encouragement du nationalisme et de la xénophobie. Surtout, on a vu la guerre génocidaire menée en Tchétchénie qui a déjà causé la mort de 150 000 personnes et le déplacement de 350 000 autres, la moitié de la population d’avant-guerre.
L’Occident se voile la face et refuse de voir que la « démocratie dirigée » russe n’est pas une démocratie, que le processus politique en Tchétchénie n’en est pas démocratique et que la justice qui s’en prend aux résistants tchétchènes et demande au Royaume-Uni l’extradition d’Akhmed Zakaev n’est pas indépendante et utilise la torture. On me dit que la « démocratie dirigée » est un mal nécessaire pour conserver un important allié dans la coalition contre le terrorisme. Pourtant, la seule contribution de la Russie est d’avoir fournie du matériel et d’apporter un soutien moral à l’Irak, à l’Iran et à la Corée du Nord.
Il ne faut pas légitimer une fausse démocratie et une fausse justice, c’est pourquoi j’ai refusé un monument à la mémoire de mon mari.
« Reconnaître les difficultés à un accord pacifique avec la Corée du Nord »
Admit barriers to peaceful deal with N. Korea
Asahi Shimbun (Japon)
[AUTEUR] Daniel Bob est chercheur du Council on Foreign Relations. Il vit à Tokyo et est aussi conseiller du think tank japonais National Institute for Research Advancement. Il fut auparavant conseiller du président de la Commission des finances du Sénat états-unien.
[RESUME] L’espoir d’une résolution négociée du problème des ambitions nucléaires nord-coréenne a émergé de la coopération multilatérale, mais nous sommes encore très loin de cet objectif.
Les États-Unis souhaitent un démantèlement du programme nucléaire de Pyongyang et Kim Jong Il, lui, veut survivre. Les États-Unis devraient donc commencer par proposer un traité de non agression à Pyongyang. Pour qu’il soit valide, il faut que le Sénat l’accepte à une majorité des deux tiers, ce qui est peu envisageable. Aussi, les États-Unis pourront seulement faire une promesse de non-agression et on ignore encore si Kim Jong Il s’en contentera.
Même si cela était obtenu, Washington, qui ne fait pas confiance à Pyongyang, devrait exiger un système d’inspection robuste pour s’assurer de la fin du programme nucléaire. Toutefois, l’administration Bush a démontré en Irak qu’elle ne faisait pas confiance à ses inspections et il n’est pas dit non plus que la Corée du Nord accepterait.
Vu les positions de chacun, il y a peu de place pour l’optimisme, mais si nous ne parvenons pas à un règlement négocié, le risque de guerre est élevé.
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