Le Président Edouard Balladur a remercié M. Gérard Chaliand d’avoir accepté l’invitation de la Commission des Affaires étrangères, particulièrement intéressée par l’analyse qu’il fait de la situation en Irak.
Alors que les forces américaines britanniques ont pénétré en Irak depuis une dizaine de jours, espérant l’effondrement rapide d’un régime dictatorial que l’on disait très affaibli et détesté par la très grande majorité des Irakiens, il a observé que les opérations ne se déroulaient pas pour l’instant comme prévu. Différents faits viennent contredire les prévisions des forces de la coalition et celles d’observateurs de la région, car l’armée irakienne résiste plus que prévu, les populations ne se soulèvent pas contre le régime, pas plus que les Américains ne sont accueillis en libérateurs. Les mouvements de population faisant craindre un afflux de réfugiés dans les pays voisins ne se sont pas produits à ce jour. L’attitude de la Turquie qui n’a pas laissé passer les Américains par son territoire, mais qui, reste semble- t-il tentée par une intervention au Kurdistan irakien, représente toujours un facteur d’incertitude.
Le Président s’est interrogé sur la base sociale ethnique, psychologique et morale qui soutient le régime de Saddam Hussein. Est-elle réellement si étroite, et réduite à quelques clans ou tribus présentés comme des éléments du passé ? Quel est le sens du lien entre Saddam Hussein et les tribus ? Celles-ci fondent-elles encore la société irakienne ?
Il a souhaité connaître l’influence réelle du fait religieux comme facteur fédérateur et de cohésion pour résister à l’intervention étrangère. Quelle est l’étendue de la réislamisation ? Peut-on parler d’une confrontation de nature religieuse entre l’Occident et le monde musulman ? Il s’est enquis de l’état de l’opposition irakienne, en demandant si une ou plusieurs personnalités émergeaient, et des soutiens apportés à l’Irak par certains des pays voisins, notamment l’Iran.
Il a demandé quel était le risque d’utilisation par Saddam Hussein d’armes chimiques ou de destruction massive. Psychologiquement, le régime est-il prêt à le faire ? Il s’est enfin interrogé sur les conséquences de ce conflit sur les mouvements terroristes internationaux et notamment sur les liens entre le régime irakien et Al Qaida.
M. Gérard Chaliand a évoqué la situation générale de l’Irak. Le régime de Saddam Hussein prend appui sur les Arabes sunnites qui représentent entre 17 et 22% de la population environ, et qui détiennent le pouvoir depuis la création de l’Irak. A l’époque de la domination de l’empire ottoman, ces derniers étaient déjà placés dans les postes élevés de l’administration de la Porte. De ce fait, les 55 % à 60% de Chiites ont été écartés du pouvoir, même si, ponctuellement, des ministres qui appartenaient à des minorités étaient nommés.
Il a rappelé que pendant l’empire ottoman, l’Irak était composé de trois Provinces, celle de Bassora au sud, qui était chiite, celle de Bagdad, qui était sunnite, la ville elle-même étant mixte, composée à la fois de Chiites et de Sunnites, et celle de Mossoul au nord, peuplée de Kurdes. Cette dernière avait été rattachée à l’Irak en 1920 par la Grande-Bretagne en raison du pétrole. Jusqu’en 1925, le sort de cette province n’a pas été définitivement réglé. Entre 1923 et 1925, la Turquie kémaliste l’a réclamée. Ce n’est qu’en 1925 que la Société des Nations a statué en faveur du rattachement de la province de Mossoul à l’Irak, ce qui n’a pas été oublié par la Turquie, qui considère depuis 1924 qu’elle n’est peuplée que de Turcs, les Kurdes de sa population étant longtemps considérés comme des Turcs montagnards.
M. Gérard Chaliand a précisé que ce n’est qu’en février 1991, c’est-à-dire pendant la guerre du Golfe, que le gouvernement turc a annoncé pour la première fois qu’il y avait 12 millions de Kurdes en Turquie, soit 20% de la population, affirmant ainsi qu’en cas d’éclatement de l’Irak, les Turcs souhaitaient le rattachement de la province de Mossoul.
Selon lui, le régime de Saddam Hussein a tenu après la guerre du Golfe pour des raisons politiques ; l’Iran de l’ayatollah Khomeyni restait menaçant et l’Arabie saoudite, qui était alors un excellent allié, s’inquiétait de la perspective d’une déstabilisation régionale pouvant profiter à l’Iran. Elle préférait un Saddam Hussein affaibli à un pays où les Chiites pèseraient trop lourdement.
Au lendemain du 11 septembre 2001, la situation a changé : l’Iran est sur la défensive, l’Arabie Saoudite est devenue un allié ambigu. Il a estimé que pour les Etats-Unis, le projet d’en finir avec le régime de Saddam Hussein était ancien et dû à la volonté des néo-conservateurs. Selon lui, les faucons du Pentagone, actuellement dans l’équipe Bush, y ont pensé pendant la décennie 1990, période de prospérité et de croissance peu propice à leurs options, d’autant que la priorité de politique étrangère à l’époque était la résolution du conflit israélo-palestinien.
Il a fait observer que lors de son arrivée au pouvoir, la nouvelle administration républicaine était plutôt isolationniste. Ce n’est que le lendemain de l’attaque du 11 septembre 2001 que l’Irak a été désigné par M. Paul Wolfowitz comme l’adversaire à abattre, alors même que la responsabilité de ce pays dans les attentats n’était pas avérée.
M. Gérard Chaliand a estimé que les Etats-Unis avaient tout fait pour que cette guerre ait lieu, sans chercher à désarmer l’Irak. D’emblée, il a été question de changer le régime politique irakien avec le dessein de transformer la région au profit des Etats-Unis et de son allié le plus fidèle, Israël, pour tirer le plus de bénéfice possible de l’unipolarité. Cette crise a fait prendre conscience aux Européens que le monde avait changé depuis dix ans, sans qu’ils aient été capables d’en mesurer les conséquences.
Il a insisté sur le fait que le régime de Saddam Hussein était un régime des plus terrorisants, le pire de la région, fondé sur la minorité sunnite et le clan des takritis dont Saddam Hussein est issu, articulé sur la garde spéciale, la garde républicaine, les services spéciaux et des gens ayant tous trempé dans les mêmes aventures, les mêmes répressions. Ces affidés du régime ont été répartis intelligemment dans les principales villes clés d’Irak : Bassora, Nadja, Nassiriyah, Bagdad. A partir de ce choix, la stratégie américaine connaît des difficultés. En outre, Saddam Hussein s’est servi des tribus, en s’assurant de l’allégeance de leur représentant et des notables. Il a utilisé la foi religieuse, le rapport à la Palestine, et l’arabisme.
M. Gérard Chaliand a fait valoir que les oppositions extérieures à Saddam Hussein étaient faibles : produit de répressions multiples, elles sont coupées du pays et sans lien avec la base. Ainsi il y a deux oppositions chiites, l’une à Londres représentée par M. Chalabi, l’autre à Téhéran, qui est islamiste. Les Etats-Unis ont interdit l’accès de leurs forces armées en Irak, ne souhaitant pas une intervention venue d’Iran au Sud. On ne connaît pas bien les oppositions sunnites. Quant aux deux mouvements kurdes qui furent longtemps antagonistes, celui de M. Barzani au nord et de M. Talabani au sud, ils ont enfin compris qu’ensemble, ils pouvaient profiter de la situation mais que, désunis, ils n’obtiendraient rien.
Il a estimé difficile de mesurer actuellement le degré de patriotisme de la population. Les Kurdes sont les seuls à exprimer librement leur point de vue. Pour eux, l’arrivée des Américains représente la chance de se défaire d’une tyrannie qu’ils subissent depuis plus de trente ans. En ce qui concerne les Chiites, on saura ce qu’ils pensent réellement quand ils pourront s’exprimer sans la présence des éléments de Saddam Hussein dont ils ont peur. Cette population observe une position de neutralité et d’attentisme. Trois décennies de répression contre les Chiites et l’écrasement de leur révolte de 1991, malgré leur victoire dans 14 provinces, montrent qu’ils ne soutiennent pas Saddam Hussein.
Evoquant la situation militaire, M. Gérard Chaliand a indiqué que les Etats-Unis avaient opté pour la formule imaginée par le Pentagone, fondée sur le scénario d’une victoire rapide, ce qui ne veut pas dire « guerre-éclair ». En effet, l’hypothèse de départ était une guerre de six à huit semaines, nous sommes encore dans ce calendrier, ce qui signifie que les commentaires des médias sur le prétendu enlisement sont absurdes.
La surprise réside dans le choix par l’Irak de la stratégie la plus adaptée à sa situation, qui est de ce fait celle qui contrarie le plus les objectifs des Américains souhaitant une guerre courte, faisant peu de victimes civiles et peu de pertes du côté des soldats de la coalition. Saddam, au contraire, veut gagner du temps et faire durer les hostilités - il ne se soucie guère d’épargner la vie des populations qu’il opprime.
Les difficultés temporaires rencontrées par les troupes américano-britanniques sont liées au retard, occasionné par la défection de la Turquie, qui a repoussé au 10 avril l’arrivée de la 4ème division d’infanterie mécanisée, fleuron de l’armée américaine. D’ici cette date, on peut donc s’attendre à une intensification des bombardements aériens, et à des efforts pour sécuriser les lignes de ravitaillement, notamment en accentuant les efforts pour le contrôle des villes du Sud : la prise de Bassora est un enjeu majeur, car elle permettrait un basculement de la population, utile sur le plan politique comme psychologique. Il faut d’ailleurs remarquer que cette tâche difficile a été confiée aux troupes britanniques, qui ont l’expérience de la guérilla urbaine en Irlande du Nord et qui craignent moins le combat rapproché que les forces américaines. Il en résulte une proportion de morts plus élevée chez les Britanniques que chez les Américains, liée au fait qu’ils prennent davantage de risques.
M. Gérard Chaliand a considéré qu’au-delà de la date du 15 mai, il était peu probable que la guerre continue. Si cela devait être le cas, cela poserait des difficultés sérieuses aux Etats-Unis. Entre temps, il sera difficile de poursuivre une stratégie de combat qui limite au maximum les pertes civiles du côté irakien.
M. Gérard Chaliand a estimé que cette guerre allait, comme une onde de choc, entraîner des effets considérables et complexes.
En ce qui concerne l’image des Etats-Unis, il est possible que les Américains soient bien accueillis par la population irakienne lorsqu’ils auront mis fin définitivement au régime de Saddam Hussein. Mais, dans la région, les Américains sont perçus comme des agresseurs, notamment en raison de leur politique de laisser faire vis-à-vis d’Ariel Sharon qui poursuit la colonisation. Ainsi, pour une partie importante des opinions publiques musulmanes, le sentiment de soutien à Saddam Hussein va croître, car il est considéré comme le symbole de la résistance à la puissance américaine. Dans ces conditions, le terrorisme islamiste peut être alimenté, même s’il ne faut pas exagérer ce risque : l’apocalypse annoncée après le 11 septembre n’a pas eu lieu, Al Qaida n’étant par exemple pas parvenue à perpétrer un seul nouvel attentat aux Etats-Unis et en Europe.
Les lendemains de la guerre dépendront de la durée de celle-ci, du nombre de morts, du type d’administration choisi. En effet, une occupation militaire, nécessaire dans un premier temps, serait très mal perçue s’il n’y a pas rapidement un relais civil, légitimé internationalement par l’ONU. Tony Blair est bien davantage conscient de cet impératif que les idéologues du Pentagone.
De plus, le coût financier global de l’opération et sa réussite dans la durée une fois la guerre achevée, l’action dans la durée n’étant pas le fort des Américains, seront des éléments à prendre en compte, notamment à l’approche de l’élection présidentielle aux Etats-Unis.
M. Gérard Chaliand a enfin estimé que cette opération n’était motivée ni par le pétrole, ni par la démocratie : il est vain de croire à une « théorie des dominos » vertueuse car une démocratisation coercitive s’opposerait aux nationalismes locaux.
M. Roland Blum a souhaité savoir comment les Etats-Unis allaient gérer l’après-guerre. La création d’un Etat kurde, qui avait été prévue par le Traité de Sèvres, est-elle envisageable ? L’engagement des Kurdes au côté des forces de la coalition peut-il servir de monnaie d’échange en faveur de la création d’un Kurdistan ? Quelles sont les réactions des autorités turques sur cette question ? Le rapport de Human Rights Watch faisant état de 3 000 à 7 000 victimes kurdes de la répression menée par Saddam Hussein est-il exact ?
M. Gérard Chaliand a rejeté catégoriquement la perspective de la proclamation d’un état kurde ; cette hypothèse émane uniquement de la propagande turque, conçue pour justifier l’éventuelle immixtion de la Turquie en Irak. La Turquie se trouve dans une situation délicate actuellement, ayant refusé les six milliards de dollars d’aide directe américaine pour garder une liberté d’action au profit de l’armée. La Turquie se trouve dans un certain isolement, la situation n’ayant pas évolué à Chypre et l’Union européenne n’ayant pas accepté l’ouverture de négociations d’adhésion.
M. Jacques Myard a estimé que si la guerre allait être facilement gagnée par les Américains, ces derniers allaient être confrontés à une situation délicate à la fin du conflit. Combien de temps sera nécessaire pour gagner la paix, alors même que l’opposition irakienne est coupée du pays et que celui-ci est traversé par des forces centrifuges ?
M. Jean-Jacques Guillet a demandé si les Américains ne seraient pas tentés, une fois installés en Irak, d’intervenir en Syrie, d’autant que celle-ci est susceptible de détenir des armes de destruction massive, qu’elle fait figure de dernier leader du monde arabe et que sa présence militaire au Liban constitue une gêne. Si un effectif de 450 à 500 000 hommes est nécessaire pour occuper l’Irak, ce chiffre rappelle celui des forces présentes au Vietnam au plus fort de la guerre. Un tel effectif nuira aux relations avec la population et à la crédibilité du régime civil qui sera mis en place. Quelles conséquences sur les Etats-Unis et sur la doctrine américaine l’issue du conflit est-elle susceptible d’avoir ?
Le Président Edouard Balladur a demandé ce qu’il fallait penser de la position turque selon laquelle la prise de Kirkouk par les Kurdes serait un élément déclencheur de leur intervention.
M. Gérard Chaliand a considéré que cette assertion de la Turquie était fausse, car les villes de Kirkouk et Mossoul seront contrôlées par les Américains qui voudront y jouer le rôle d’arbitre entre les Arabes et les Kurdes.
La ville de Kirkouk a connu, ces trois dernières années, une politique d’arabisation forcée, subissant notamment des déplacements de populations. La meilleure solution, aux yeux des Américains, sera certainement d’occuper la ville eux-mêmes.
L’organisation Human Rights Watch a réalisé un bon travail en Irak ; leur analyse indiquant qu’il y a eu 3 500 à 5 000 victimes à Halabja n’a jamais été contestée, de même que l’utilisation des gaz par Saddam Hussein, comme il l’avait fait de façon plus intense pendant la guerre contre l’Iran ; on se rappelle d’ailleurs que des blessés iraniens avaient été soignés dans les hôpitaux français.
M. Gérard Chaliand a ajouté que la guerre était un exercice au contraire difficile et plein de surprises ; il a admis cependant qu’il était plus facile de gagner la guerre que la paix. L’importance des troupes d’occupation est difficile à estimer. Une présence militaire significative s’imposera dans la période de stabilisation après la guerre. Ensuite, il y a deux possibilités : soit les Etats-Unis choisissent une politique unilatérale, en instaurant une sorte de proconsulat, soit ils choisissent la légitimation de la reconstruction, en admettant l’intervention des Nations unies. Le temps est compté pour mettre en place une structure viable : il faudrait parvenir à ce résultat en 18 mois.
La résistance manifestée par l’Irak sauve l’Iran et la Syrie de l’éventualité d’une autre intervention qu’auraient pu imaginer les faucons du Pentagone. En outre, le coût de cette guerre sera plus élevé qu’en 1991, où d’autres pays avaient soutenu financièrement l’effort militaire. Si les Etats-Unis agissent de façon unilatérale sur le plan politique, ils ne pourront pas en faire de même sur le plan financier. L’adversaire principal de l’administration Bush apparaît davantage être l’Iran que la Syrie ; cependant, la confrontation sera indirecte. Le parti démocrate américain, qui ne peut se manifester pendant la guerre, va s’exprimer ensuite de plus en plus fortement et capitaliser les erreurs de son adversaire politique.
Le Président Edouard Balladur a souhaité savoir s’il y avait une équipe gouvernementale crédible susceptible de remplacer les dirigeants irakiens actuels.
M. Gérard Chaliand a considéré qu’il n’y avait pas de personnalité marquante au sein de l’opposition et qu’il fallait trouver une équipe de compromis composée de Chiites, de Sunnites et de Kurdes. La plus mauvaise solution serait de remplacer Saddam Hussein par un général sunnite. A terme, les Etats-Unis s’opposeront aux Chiites : ils ne veulent pas que l’Ayatollah Al Hakim, qui est en Iran, étende son influence, pas plus qu’ils ne veulent diminuer celle des Sunnites qui constituent la majorité du monde arabe. A cet égard les Kurdes constituent un élément d’équilibre incontournable.
Le Président Edouard Balladur a demandé quelles répercussions le conflit pouvait avoir sur les populations des pays voisins.
M. Gérard Chaliand a fait observer que la réaction des populations des pays voisins de l’Irak était moins vive que celle des pays musulmans les plus lointains, comme l’Indonésie et le Pakistan. Il est vrai qu’en Jordanie, qui comporte 70 % de Palestiniens, les troupes américaines sont massivement présentes, afin d’éviter les débordements et de soutenir la dynastie hachémite. La Syrie organise elle-même les manifestations de protestation, qui sont tenues dans des limites parfaitement officielles. En Egypte, le régime n’est pas populaire, mais il gère le mécontentement en en prenant la tête et en s’appuyant sur les troupes et sur les services spéciaux, qui demeurent fiables. L’Iran tient la situation bien en main ; malgré ses divisions politiques, le pays se retrouve sur l’essentiel. L’Arabie Saoudite navigue de façon serrée, car elle sait qu’elle est sur la sellette. Elle offrira sans doute de l’argent pour la reconstruction de l’Irak, afin de se dédouaner vis-à-vis des Etats-Unis. L’onde de choc est donc profonde sur les esprits, mais il n’est pas dit qu’elle aura des conséquences déstabilisatrices, car la protestation émotive ne débouche pas nécessairement sur une contestation organisée et sérieuse. La guerre menée contre les Talibans, en 2001, a eu peu de répercussions, hormis en Afghanistan et au Pakistan.
M. Jacques Myard a souhaité revenir sur l’après-guerre en demandant comment une administration étrangère allait pouvoir tenir l’Irak.
Le Président Edouard Balladur a demandé quels seront les moyens dont disposera l’autorité irakienne pour maintenir l’ordre. Est-il envisageable qu’il y ait à l’issue du conflit une force militaire irakienne émancipée de Saddam Hussein ? Ou l’ordre devra-t-il être maintenu par l’armée américaine elle-même ?
M. Gérard Chaliand a souligné que, du point de vue américain, il est impératif que la phase de transition soit brève et que le relais puisse être passé à une équipe locale assez rapidement après la phase de gouvernement militaire. Si celle-ci s’éternisait, les Américains seraient considérés comme une force d’occupation étrangère et non comme des libérateurs.
Il a précisé que la position de Tony Blair consistait à demander aux Américains de décharger leur responsabilité sur les Nations unies.
En conclusion, le Président Edouard Balladur a remercié M. Gérard Chaliand pour son exposé très éclairant et il a indiqué qu’il retenait de son intervention que la fin des opérations militaires devrait intervenir au plus tard le 15 mai, ce qui laissait aux forces américaines et britanniques un mois, compte tenu des déploiements en cours, pour prendre d’assaut les villes.
Source : Assemblée nationale (France)
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