Irak : comment retrouver l’unité de la communauté internationale ?
Une guerre est actuellement en cours en Irak. Cette guerre n’était pas inéluctable. Une grande majorité de la communauté internationale et du Conseil de sécurité était d’avis que l’on pouvait désarmer efficacement l’Irak par la voie pacifique des inspections. La France n’a pas ménagé ses efforts pour démontrer que cette voie était à la fois juste, réaliste et efficace. Un autre choix en faveur de l’usage de la force a cependant été fait. Chacun en connaît les raisons et les risques dont il est porteur. Mais ceci est le passé et il nous faut désormais regarder vers l’avenir. La France souhaite que ce conflit connaisse l’issue la plus rapide possible et que les populations civiles soient épargnées. Dès la fin des hostilités, il nous faudra ensemble construire la paix.
Aujourd’hui, notre préoccupation immédiate, celle de la France, du Japon et de l’ensemble de la communauté internationale, est de répondre aux besoins humanitaires des populations affectées par le conflit. C’est en faveur de cet objectif que nous devons tous nous mobiliser et surmonter les incompréhensions et les griefs du passé. La récente adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies, à l’unanimité, d’une résolution permettant la reprise du programme "pétrole contre nourriture" est un signal fort. Elle montre que l’unité du Conseil peut être restaurée autour d’une même volonté, celle de soulager dans l’urgence la situation humanitaire des populations irakiennes. Je tiens à saluer l’engagement en ce sens du gouvernement japonais qui a d’ores et déjà décidé plusieurs mesures concrètes pour aider les réfugiés et les personnes déplacées, ainsi qu’une assistance financière aux pays de la région. En réponse aux appels du CICR et des organisations du système des Nations unies, la France va à titre national apporter une première contribution, à hauteur de 10 millions d’euros, à l’aide humanitaire d’urgence.
Demain, il faudra organiser l’après-guerre en Irak et retrouver l’unité de la communauté internationale. La seule manière de retrouver cette unité sera de confier aux Nations unies un rôle central :
– c’est une question d’efficacité. La reconstruction politique, économique mais aussi sociale et morale de l’Irak est une tâche immense, qui ne peut être assumée par un seul pays. L’expérience acquise par les Nations unies en matière d’action humanitaire, de reconstruction et de retour à une vie démocratique dans un pays dévasté par la guerre, en fait un acteur indispensable pour la période qui s’annonce.
– c’est une question de légitimité. Chacun sait bien que l’administration future de l’Irak suppose à la fois le soutien du peuple irakien et celui de la communauté internationale toute entière, condition pour lui conférer la légitimité nécessaire. Cette légitimité ne peut exister hors des Nations Unies.
Comme le montre l’expérience des Balkans ou de l’Afghanistan, seules les Nations unies ont à la fois les moyens et la légitimité pour créer les conditions qui permettront à tous les Irakiens de vivre dans la liberté, la dignité et la prospérité, sous l’autorité d’un gouvernement représentatif. Un cadre collectif, au centre duquel doivent se trouver les Nations unies, est également essentiel pour assurer le respect de la souveraineté, de l’unité et de l’intégrité territoriale de l’Irak et définir les bases d’une paix durable et d’un nouvel avenir pour l’ensemble de la région. Cette approche a été réaffirmée avec force par le dernier Conseil européen.
Si nous le voulons, nous pouvons demain retrouver l’unité de la communauté internationale au sein des Nations unies. Nous voulons œuvrer en ce sens avec tous nos partenaires, et plus particulièrement avec le Japon dont la France soutient depuis de longues années déjà l’aspiration à être membre du Conseil de sécurité des Nations unies. Nous devons également contribuer au dialogue des cultures avec le monde arabe et musulman. Face aux tensions et aux fractures qui représentent autant de menaces susceptibles de renforcer l’instabilité du monde, notre détermination doit être entière pour éviter d’approfondir ces divisions dont se nourrissent toutes les formes de violence et de terrorisme. Il faut donc favoriser tout ce qui peut contribuer au dialogue, au respect de l’autre et redonner un sentiment de justice aux peuples du Moyen-Orient. Qui ne voit qu’en la matière la relance du processus de paix au Proche-Orient représente la question probablement la plus sensible et la plus urgente si nous voulons convaincre de notre volonté de paix et de tolérance ?
Les nouvelles crises auxquelles nous avons à faire face sont complexes. C’est par l’action collective que nous pourrons répondre aux défis auxquels nos Etats et nos sociétés sont aujourd’hui confrontés. Le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive, le crime organisé ne pourront être éradiqués que par une action résolue de la communauté internationale unie autour des mêmes objectifs.
Alors que l’ordre international est ébranlé par la crise irakienne, il nous faut plus que jamais réaffirmer les valeurs et les principes qui sont les nôtres et privilégier ce cadre incontournable que sont les Nations unies. Ce qui est vrai pour l’Irak l’est également pour d’autres crises comme la Corée du Nord dont les enjeux dépassent largement le cadre régional et concernent l’ensemble de la communauté internationale. La France, comme le président de la République l’a dit à plusieurs reprises au Premier ministre Koizumi, se tient aux côtés du Japon pour trouver une issue pacifique à la crise ouverte par Pyongyang.
La France et le Japon partagent le même souhait de voir les Nations unies exercer pleinement leurs responsabilités dans la gestion d’une crise aux conséquences graves pour la stabilité du Moyen-Orient. Nous devons œuvrer ensemble pour réaliser cet objectif. C’est notre devoir comme membre responsable de la communauté internationale, avec la volonté de faire prévaloir le droit et la morale dans ces moments graves pour l’avenir de notre monde./.
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