Plusieurs parties se jouent simultanément sur l’échiquier proche-oriental. Washington a lancé son offensive diplomatique contre l’Iran, la Syrie et le Hezbollah libanais. Tel Aviv, qui s’est proposé de jouer les supplétifs de l’armée états-unienne dans la région, en a profité pour tester une possible élimination d’Arafat. Cette initiative imprévue a non seulement placé l’administration Bush dans l’embarras, mais a ruiné le stratagème de la feuille de route dont l’objectif était de provoquer une guerre civile parmi les Palestiniens. Instantanément le peuple palestinien a oublié la démission de Mahmoud Abbas et refait son unité autour du président Arafat.
Mais les États-Unis ne sont pas dépourvus de moyens d’action sur l’État hébreu. Ils pourraient notamment menacer Israël de réduire leurs subventions, alors même que le pays doit faire face à une terrible crise économique directement provoquée par la politique d’apartheid. Quoi qu’il en soit, placés devant un dilemme qu’ils n’avaient pas prévu, les États-Unis restent hésitants sur leur propre ligne politique. Leurs atermoiements au Conseil de sécurité, où ils ont refusé la première mouture du projet de résolution rédigé par la Syrie interdisant à Israël de déporter et de menacer Arafat, sont déjà une victoire pour le gouvernement Sharon.
De son côté, l’Iran a accepté de coopérer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique de manière à montrer sa bonne foi et à délégitimer une frappe aérienne contre l’une de ses centrales nucléaires. Mais Téhéran ne saurait se contenter d’une attitude défensive et pourrait reprendre la main en Irak.