Le Jerusalem Post, quotidien israélien dirigé par le conseiller du Pentagone Richard Perle, rend compte des raisons officiellement invoquées par l’état-major israélien pour justifier du choix de la cible. Selon le journal, le site visé est ainsi un camp d’entraînement pour terroristes, utilisé par le Jihad islamique et le Hamas, et financé par l’Iran. Il se situait à Ein Tzahab, à 22 kilomètres de Damas
La décision aurait, selon le quotidien, été approuvée « au plus haut niveau, à la suite de consultations menées pendant la nuit par les responsables de la Défense » israéliens. Le porte-parole du gouvernement israélien, Avi Pazner, a expliqué que « la Syrie a été avertie plus d’une fois par les Nations unies qui lui ont demandé de fermer toutes les installations du Jihad Islamique. Apparemment, elle ne l’a pas fait. Et notre politique, après ce qui s’est passé hier, c’est de combattre le Jihad islamique où qu’il se trouve ».
D’après des sources militaires israéliennes complaisamment citées par le Jerusalem Post, les recrues du camp y apprenaient notamment « comment assembler des bombes, mener des opérations de guérilla, se servir d’artillerie et même des cours de pilotage ». Ils auraient ensuite été renvoyés en Palestine pour y fomenter des attentats, ou en Syrie et au Liban pour grossir les rangs des organisations terroristes.
Le communiqué publié par l’armée israélienne accuse explicitement la Syrie de servir de base protégée pour les organisations terroristes : « La Syrie est un État qui soutient le terrorisme, qui tente constamment de faire échouer les tentatives pour apporter le calme et la stabilité dans la région, et qui offre la protection, sur son territoire et dans sa capitale, aux organisations terroristes qui frappent les citoyens israéliens ». On peut également y lire que « l’Iran finance et dirige ces organisations ».
Sur le plan de la légalité internationale, l’armée israélienne se réfère à la nouvelle doctrine états-unienne de « guerre préventive » déjà invoquée par l’administration Bush au moment de l’invasion de l’Irak, en mars 2003. Selon Tsahal, Israël « agira avec détermination contre tous ceux qui attaquent ses citoyens, en accord avec le droit à l’auto-défense et à la défense de l’État ».
Pour preuve de la complicité syrienne avec les organisations terroristes, le Jerusalem Post évoque le cas de Ramadan Abdallah Shalah, l’un des leaders du Jihad islamique, qui continuerait à bénéficier d’une immunité complète à Damas. Il cite ensuite des sources issues des services de sécurité israéliens, qui affirment que les leaders du Hamas en Syrie sont derrière le financement et le recrutement des Palestiniens qui suivent un entraînement dans les camps du Hezbollah, où ils apprennent les modalités de l’action terroriste, notamment en matière d’explosifs, d’enlèvements et d’espionnage.
Le gouvernement syrien n’a fait pour l’instant aucune déclaration relative au bombardement. S’exprimant sur la chaîne de télévision qatarie al-Jazeera, Abu Emad El-Refaei, l’un des porte-paroles du Jihad à Beyrouth, a démenti que des bases de l’organisation soient abritées en Syrie. Selon lui, « toutes les bases se trouvent au sein des territoires occupés palestiniens. »

Source
Jerusalem Post (Israël)

« IAF warplanes strike deep in Syria », par Arieh O’Sullivan, Jerusalem Post, 5 octobre 2003.