Pour gagner la guerre contre la terreur

Cette semaine, le Sénat continuera d’examiner la demande d’allocation
de fonds supplémentaires d’urgence pour lutter contre le terrorisme,
concernant notamment l’octroi des fonds nécessaires et vitaux pour les
opérations militaires et les efforts de reconstruction en cours en
Irak et en Afghanistan. Après les longues auditions la semaine
dernière de témoins placés sur la ligne de front de cette guerrre,
notamment le chef du Commandement central des forces américaines, le
général John Abizaid, et l’administrateur de l’Autorité provisoire de
la coalition en Irak, Paul Bremer, il est clair qu’il y va de
l’intérêt de la sécurité américaine d’agir promptement et de manière
décisive pour ce qui a trait à l’examen et à l’adoption du projet de
loi de finances d’urgence. La vie de nos soldats sur le terrain en
dépend.

Certains sénateurs souhaitent ne fournir que les fonds demandés pour
les opérations militaires en Afghanistan, l’opération Liberté de
l’Irak et la guerre qui se poursuit contre le terrorisme mondial. Les
fonds de reconstruction de l’Irak, selon eux, ne doivent pas être
alloués à nos forces armées et il conviendrait de ne les octroyer
qu’une fois que le Congrès aura examiné le rôle de notre nation en
Irak. En fait, l’appui accordé à nos troupes en Irak et en Afghanistan
est directement en rapport avec les efforts de reconstruction. Ces
deux types de fonds sont liés. La chose est simple : les fonds
opérationnels maintiennent nos soldats sur le terrain ; les fonds de
reconstruction les ramèneront d’autant plus vite aux Etats-Unis. Plus
vite un gouvernement, des forces armées et une police autochtones
auront été mis en place, plus vite aussi nos soldats, hommes et
femmes, seront-ils rendus à leur famille.

Bien que l’accroissement de la sécurité, les capacités électroniques
et la démocratie aient à terme pour effet de tempérer l’extrémisme qui
se développe sous les régimes anarchiques et répressifs, l’objectif
des Etats-Unis en Irak ne consiste pas à créer une réplique
d’eux-mêmes dans les sables du Moyen-Orient. Il ne vise pas non plus à
s’engager dans une longue période d’occupation d’un pays riche en
ressources qui a été livré à la brutale gabegie d’un fou qui n’a rien
à envier à Hitler. Ayant libéré le peuple irakien de Saddam Hussein en
moins d’un mois, l’Amérique a maintenant pour objectif d’aider les
Irakiens à s’aider aux-mêmes pour créer un gouvernement qui repose sur
la liberté et la primauté du droit, possibilité dont les Irakiens ne
pouvaient que rêver il y a encore six mois.

Les fonds fournis par la loi de finances d’urgence viendront donner un
coup de pouce à la mise en marche de l’Irak sur la longue route du
relèvement. La nécessité de notre appui diminuera progressivement à
mesure que l’infrastructure sera reconstruite et qu’elle commencera à
fonctionner de manière efficace, et que la production de pétrole
augmentera. Il est improductif d’imposer des dettes au peuple irakien
pour reconstruire l’infrastructure, comme certains le voudraient. Le
Conseil de transition de l’Irak n’est pas en mesure de contracter des
emprunts et la solvabilité douteuse du pays constitue un obstacle
majeur pour les prêteurs qui participeront ce mois-ci à une conférence
des donateurs à Madrid (Espagne).

Les efforts de reconstruction déployés en Irak par la coalition
constituent une démarche hardie qui vise à assurer le relèvement d’une
nation après des décennies de répression et d’abus. Oeuvrant de
concert, des spécialistes civils et militaires fournissent aux
Irakiens les instruments dont ils ont besoin pour reconstruire leur
pays et redéfinir leur avenir. Nous n’aurons pas besoin d’attendre
trois ou quatre ans avec des forces d’occupation comme nous l’avons
fait en Allemagne et au Japon. L’Irak est en bonne posture pour opérer
un redressement, étant doté de ressources naturelles en abondance et
animé par un désir populaire de vivre libéré de la peur. Nous devons
impérativement agir maintenant avant de nous voir contraints de
relever le niveau de nos forces en Irak.

La reconstruction ne va pas sans risques, mais elle promet d’être très
payante. Depuis la lutte contre le terrorisme jusqu’à la promotion de
la tolérance, l’établissement d’un Irak stable et démocratique va dans
le sens des intérêts des populations du pays, des Etats-Unis et de
leurs alliés régionaux. Certains membres du Sénat ont déjà déclaré que
les efforts de reconstruction avaient échoué. Mais ils ne proposent
pas d’alternative viable. Si nous retirions les forces américaines
d’Irak, les fidèles de Saddam Hussein et les jihadistes étrangers,
syriens, libanais et iraniens, viendraient vite combler le vide. Le
nombre de terroristes dans le pays augmenterait rapidement et l’Irak,
en tant que pays, continuerait de parrainer le terrorisme. Nos côtes
seront beaucoup moins sûres si l’Irak ne se maintient pas sur la route
de la liberté et de l’antiterrorisme.

Pouvons-nous retarder ou refuser l’octroi de fonds pour la
reconstruction ? Si nous le faisions, les troupes américaines
deviendraient des occupants à long terme et des cibles de choix. Il
faudrait des troupes supplémentaires pour contrôler une population de
plus en plus frustrée se voyant refuser la sécurité et une
alimentation fiable en électricité et en eau potable. Un transfert du
contrôle opérationnel aux Nations unies ? Si l’ONU et d’autres
organisations internationales ont un rôle à jouer en Irak, en
particulier par leurs contributions aux efforts de reconstruction, le
maintien d’un commandement unifié sous la direction de l’Amérique est
d’une importance clé pour assurer la transition qui dotera l’Irak d’un
gouvernement stable. Nos hommes et nos femmes en uniforme ont fait de
grands sacrifices pour libérer le peuple irakien. Un ralentissement de
l’élan actuel à Bagdad risque d’imposer des sacrifices plus grands
encore, notamment l’envoi de troupes supplémentaires en Irak et le
coût accru d’une période d’occupation plus longue. Il ne peut y avoir
qu’une seule stratégie gagnante en Irak : celle d’achever la tâche que
nous avons entreprise. A cette fin, le Congrès doit adopter dès que
possible le projet de loi de finances supplémentaire d’urgence.

Traduction officielle du département d’État
Ted Stevens, sénateur républicain de l’Alaska, est président de la
Commission sénatoriale des affectations budgétaires