« A nos amis polonais »

A nos amis polonais
Le Monde (France)

[AUTEURS] Daniel Cohn-Bendit est député européen et coprésident du groupe des Verts eu Parlement européen. Olivier Duhamel est député européen socialiste, professeur de droit constitutionnel et membre de la Convention européenne.

[RESUME] La Pologne est un pays meurtri par l’histoire, victime des deux totalitarismes du XXème siècle. Solidarnosc restera à jamais pour nous un exemple extraordinaire de lutte contre la barbarie. Vous êtes aussi le premier peuple à avoir créé un ministère de l’instruction publique en 1773 et vous avez adopté une constitution quatre mois avant les Français en 1791. Vous qui êtes attachés à l’idée de constitution, souvenez vous combien il a été difficile de faire accepter aux gouvernants l’idée d’une constitution européenne, voulue pourtant par les peuples.
Vous désirez rester sur le principe de décision adopté au traité de Nice contre celui de la double majorité instauré par la Constitution. Vous dites que la Pologne et l’Espagne perdraient du poids par rapport aux décisions de Nice, mais vous oubliez que la France également accepte de perdre du poids face à l’Allemagne. Si on revient au calcul alambiqué de Nice, c’est le blocage de l’Europe que l’on renforce, or les nouveaux membres ont besoin d’une Europe qui fonctionne.
Votre deuxième exigence est la reconnaissance de l’héritage chrétien dans la constitution. Nous savons le rôle joué par l’Eglise catholique pour vous pour résister à l’empire soviétique mais nous savons aussi le rôle réactionnaire qu’elle aimerait exercer demain sur les questions de société. Vous devez distinguer entre ce qui importe pour la Pologne et ce qui vaut pour l’Europe.
Les réalisations qui peuvent être accomplies grâce à la constitution valent bien plus que le mode de calcul de la majorité du conseil. Ne vous mettez pas du côté des destructeurs, nous ne pouvons pas imaginer que votre premier acte de membre de l’Union européenne soit d’empêcher son avènement.

« Une Constitution ultralibérale »

Une Constitution ultralibérale
Libération (France)

[AUTEURS] Jacques Généreux est économiste, membre du conseil national du PS. Il est l’auteur de Chroniques d’un autre monde.

[RESUME] Depuis les origines, deux visions de l’Europe s’opposent : l’ « Europe espace » de libre concurrence et du primat de l’économie sur le politique et l’ « Europe puissance » où l’union donne le pouvoir de mettre l’économie au service du progrès social et le moyens de conduire une politique étrangère et de défense indépendante. Les socialistes sont engagés en faveur de la seconde et si nous étions conscients des défauts de chaque traité, nous assurions à nos concitoyens que les prochains traités répareraient les erreurs passées. Il est temps de reconnaître que cette promesse n’est pas tenue et que l’Union européenne aujourd’hui ne nous protège pas d’une société de compétition généralisée mais nous y entraîne.
Le traité d’Amsterdam a montré que les socialistes français étaient les derniers d’Europe à se souvenir de la promesse sociale. La dérive libérale de la gauche creuse l’écart entre le peuple et les élus et favorise le populisme et le fascisme. Continuer l’intégration européenne sur cette voie c’est ouvrir un boulevard au nationalisme réactionnaire.
La constitution européenne aurait dû être rédigée par le prochain parlement européen élu avec ce mandat. Au lieu de cela on a nommé une convention coupée des citoyens et sans même de consultation référendaire sur le sujet dans la plupart des pays. Tout démocrate devrait rejeter ce texte.
En outre, plus qu’une constitution, ce texte est un programme politique qui pose la libre concurrence comme une fin en soi et non comme un instrument de développement et de justice. De même, les États membres doivent agir dans le respect du principe d’une économie de marché ouvert où la concurrence est libre, or, toute politique, par principe, altère la concurrence. Après tout, les écoles et les hôpitaux publics faussent la concurrence de leurs équivalents privés. Le SMIC aussi fausse la concurrence. De même, le texte réaffirme les principes qui entravent la conduite d’une politique économique efficace et affirme que le budget de l’union doit être équilibré et financée exclusivement par ses ressources propres. En revanche, le droit du travail est oublié et les droits aux prestations sociales ne sont pas garantis.
Hors du champ économique, l’article 51, qui prévoit un « dialogue régulier » avec les Églises, et l’expression de la compatibilité nécessaire de la politique commune avec l’OTAN est inacceptable. Le projet Giscard grave dans le marbre que désormais seules les politiques de droite et néo-libérales sont constitutionnelles.

« Une CNN française au mépris des élus »

Une CNN française au mépris des élus
Libération (France)

[AUTEURS] Pierre-Christophe Baguet est député (UDF) des Hauts-de-Seine ; Patrick Bloche est député (PS) de Paris ; Frédéric Dutoit est député (Communistes et Républicains) des Bouches-du-Rhône ; Georges Hage est député (Communistes et Républicains) du Nord ; Emmanuel Hamelin est député (UMP) du Rhône ; Didier Mathus est député (PS) de Saône-et-Loire ; Dominique Richard est député (UDF) du Maine-et-Loire ; François Rochebloine est député (UMP) de la Loire. Tous sont membres de la mission d’information sur la création d’une chaîne française d’information à vocation internationale.

[RESUME] Le rapport sur la future chaîne d’info internationale de Bernard Brochand présenté le 30 septembre suscite bien des questions chez les parlementaires qui ont travaillé sur cette question.
L’opportunité de l’existence de cette chaîne ne fait pas de doute et la crise irakienne est venu souligner davantage encore sa nécessité dans un espace mondial dominé par les médias anglo-saxons et arabophones. L’Assemblée nationale a créé une mission parlementaire qui, le 14 mai, a rendu un rapport approuvé à l’unanimité des membres et qui aurait dû déboucher sur une loi. Au lieu de cela, l’exécutif a préféré créer un groupe de travail sur cette question avant de confier à un seul parlementaire la mission de faire un travail parallèle à celui de la mission d’information. Curieuse façon de tenir compte des propositions des élus du peuple.
Le projet final va à l’opposé des recommandation de la mission d’information et débouche sur une alliance 50-50 entre TF1 et France télévision financé à 100 % par l’État, qui exclue TV5 et RFI, échappe à tout contrôle du CSA et ne rend pas la chaîne visible en France. On saura sans doute se souvenir de l’existence du parlement pour trouver les 70 millions d’euros de frais de fonctionnement annuel de la chaîne financée par l’État dans laquelle un groupe privé a un droit de veto sur les décisions stratégiques.

« La politique d’escalade d’Ariel Sharon »

Ariel Sharon’s escalation fronts
Ha’aretz (Israël)

[AUTEUR] Roman Bronfman est membre de la Knesset et membre du Meretz.

[RESUME] Les documentaires sur la guerre du Kippour dans la presse ont dû rendre nostalgique Ariel Sharon et désormais Israël, sous sa direction, fait face à une escalade dans ses relations avec ses voisins.
Quand il était ministre de la Défense de Menahem Begin, il avait trompé le Premier ministre et avait poussé notre pays dans le bourbier libanais. Aujourd’hui, il trompe l’opinion publique et pousse Israël dans des abysses encore plus profonde pour notre sécurité. Avec le soutien de l’administration Bush, il mène une politique à l’opposé de ce qu’il prétend faire et au lieu de protéger l’existence d’Israël il mène des politiques dangereuses et irresponsables. Ainsi, loin des yeux du public, il a mené une politique visant à l’expulsion d’Arafat, expulsion qui ne va faire qu’augmenter la motivation des groupes terroristes. Même si on accepte la supposition qu’Arafat doit être blâmé pour ne pas s’attaquer au terrorisme, son expulsion ou son élimination aurait l’effet inverse de celui désiré. En outre, existe-t-il un autre interlocuteur palestinien ? Il pourrait y en avoir un mais le gouvernement d’Ahmed Koreï est constamment affaibli par Sharon. Le rêve du Premier ministre devient réalité : il n’y a plus, face à Israël qu’un dirigeant politique sans pouvoir.
En outre, le gouvernement tente de pousser le conflit en dehors de nos frontières. Le bombardement d’un camp d’entraînement terroriste déserté près de la capitale d’un État souverain est une violation de la loi internationale et une provocation délibérée d’Israël. cette action démontre la supériorité militaire israélienne et prouve que l’argument de la dissuasion est faux. Le gouvernement Sharon a choisi l’agression. Il faut espérer qu’il n’entraînera pas le pays dans la guerre.

« Anatomie d’un désastre »

Anatomy of a disaster
Jerusalem Post (Israël)

[AUTEUR] Shmuel Katz a été un des cofondateur, avec Menachem Begin, du parti Herut. Il a été membre de la première Knesset. Il est aujourd’hui essayiste.

[RESUME] Bien peu d’observateur ont cru que la « feuille de route » réussirait mieux que les plans de paix antérieurs. Ce plan insistait sur l’influence de l’Arabie saoudite et de la Ligue arabe pour pousser l’Autorité palestinienne à combattre le Hamas et le Jihad islamique. La feuille de route a été rédigée par un regroupement pro-arabe et anti-israélien comprenant l’Union européenne, le département d’État, l’ONU et la Russie, soutenus par l’israélophobe gouvernement britannique.
Alors que ce plan était censé régler les relations entre Israël et les pays arabes, le gouvernement israélien ne fut même pas consulté lors de sa rédaction. Les Palestiniens accueillirent ce texte avec enthousiasme mais il ne réalisèrent pas la première étape du plan : combattre les groupes terroristes, une mission que Mahmoud Abbas ne voulut jamais faire, avant qu’il soit renvoyé par Arafat pour avoir fait preuve de trop d’indépendance. Malgré cela, Colin Powell et Javier Solana continuent d’affirmer que la feuille de route n’est pas morte et Condoleezza Rice a même prétendu qu’on assistait à des progrès.
Ces discours signifient que les rédacteurs du plan ont changé de politique et qu’ils ont annulé l’obligation palestinienne de mettre fin au terrorisme. Pire, on demande désormais à Israël de prendre ses responsabilité pour que le plan fonctionne. Ariel Sharon doit donc prendre le taureau par les cornes et affirmer que la feuille de route ne contient pas d’obligation pour Israël. Israël ne participera plus à aucun plan affectant l’avenir du pays et ses intérêt et continuera à se défendre.

« Le Canada marque un point dans la guerre contre le SIDA »

Canada to score a first in the war on AIDS
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Carol Bellamy est la directrice exécutive de l’UNICEF.

[RESUME] Le gouvernement canadien a été le premier pays du G7 à modifier sa législation pour appliquer l’accord de l’OMC qui autorise les pays pauvres à importer des médicaments génériques pour traiter le SIDA s’ils ne peuvent pas en produire eux même et ’en font pas une exploitation commerciale.
L’action du Canada est une réponse intelligente à la requête de Stephen Lewis, un canadien, envoyé spécial de l’ONU pour le SIDA en Afrique. Trois quarts des malades du SIDA dans le monde vivent en Afrique et seulement 1 % d’entre eux sont soignés. La plupart des malades sont jeunes et plus de la moitié des 14 000 nouveaux infectés quotidiens ont moins de 25 ans. Dans le même temps, les deux tiers des malades recevant des soins vivent dans les pays riches.
L’UNICEF a une large expérience d’assistance aux enfants et aux familles des pays pauvres. Nous fournissons des médicaments pour éviter la transmission de la mère à l’enfant et nous agissons pour que plus de personnes aient des médicaments. La bataille du SIDA doit être gagnée grâce aux efforts de tous et le Canada peut mener cette bataille en montrant aux autres pays que, eux aussi, peuvent s’attaquer aux urgences humanitaires globales.

« L’hypocrisie des droits de l’homme »

Human-rights hypocrisy
Washington Times

[AUTEUR] Greg Raikes est un journaliste indépendant canadien.

[RESUME] L’actuel gouvernement libéral de Jean Chrétien veut que le Canada soit à la pointe d’un mouvement global, mené par l’ONU, pour promouvoir les Droits de l’homme dans le monde. C’est pourquoi ce pays a signé toute une série de traité des Nations Unies dans ce sens et le gouvernement ne cesse d’affirmer aux Canadiens que leur pays est à l’avant-garde d’une communauté globale qui n’acceptent plus que les États violent les droits individuels et les libertés. Le Canada utilise, pour se faire entendre, les organisations internationales auquel il appartient et soutient de nombreuses ONG.
Toutefois, le Canada est un tigre de papier qui entretient de bonnes relations commerciales avec les pires violateurs des Droits de l’homme malgré ses discours. Ainsi, la Chine est notre troisième partenaire commercial, nous soutenons l’opposant birman Aung San Suu Kyi mais avons importé de birmanie 18 millions de dollars de biens en 2001 (sans compter l’héroïne).L’Iran est l’un des pays qui importe le plus de biens canadiens dans sa région malgré le meurtre de la journaliste canadienne Zahra Kaemi. Le Canada est aussi le troisième partenaire commercial de Cuba et nous avons des relations commerciales avec la Syrie, le Soudan, l’Arabie saoudite, la Libye et le Zimbabwe.
Si le Canada veut vraiment fonder sa politique étrangère sur les Droits de l’homme, il doit mettre en pratique ses théories et prendre des sanctions économiques.

« La noble cause de Kyoto »

Kyoto’s Noble Cause
The Moscow Times (Russie)

[AUTEUR] Margot Wallstrom est commissaire européen à l’Environnement.

[RESUME] Je tiens à féliciter la Russie pour le succès de la conférence mondiale sur le changement de climat qui a aboutit à la conclusion que le réchauffement de la planète est causé par l’homme et représente une menace au développement durable. Les évènements climatiques ne sont certes pas tous imputable au réchauffement global mais ils seront de plus en plus nombreux si nous ne faisons rien. Aucun pays ne sera épargné et ce seront les pays les plus pauvres qui seront les plus touchés.
Afin d’éviter cette catastrophe, le protocole de Kyoto demandait une diminution de l’émission de gaz à effet de serre. L’Union européenne s’est engagé à réduire ses émissions de 8 % d’ici 2008 et 119 pays, en incluant l’Union européenne on ratifié le protocole. Depuis le retrait des États-Unis, la ratification du protocole par la Russie est devenue indispensable et Moscou a promis son adoption dans un proche avenir au sommet de Johannesburg.
Le protocole de Kyoto est un bon traité, flexible, qui lie protection de l’environnement et développement économique. La Russie est bien placée pour bénéficier de ses opportunités économiques avec l’aide de l’Union européenne. Je suis persuadée que la Russie va ratifier le protocole et montrer ainsi qu’elle est une nation responsable.

« Algérie : un juste en danger de mort »

Algérie : un juste en danger de mort
Le Monde (France)

[AUTEURS] Lahouari Addi est sociologue ; il est engagé de longue date dans la défense de la langue berbère. François Gèze est éditeur. Mohammed Harbi est historien et ancien membre de la direction de la fédération de France du FLN pendant la guerre d’Algérie. Salima Mellah est journaliste ; elle a travaillé sur la question des massacres en Algérie. Véronique Nahoum-Grappe est ethnologue et chercheuse à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Pierre Vidal-Naquet est historien.

[RESUME] Salah-Eddine Sidhoum, médecin de 56 ans militant des Droits de l’homme, est un des rares parmi ses pairs à avoir échappé aux exécutions « attribués aux islamistes » et à avoir résisté aux pressions d la police politique. Il a continué à résister aux abus du pouvoir politique et a tenté de convaincre la communauté internationale d’écouter les victimes des groupes armés islamistes, bien souvent manipulés ou créés par la sécurité militaire.
Depuis le printemps berbère de 1980, le Dr. Sidhoum dénoncent les violations des Droits de l’homme, violations qui se sont intensifiés depuis le début de la sale guerre de 1992. Menacé et visé par des escadrons de la mort de l’armée algérienne, il entre dans la clandestinité en 1994. Dès lors, l’armée va monter une cabale contre lui et l’accuser de terrorisme avant d le faire condamner par contumace à 20 ans de prison en 1997.
Le 29 septembre 2003, fatigué par neuf année de vie caché, il a décidé de se rendre à la justice pour faire face à ses accusateurs. Malheureusement, on lui a refusé un nouveau procès et depuis il est en prison dans des conditions de vie épouvantable. C’est pourquoi il a décidé de mener une grève de la faim totale (sans eau). Sa vie ne tient plus qu’à un fil et nous demandons aux autorités algérienne de lui accorder une liberté provisoire et de réviser son procès dans le respect du droit international.