"Louange à Dieu,
"Que la prière et la paix soient sur le prophète, sa famille et ses compagnons,
"Monsieur le président de la République,
"Chère Madame,
"Altesses royales,
"Excellences,
"Mesdames et Messieurs,
C’est en cet instant solennel et dans ce lieu charge d’histoire que nous voudrions vous dire combien est profonde notre joie d’accueillir notre grand ami, Son Excellence Monsieur Jacques Chirac, président de la République française. À Paris, en mars 2000, vous aviez dit, Monsieur le président, que "Le roi du Maroc est ici chez lui". Aujourd’hui, permettez-moi, Monsieur le président de vous dire, a mon tour, qu’en terre marocaine, le président de la République française est chez lui, parmi les siens.
La ville de Fès qui s’honore de votre visite est au cœur de notre histoire, pour avoir été notre première capitale et le lieu où s’organisa, dès la fin du 8eme siècle l’État marocain. Dans ses murs est née la première université du monde musulman, la Quarawiyine que créa la vertueuse Oum al Banine, Fatima al Fihriya. Fès est également la cité où se sont illustres de grands savants comme Averroès, son disciple Maïmounide ou encore Ibn Khaldoun, pour ne citer que les plus renommes d’entre eux. Et vous savez, monsieur le président, la véritable fascination que la ville de Fès a exercée sur d’éminents penseurs français comme Louis Massignon ou Jacques Berque, qui ont révélé au monde occidental une civilisation marocaine longtemps méconnue.
Monsieur le président,
Depuis notre visite d’État en France, des avènements considérables ont ébranlé le monde dans ses certitudes et jeté le doute sur ses convictions les plus profondes.
Violences et terrorisme se multiplient et nous détournent de nos combats essentiels, ceux contre les fléaux de la misère, de la maladie et de l’ignorance, et ceux visant à donner toutes ses chances a un développement durable dans une mondialisation maîtrisée.
Dans cet univers agité, où les passions prennent le pas sur la raison et où les valeurs universelles s’éclipsent devant l’ostracisme, vous avez su, Monsieur le président, faire entendre la voix d’une France fidèle à sa vocation, celle de la patrie de la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen. Vous le faites avec courage, souvent avec audace et toujours avec conviction et détermination.
Vous œuvrez, Monsieur le président, sans relâche pour le renforcement du rôle de l’organisation des nations unies dans la gestion des crises et le maintien de la paix, et pour que la force du droit prévale sur le droit de la force, dans le respect de la dignité des peuples et de la sécurité des États.
C’est donc, avant tout, à l’homme de conviction et au chef d’État engagé que nous rendons hommage ce soir.
Monsieur le président,
Nous saluons vos efforts pionniers et soutenus en faveur de l’Afrique, de son développement et de sa stabilité. Avec énergie, vous avez œuvré à sensibiliser les pays développés et les institutions internationales aux besoins du continent africain, qui aspire a une croissance soutenue et s’emploie à organiser son développement durable. La vocation africaine du Maroc, nous associe naturellement a toute démarche de coopération tripartite, visant une amélioration des conditions de vie des peuples africains.
La France et le Maroc entretiennent des relations d’exception, dans un cadre sans cesse renouvelé et adapte à l’évolution de nos économies et de nos sociétés. Dans ce contexte, nos deux pays ont conclu une nouvelle convention de coopération qui consacre un partenariat stratégique, ouvert sur l’avenir et fonde sur la solidarité et le respect mutuel. Cette convention trace des perspectives prometteuses, en conférant un rôle accru a la société civile, aux collectivités territoriales et au secteur privé.
En ce qui le concerne, le Maroc entend persévérer dans son projet de reforme et de modernisation de ses structures économiques et sociales.
Une priorité est accordée aux investissements sociaux et aux politiques de proximité.
Ce choix est celui d’une société démocratique, ouverte, solidaire et attachée a ses valeurs ancestrales. C’est à travers la reforme de l’école, l’émancipation de la femme, la lutte contre l’exclusion que nous abordons la construction d’un meilleur avenir pour notre jeunesse.
Nos deux pays doivent encourager nos communautés expatriées à participer à la consolidation des liens économiques et au raffermissement des rapports culturels et humains qui unissent nos deux peuples amis, dans le respect des lois et des valeurs de chacun.
Monsieur le président,
Vous avez toujours manifeste une conscience aiguë du rôle de la France dans le devenir de la région euro-mediterraneenne.
Nous apprécions le rôle joue par la France dans la disponibilité affichée par l’Union européenne à examiner avec le Maroc les contours d’un statut avancé, à mi-chemin entre l’association et l’adhésion.
Nous connaissons également votre attachement au processus de Barcelone dont la relance impérative et pressante est tributaire d’une coopération renforcée, autour d’actions bilatérales, sous-regionales et sectorielles. La Déclaration d’Agadir s’inscrit dans cette démarche et constitue de ce fait une avancée significative pour le partenariat euro-mediterraneen.
Monsieur le président,
L’union du Maghreb arabe occupe naturellement une place privilégiée dans le partenariat euro-mediterraneen en construction. À cet égard, le royaume du Maroc saisit cette occasion pour réaffirmer avec force son attachement au projet maghrébin, dans sa dimension stratégique, sa vertu économique et sa portée humaine et culturelle. Le Maroc réaffirme également sa détermination a surmonter, par le dialogue, les difficultés objectives qui continuent malheureusement d’entraver la réalisation de ce grand dessein sur des bases saines et confiantes.
Nous sommes reconnaissant à la France, pour son action positive en faveur d’une solution politique, juste et realiste à un différend artificiel hérité de la Guerre froide et créé autour du parachèvement de notre intégrité territoriale.
Monsieur le président,
Le processus de Barcelone demeure fortement affecté par le drame du Moyen-Orient. Face a la montée de la violence et aux souffrances croissantes vécues au quotidien par le peuple palestinien frère, nous réaffirmons notre attachement à la légalité internationale et à la mise en œuvre de "la feuille de route", en vue de parvenir à l’établissement d’un État palestinien viable aux côtés de l’État d’Israël, dans la paix et la sécurité pour tous les peuples de la région.
Ces paroles, nous en sommes conscient, prennent une densité particulière dans ce lieu-meme où s’est tenu le sommet arabe de Fès de 1982 et ou la sagesse de notre auguste père, Sa Majesté le Roi Hassan II, que Dieu sanctifie sa mémoire, avait jeté les bases d’une solution juste et durable au conflit du Moyen-Orient. Vous comprendrez que dès lors, notre foi dans nos traditions de dialogue et de paix, reste dans ce contexte particulier, inébranlable.
Dans cette ville millénaire de Fès, toutes les rues et les places nous parlent des peuples et des confessions qui coexistent toujours dans une remarquable tolérance. C’est là un patrimoine moral et spirituel que nous partageons avec la France et qui nous fait un devoir de combattre le terrorisme international et de refuser tous les extrémismes, sous quelque visage qu’ils se présentent. Ce refus est une constante de notre politique extérieure, qui privilégie largement les voies de la concertation.
C’est au nom de cette même vision que nous espérons voir le peuple irakien frère recouvrer, dans les meilleurs délais et conditions, la plénitude de sa souveraineté, et l’exercer à travers des institutions démocratiques.
Monsieur le président,
Les liens si forts que l’histoire a tissé entre nos deux pays, l’amitié et l’estime que nous vous portons, Monsieur le président, votre soutien personnel et celui du gouvernement de la France, sont à nos yeux un gage de réussite pour notre partenariat stratégique.
Je vous souhaite encore une fois la bienvenue au Maroc, ainsi qu’a Madame Chirac et à la délégation qui vous accompagne.
Mesdames et Messieurs,
Je vous demande de vous lever, en hommage à Monsieur le président de la République française et à son épouse.
Que la paix, la miséricorde et la bénédiction de Dieu soient sur vous "
Source : Palais royal
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