L’accord de paix négocié en parallèle de l’Intifada par des membres de l’Organisation de Libération de la Palestine et de la gauche israélienne continue de susciter des controverses.
Ehud Barak, ancien Premier ministre israélien, a réitéré, lundi 13 octobre 2003, son opposition aux négociations telles qu’elles ont été menées et finalisées, au cours du week-end, en Jordanie. Le ministre de la Justice israélien, Yosef Lapid, a lui qualifié l’accord d’« échec ».
L’ancien ministre délégué au dossier des prisonniers, Hisham al-Raziq, a lui démenti dans les colonnes du journal Al-Quds les informations selon lesquelles les négociateurs palestiniens, dont il faisait partie, auraient accepté une remise en cause du droit de retour des réfugiés palestiniens. Cette concession, en échange de laquelle l’Autorité palestinienne obtiendrait la souveraineté sur l’Esplanade des Mosquées, serait pourtant le cœur de l’accord, appelé « Accord de Genève ».
Ces déclarations palestiniennes ont suscité une réponse du parlementiare Haim Oron, lui-même membre de la délégation israélienne. Haim Oron a réaffirmé que les Palestiniens s’étaient engagés à renoncer au droit de retour et à résoudre la question des réfugiés hors des frontières d’Israël.
Les propos d’al-Raziq sont susceptibles d’être interprétés d’une manière assez large, au niveau sémantique. En effet, selon d’autres déclarations de l’ancien ministre, relayées par Radio Israël, les « réfugiés » souhaitant rentrer en Israël ne pourraient le faire qu’avec l’accord d’Israël, et certains Palestiniens resteront dans les pays où ils vivent actuellement, à moins d’être englobés dans l’Autorité palestinienne, selon les termes de l’accord.
Les négociateurs israéliens ont déclaré que le cabinet du Premier ministre israélien a été tenu au courant des différentes étapes des négociations, une information démentie par l’équipe d’Ariel Sharon. D’après le ministre de l’Éducation, Limor Livnat, cet accord est le produit de l’opposition israélienne qui est manipulée par Arafat. « Il y a un gouvernement en Irsraël, et c’est lui qui s’occupe de telles questions. Le reste est virtuel », a indiqué, pour sa part le ministre des Affaires étrangères israélien, Silvan Shalom.
Les dernières modalités ont été discutées au cours du week-end à Amman, en Jordanie. Bien que le gouvernement jordanien ait indiqué « ne rien avoir à voir avec cette réunion », des sources fiables citées par Ha’aretz indiquent que le ministre des Affaires étrangères jordanien, Marwan Muasher, a assisté aux négociations.
Le projet d’accord devrait être ratifié en Suisse dans les semaines qui viennent, peut-être le 4 novembre, date anniversaire de l’assassinat de Yitzakh Rabin, couronnant ainsi deux ans et demi de négociations. Voici les principaux points de l’accord :
 les Palestiniens concèdent leur droit de retour. Certains réfugiés resteront dans les pays où ils vivent aujourd’hui, certains seront absorbés par l’Autorité palestinienne, d’autres par d’autres pays, et certains recevront une compensation financière. Un nombre limité d’entre eux sera autorisé à s’installer en Israël, mais ceci ne sera pas défini comme la réalisation du droit de retour.
 Les Palestiniens reconnaissent Israël comme l’État du peuple juif.
 Israël se retire jusqu’aux frontières de 1967, à l’exception de certains échanges territoriaux, mentionnés plus bas.
 Jérusalem se retrouve divisé, avec les quartiers arabes de Jérusalem-est devenant partie intégrante de l’État palestinien. Les quartiers juifs de Jérusalem-Est, ainsi que les banlieues situées en Cisjordanie telles que Givat Ze’ev, Ma’aleh Adumim et la partie historique de Gush Etzion sont rattachés à Israël.
 L’Esplanade des Mosquées est palestinienne, mais une force internationale assurera le libre accès aux visiteurs de toutes confessions. Cependant, des prières juives ne seront pas autorisées sur l’Esplanade, ni les fouilles archéologiques. Le Mur Ouest restera sous « souveraineté juive », tandis que le « Bassin Sacré » sera sous supervision internationale.
 Les colonies d’Ariel, Efrat et Har Homa sont intégrées à l’État palestinien. De plus, Israël transfère des parties du Neguev contiguës à Gaza, à l’exception d’Halutza.
 Les Palestiniens s’engagent à empêcher le terrorisme et l’insurrection, et à désarmer les milices. L’État palestinien sera démilitarisé et le franchissement des frontières sera supervisé par une force internationale.
 Cet accord remplacera toutes les résolutions de l’ONU ou accords précédents.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« Barak slams Labor for allowing MKs to create ’delusional’ plan », par Mazal Mualem, Ha’aretz, 13 octobre 2003.