« La culture de la coca »

Coca Culture
New York Times (États-Unis)

[AUTEURS] Leonida Zurita-Vargas est secrétaire générale de Bartolina Sisa, une association de paysanne. Maria Cristina Caballero est journaliste colombienne et membre de l’Harvard’s Center for Public Leadership et de Women Waging Peace.

[RESUME] Les émeutes qui durent depuis quatre semaines en Bolivie sont présentées dans les médias comme une réaction au projet de pipeline transportant du gaz naturel aux États-Unis alors qu’elles ont également une autre raison : la guerre des États-Unis à la coca, culture traditionnelle bolivienne.
En effet, à cause des problèmes de drogues aux États-Unis, on ne nous laisse plus cultiver la coca que nous cultivions déjà bien avant l’existence des États-Unis. C’est ce qui explique que beaucoup des manifestants soient des paysans. La coca est utilisée dans ma tribu, les Quechuas en étant mâchée, ou transformée en shampoing ou en dentifrice ou en thé médicinal, mais pas transformé en cocaïne. Malheureusement, sous la pression des États-Unis, le gouvernement ne nous en laisse cultiver que très peu.
Je suis une productrice de coca, comme l’était ma mère. Dans les années 90, les États-Unis ont distribué de l’argent pour que nous cultivions plutôt des yuccas ou des ananas, mais cela rapporte beaucoup moins. En 1998, le gouvernement bolivien a décidé d’éradiquer les fermes de coca grâce à un programme militaire financé par les États-Unis. Les soldats détruisirent les récoltes à la machette, frappèrent les enseignants et brûlèrent les maisons. C’est suite à cela que je suis devenue présidente d’une association de femmes paysannes qui s’est ensuite associée à d’autres mouvements. Evo Morales, le chef du syndicat des producteurs de coca est arrivé deuxième de la présidentielle de 2002 à 1 point de l’actuel président Sanchez de Lozada, mais aujourd’hui il gagnerait car les Boliviens en ont assez de la politique libérale et pro-États-Unis de leur président.
Si les États-Unis veulent gagner leur guerre à la drogue, ils doivent s’attaquer aux trafiquants et non pays producteurs de coca. Grâce au président, 14 personnes sont mortes lundi dans les émeutes et, à moins que les États-Unis et leur allié Sanchez de Lozada ne cessent leur guerre contre nous, il n’y aura pas de paix en Bolivie.

« Laisser les Irakiens gouverner l’Irak »

Let Iraqis run Iraq
Jerusalem Post (Israël)

[AUTEUR] [Daniel Pipes] est membre de l’US Institute of Peace. Il est directeur du Middle East Forum et auteur de Militant Islam Reaches America. Il est collaborateur de Benador Associates et a fondé Campus Watch, une organisation dont le but est de soutenir la vision néo-conservatrice du Proche-Orient dans les universités états-uniennes. Voir à ce sujet, l’investigation du Réseau Voltaire : « Le Centre pour la politique de sécurité : les marionnettistes de Washington ».

[RESUME] Les questions sur ce qu’il convient de faire en l’Irak sont devenues urgentes en raison des attentats contre les forces de la coalition. La gratitude des Irakiens vis-à-vis de leurs libérateurs est vite devenue du ressentiment face aux lenteurs de la reconstruction. Un peuple habitué au totalitarisme trouve la liberté troublante.
Dans le même temps les premiers désaccords entre la Coalition et le Conseil de gouvernement irakien sont apparus et ils deviendront de plus en plus nombreux avec le temps. Il est donc nécessaire de donner plus de pouvoirs aux Irakiens, de réduire progressivement le rôle de Paul Bremer, de confier aux Irakiens la sécurité des villes et les contacts avec la population et de ne laisser aux soldats de la Coalition que la garde des frontières et des puits de pétrole. Cela correspond à ce que demandent Jacques Chirac, les Irakiens opposés à la Coalition, mais aussi ceux qui travaillent avec nous, comme Amhed Chalabi.
Les Musulmans ne supportent pas d’être dirigés par des non-musulmans. Ils utilisent la violence pour faire cesser cette situation, usant ainsi la motivation des dirigeants et les poussant à l’abandon. C’est ainsi que les États-Unis ont déjà cédé par le passé au Liban et en Somalie. Les États-Unis, le Royaume-Uni et les autres nations ne sont pas suffisamment motivés pour rester en Irak. C’est pourquoi je préconise que nous laissions le pouvoir aux Irakiens. Le plus tôt sera le mieux.

« Le second meilleur ami de Bush ? »

Bush’s second-best friend ?
Christian Science Monitor (États-Unis)

[AUTEUR] Takashi Oka est un ancien correspondant du Christian Science Monitor en Asie. Il a travaillé comme consultant pour la parti d’opposition japonais : le Parti libéral.

[RESUME] Junichiro Koizumi aime penser qu’il est le second meilleur ami de George W. Bush après Tony Blair. Toutefois, en dépit de sa grande popularité, il va devoir batailler dur dans son pays pour que le Japon joue le rôle international que lui et Washington veulent lui confier.
M. Koizumi a promis à Bush que le Japon fournirait un milliard de dollar par an pendant cinq an pour la reconstruction de l’Irak et enverrait 2 000 hommes pour assurer des missions non-combattantes (la constitution japonaise interdit que ses soldats fassent autre chose que se défendre). Le très belliciste ministre de la Défense japonais, Shigeru Ishiba a déclaré que cette intervention n’avait pas pour seul but d’aider les Etats-Unis, mais aussi de garantir au Japon un accès au pétrole. Malgré ses déclarations, l’implication du Japon est surtout une conséquence des liens entretenus par le Premier ministre avec le président états-unien. L’application de cette politique risque de poser des problèmes domestiques.
En effet, la guerre en Irak n’est pas plus populaire au Japon qu’elle ne l’est en Europe. Le gouvernement devra donc vraisemblablement attendre le 9 novembre et les élections pour réellement aider les États-Unis. Or, d’ici là, Koizumi va devoir faire face à une fronde dans son propre parti concernant sa politique de réforme structurelle de l’économie japonaise. Il n’est donc absolument pas assuré d’exercer un bon contrôle de son parti.

« Construire une barrière contre le terrorisme »

Building a fence against terror
Washington Times (États-Unis)

[AUTEUR] Survivant de la Shoah, Abraham H. Foxman est directeur national de l’Anti-Defamation League et a été un membre de la délégation états-unienne dirigée par Rudolph W. Giuliani à la réunion de la conférence contre l’antisémitisme, organisé à Vienne en juin 2003 par l’OSCE.

[RESUME] Il y a beaucoup d’hypocrisie dans le monde concernant la construction d’un mur de protection entre les territoires et Israël, mais Israël continue cette construction parce qu’il n’a pas d’autre choix pour protéger ses citoyens. L’attentat d’Haïfa, qui a tué 19 personnes, nous a rappelé que les terroristes palestiniens n’avaient pas de scrupules à tuer des civils, y compris des enfants, pour détruire l’État juif.
Alors qu’aux États-Unis et en Europe, on cherche des moyens pour empêcher l’entrée des immigrés clandestins sur le territoire, Israël tente lui d’empêcher des kamikazes d’entrer. Pourtant, le monde reproche à Israël de construire cette barrière parce que le monde a décidé que quoi que fasse Israël contre la violence, il avait tort. Bien que les violences palestiniennes contre Israël aient commencé après qu’Ehud Barak ait accepté de fortes concessions pour obtenir la paix, et que tout raisonnement rationnel attribue la violence à l’agression palestinienne, le monde reproche à Israël de vouloir se défendre.
La construction du mur aurait convenu à certains s’il avait suivi le tracés des frontières de 1967, mais cela aurait entraîné une séparation de fait qui aurait récompensé Arafat de ses trois ans de violences. La vérité est que la barrière sera détruite quand les Palestiniens auront démantelé leurs groupes terroristes. On ne peut donc pas affirmer qu’elle sape la possibilité d’une discussion avec les Palestiniens.

« Pologne, les motifs d’un combat »

Pologne, les motifs d’un combat
Le Monde (France)

[AUTEURS] Marek Beylin et Adam Michnik sont respectivement rédacteur en chef chargé des " pages opinions " et directeur du quotidien polonais Gazeta Wyborcza.

[RESUME] Nous prenons au sérieux l’appel " À nos amis polonais " de Daniel Cohn-Bendit et Olivier Duhamel. Nous savons que nous partageons les mêmes objectifs pour l’Europe : construire un havre de liberté, de tolérance, de justice sociale et de bien-être. Nous ne voulons pas cependant que cette œuvre commune soit élaborée par un concert de grands, mais soit le résultat d’un accords entre partenaires. C’est pourquoi nous soutenons notre gouvernement quand il défend le principe de décision adopté lors du traité de Nice, seule façon de prendre en compte les opinions des pays plus petits et plus pauvres.
La France et l’Allemagne ont trop souvent avancé l’idée d’une Europe à deux vitesses dans laquelle les anciens membres formeraient un noyau dur avançant à un rythme rapide et traçant une route que les autres pays suivront. Cette conception n’a pas grand-chose à voir avec la solidarité européenne et le traité de Nice avait éloigné ce danger. La constitution européenne au contraire rétablit la France et l’Allemagne dans une position dominante et permet la marginalisation des nouveaux pays.
On prétend que la Pologne paralysera l’Europe en refusant la constitution, en soutenant le mode de décision du traité de Nice, mais l’argument ne paraît pas crédible puisque la constitution ne doit pas s’appliquer avant 2009. Pourquoi la paralysie de l’Europe serait-elle moindre si la Pologne adopte la constitution durant cette période ? En outre, il est difficile de juger le traité de Nice alors que celui-ci n’est pas encore appliqué.
Daniel Cohn-Bendit et Olivier Duhamel demandent par ailleurs à la Pologne de ne pas imposer sa " ferveur chrétienne " aux adeptes européens d’autres religion et aux non-croyants. Pourtant rappeler l’héritage chrétien de l’Europe, ce n’est pas rendre hommage à l’Église catholique, c’est reconnaître une vérité historique.
Nous tenons à l’Europe, mais nous faisons la différence entre l’avenir de l’intégration et le maintien en l’état du projet de constitution.

« Il est temps pour les donateurs de poser les fondations »

It’s time for the donors to dig deep
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Justin Bagirishya est le directeur pour le Liberia du Programme alimentaire mondial de l’ONU.

[RESUME] Selon les accords du Ghana signés au mois d’août, un gouvernement transitoire va entrer en fonction cette semaine au Libéria et réunira des représentants de l’ancien régime de Charles Taylor et des deux principaux groupes rebelles. Toutefois, peu croient que cette coalition mettra fin à la guerre rapidement.
C’est pour cette raison que le Conseil de sécurité a approuvé la création d’une force de 15 000 hommes, assistée par 1000 policiers, pour soutenir la force de maintien de la paix des pays ouest africains. Jacques Klein, le représentant spécial du secrétaire de l’ONU est confiant dans le succès de cette mission même s’il croit, qu’à court terme, les choses pourraient empirer avant de s’améliorer.
Le Libéria est un chaos après 14 ans de guerre civile et si Klein est un homme déterminé et si peu doutent de son succès final, nous ne sommes qu’au commencement de son action. Le Libéria a de gros besoins. Le Programme alimentaire mondial a besoin de 6500 tonnes de nourritures par mois pour aider les plus vulnérables. Il faut aussi lutter contre les 2000 cas de choléra et les 5000 de malaria répertoriés. Il faut aussi équiper les hôpitaux et les écoles. La paix est fragile au Libéria et il faut une action rapide et beaucoup d’argent.