Ce discours a été lu par Habib Ben Yahia, ministre tunisien des Affaires étrangères, au nom du président Ben Ali.
Au Nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux
Monsieur le Président du Sommet,
Majestés,
Excellences,
Altesses,
Excellence,
Monsieur le Secrétaire Général,
Mesdames,
Messieurs,
Il me plaît d’adresser à Son Excellence le Dr. Mahathir Mohamad et, à travers sa personne, au Gouvernement et au peuple de la Malaisie sœur, les plus vives expressions de nos remerciements et de notre considération pour l’hospitalité qu’ils accordent à la dixième Conférence Islamique au Sommet, et pour tous les efforts qu’ils ont fournis afin de lui assurer les meilleures conditions de réussite.
Tout en félicitant le Dr. Mahathir Mohamad pour son élection à la présidence de notre Sommet, nous tenons à exprimer notre conviction que sa sagesse et sa connaissance des problèmes de la Oummah islamique nous seront d’une aide précieuse dans nos travaux dont nous espérons que les résultats seront à la mesure des espérances et des ambitions de nos pays.
Nous saisissons cette occasion pour exprimer à Son Altesse Cheikh Hamad Bin Khalifa Al Thani, Emir du Qatar frère, nos déférentes salutations pour les efforts intenses que Son Altesse a déployés au service des causes de notre Oummah tout au long de son mandat à la présidence du neuvième Sommet islamique.
Nos salutations s’adressent également au Secrétaire Général de l’Organisation de la Conférence Islamique, Son Excellence le Dr. Abdelwahed Belkeziz, dont nous saluons le rôle éminent qu’il assume en permanence à la tête du Secrétariat Général, en vue de consolider les liens de fraternité et de solidarité entre les enfants de la Oummah islamique et d’œuvrer à la gloire de notre religion sublime, religion de paix, d’amour et de tolérance.
Monsieur le Président,
Nos présentes assises se tiennent dans une conjoncture internationale des plus délicates, caractérisée par la multiplication des défis et des dangers qui menacent notre Oummah. Cette situation s’est encore aggravée suite aux événements intervenus en Irak et à la détérioration de la situation dans les territoires palestiniens. Ceci outre l’escalade de la campagne hostile à notre religion.
Nous nous devons, aujourd’hui, d’examiner de manière approfondie cette situation complexe et d’explorer les voies les plus adéquates nous permettant de la surmonter afin de préserver l’intégrité et la stabilité de nos pays, de garantir le droit de nos peuples de vivre dans la liberté, la dignité et l’invulnérabilité et d’apporter notre contribution au renforcement des fondements de la paix et de la sécurité dans le monde.
Monsieur le Président du Sommet,
Majestés,
Excellences,
La situation difficile à la laquelle le peuple palestinien frère est confrontée, du fait de la persistance d’Israël dans le recours à la logique de la force et de ses agressions continues, appelle notre Sommet à agir en vue de garantir sans retard à ce peuple la protection internationale dont il a besoin, et d’exhorter les parties influentes à œuvrer pour faire triompher la volonté de paix dans la région, à travers la mise en œuvre rapide de la "feuille de route", et de relancer le processus de paix, conformèment aux principes de la légalité internationale et aux résolutions pertinentes des Nations Unies.
La réalisation d’une paix globale, juste et durable dans la région nécessite le rétablissement du peuple palestinien dans la totalité de ses droits légitimes et, en premier lieu, le droit à l’autodétermination et à la création d’un Etat indépendant ayant pour capitale Al-Qods Al-Sharif, ainsi que le recouvrement, par la Syrie et le Liban frères, de leurs territoires occupés.
Notre Organisation a le devoir, aujourd’hui plus que jamais, d’entreprendre une action immédiate et rapide en vue de mener une action efficace pour s’opposer aux tentatives incessantes d’Israël de modifier les monuments de la ville d’Al-Qods Al-Sharif et de violer l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa.
Il importe, également, de conjuguer nos efforts avec ceux des Etats épris de paix, en vue de faire de la région du Moyen- Orient une zone exempte d’armes de destruction massive en traitant cet épineux dossier avec le maximum d’intégrité et d’impartialité, loin de la politique des "deux poids deux mesures", tout en réaffirmant le droit des Etats islamiques, à l’instar du reste du monde, d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.
Monsieur le Président,
Nous avons la conviction que la Oummah islamique se doit, aujourd’hui, de transcender l’état de choc et l’hésitation qui l’ont gagnée à la suite de la guerre contre l’Irak, et de ses dangereux développements. Elle se doit d’adopter une démarche concertée et réfléchie pour faire face à cette nouvelle situation et coopérer sur cette base, avec la communauté internationale représentée par l’Organisation des Nations Unies, afin que l’Irak recouvre sa pleine souveraineté, dans le cadre de la préservation de l’unité de son peuple et de ses territoires, et afin de permettre à ce pays d’entamer, sans retard, l’élimination des séquelles de la guerre, dans la sécurité, la stabilité et la cohésion.
Dans ce cadre, la Tunisie exprime, une fois de plus, l’espoir que les premières initiatives prises en Irak et saluées par le Conseil de Sécurité, dans sa résolution 1500, permettront au peuple irakien de consolider sa souveraineté dans les plus brefs délais.
Monsieur le Président,
L’aggravation de l’extrémisme et du terrorisme dans le monde renforce notre conviction qu’une action efficace face à ce dangereux phénomène nécessite l’adoption d’une approche internationale globale, pour pouvoir le combattre et l’éradiquer.
C’est sur la base de cette conviction que la Tunisie a de nouveau préconisé, lors de la session actuelle de l’Assemblée Générale des Nations Unies, l’organisation d’une conférence internationale, sous parrainage onusien, en vue de l’établissement d’un Code de conduite pour la lutte contre le terrorisme, code qui engagerait tous les Etats. Nul doute que l’adoption d’un tel Code aiderait à élaborer une vision commune de ce phénomène, et partant à clarifier les concepts et à mettre fin à toutes les formes d’amalgame avec l’Islam ou avec le droit des peuples à combattre l’occupation.
Dans ce contexte, nous sommes persuadés que la réussite de la communauté internationale dans ses actions contre ce phénomène ne peut être assurée sans l’analyse de ses causes profondes, et l’élimination des facteurs de désespoir, d’exclusion et de marginalisation résultant de l’écart grandissant entre monde développé et monde en développement, outre l’impératif d’agir en vue de limiter les conséquences négatives de la mondialisation.
Nous sommes convaincus que les pays islamiques frères, qui ont été les premiers à mettre en place un cadre juridique approprié pour la lutte contre le phénomène de l’extrémisme et du terrorisme, en adoptant le Code de conduite islamique puis la Convention de lutte contre le terrorisme, ne ménageront aucun effort pour appuyer l’initiative tunisienne.
La consolidation de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans le monde commande la consécration des principes du dialogue, de l’entente et de la tolérance entre les peuples. Il s’agit de valeurs intellectuelles et civilisationnelles qui sont indispensables pour l’édification de relations internationales équilibrées.
Il ne fait pas de doute, à cet égard, que la logique du choc des civilisations est inconciliable avec ces nobles valeurs prônées par les différentes religions révélées et consacrées par les conventions et chartes internationales.
Sur cette base et en application des principes de notre religion islamique sublime, nos Etats et notre Organisation se doivent d’œuvrer à consacrer le dialogue entre les cultures et les religions et à mettre en valeur l’image resplendissante de l’Islam qui prône la fraternité, l’amour du prochain et la coexistence pacifique, et proscrit toutes les formes d’extrémisme et le repli sur soi.
L’un de nos devoirs les plus impératifs, à l’heure où le monde vit une véritable révolution dans le domaine de la communication, consiste à œuvrer en vue d’exploiter judicieusement les moyens modernes de communication pour faire connaître les spécificités de la civilisation islamique, ses valeurs nobles et son ouverture sur les autres civilisations du monde.
Il serait, également, très utile que nos pays s’emploient à multiplier les manifestations et espaces qui puissent jeter des ponts de dialogue et de contact avec les autres cultures, et mettre en exergue les valeurs universelles qu’elles ont en commun avec notre culture musulmane.
Profondément enracinée dans son identité islamique, la Tunisie s’est employée à contribuer efficacement à cet effort. Elle a ainsi organisé, durant le mois d’avril dernier, en coopération avec l’Organisation de la Conférence islamique, le colloque : "l’Islam et la paix" dont les travaux ont été couronnés par l’adoption de la "Déclaration de Tunis" et la création du "Forum de Tunis pour la paix".
Les conclusions de ce colloque sont venues conforter les nombreuses mesures et initiatives que notre pays a sans cesse préconisées en faveur de la promotion du dialogue entre les civilisations, les cultures et les religions. Dès 1995, en effet, la Tunisie avait élaboré la "Charte de Carthage sur la Tolérance", avant de créer en 2001 "la Chaire Ben Ali pour le dialogue des civilisations et des cultures" et d’accueillir, durant la même année, le "colloque international sur le dialogue des civilisations".
Dans ce même contexte, la Tunisie, forte de sa foi en le rôle du sport dans le raffermissement des liens d’amitié, de coopération et de rapprochement entre les peuples, et compte tenu de l’importance de l’éducation physique en tant qu’instrument de renforcement des fondements de la paix et de consolidation du développement dans le monde, a présenté à l’Assemblée Générale des Nations Unies, au cours de sa présente session, un projet de résolution qui préconise la proclamation d’une année internationale pour le sport et l’éducation physique au service de la paix et du développement.
Notre souhait est que le groupe islamique continue d’apporter son soutien à cette initiative, tout particulièrement dans le cadre du système des Nations Unies, eu égard à ses nobles objectifs.
Monsieur le Président,
A l’heure où le monde contemporain voit se multiplier les foyers de tension et d’agitation et se dégrader les conditions de l’humanité du fait de la recrudescence de la pauvreté, des maladies et des frustrations, la Tunisie réaffirme son attachement à contribuer à l’établissement de relations internationales nouvelles, qui soient fondées sur la coopération, la solidarité et l’entraide, afin de réduire l’écart entre pays développés et pays moins développés et de renforcer les conditions de sécurité, de stabilité et de développement dans le monde.
Nous nous devons, dans ce cadre, de conjuguer nos efforts, en vue de consolider les fondements de la stabilité, de la sécurité et du développement sur le continent africain. Nous attendons des Etats islamiques qu’ils apportent leur soutien au NEPAD, - l’initiative pour le nouveau partenariat pour le développement en Afrique -, dont nous souhaitons qu’elle puisse contribuer à soutenir les efforts de l’Union Africaine pour la concrétisation des aspirations des peuples du continent au progrès et au bien-être et la réalisation de leurs ambitions légitimes de complémentarité économique, de développement intégral, de prospérité et d’invulnérabilité.
La Tunisie saisit, également, cette occasion pour réitérer sa proposition en faveur de l’établissement d’un plan de partenariat islamo-africain dont le Secrétariat Général de l’OCI veillerait à la concrétisation, avec le concours de la Commission islamique pour la solidarité.
D’un autre côté, notre pays qui suit le développement de la situation en Afghanistan, exprime l’espoir de voir se rétablir la stabilité et la sécurité sur l’ensemble du territoire de ce pays frère, pour que puisse s’y renforcer le processus de reconstruction. La Tunisie réaffirme, en outre, sa pleine disponibilité pour prêter son expérience à ce processus, au service de la paix et du développement dans la région.
Tout en vous renouvelant nos remerciements pour l’approbation et le soutien qu’a recueillis notre initiative en faveur de la création du Fonds mondial de solidarité et de lutte contre la pauvreté, nous formons l’espoir que les Etats islamiques conjugueront leurs efforts avec ceux des autres pays du monde pour faire en sorte que ce Fonds entame ses nobles tâches humanitaires dans les plus brefs délais, et cela en le dotant des ressources financières nécessaires à son fonctionnement.
Nous saluons le rôle important que notre Organisation a assumé, et continue d’assumer depuis sa fondation, pour la consolidation des fondements de l’entraide et de la solidarité entre les Etats Islamiques, le raffermissement de leurs relations, et pour faire entendre leur voix auprès du reste du monde et faire connaître l’image resplendissante de notre religion.
Nous sommes persuadés qu’il est aujourd’hui nécessaire pour notre Organisation d’œuvrer à développer ses structures et à les rendre plus opérationnelles afin qu’elle puisse s’acquitter au mieux de ses tâches et faire face avec efficacité aux défis auxquels la Oummah islamique se trouve confrontée.
Nous formons le souhait que ce Sommet constitue une date marquante dans l’évolution de l’OCI et inaugure une dynamique nouvelle qui soit en harmonie avec les programmes adoptés par nos Etats, en vue de hisser l’action islamique commune au niveau des ambitions de nos peuples et de leur aspiration à un lendemain meilleur.
La Tunisie, qui est attachée aux principes et aux nobles objectifs de notre Organisation, ne ménagera aucun effort pour continuer de contribuer au renforcement de l’action islamique commune, afin que la Oummah islamique puisse occuper la place influente à laquelle elle aspire, en demeurant attachée à sa civilisation islamique tout en étant réceptive aux conditions de modernité.
Les Etats islamiques se doivent, aujourd’hui, de se tenir au diapason du progrès technologique et de renforcer leur coopération dans ce domaine et dans les autres secteurs de l’économie, au moyen du lancement de projets conjoints, du développement du commerce interislamique et de l’instauration d’un programme de promotion des investissements dans les différents secteurs.
La Tunisie qui s’apprête à accueillir le Sommet Mondial sur la Société de l’Information en sa seconde phase, en 2005, compte sur le soutien des Etats islamiques pour la réussite de ce Sommet, de telle sorte qu’il constitue une occasion privilégiée pour le renforcement des chances des pays en développement pour la réduction de la fracture numérique et cela à travers, notamment, l’adoption d’une charte internationale et de plans d’action regionaux en faveur de l’utilisation de la technologie informatique dans les programmes de développement des pays en développement.
Monsieur le Président,
Majestés,
Altesses,
Excellences,
Qu’il me soit permis, à l’heure où nous nous apprêtons à accueillir le mois saint de Ramandan au cours duquel fut révélé le Coran, de vous présenter, à tous, nos félicitations sincères, en priant Dieu Tout-Puissant de faire que ce mois soit un augure de bien-être et d’abondance pour la Oummah islamique tout entière.
Puisse le Très-Haut nous apporter Son aide et Son inspiration pour le bien de la Oummah Islamique, sa gloire et son invulnérabilité.
Merci de votre attention.
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