Israël et les États-Unis se sont déclarés sceptiques au sujet de l’accord survenu la semaine passée entre l’Iran et trois ministres des Affaires étrangères européens, au sujet du programme nucléaire iranien.
D’après cet accord, l’Iran gèlerait son programme d’enrichissement de l’uranium, qui permet d’en avoir un usage militaire, et améliorerait la supervision internationale de ses installations nucléaires en ratifiant le protocole additionnel du Traité de Non Prolifération (TNP) qui permet des inspections surprises. Téhéran s’est également engagé à donner à l’Agence Internationale à l’Énergie Atomique le détail complet de son programme nucléaire d’ici au 31 octobre, date butoir fixée par l’Agence avant de saisir le Conseil de Sécurité de l’ONU.
Un officier des services de renseignement israéliens a confié à Ha’aretz, sous couvert de l’anonymat naturellement, que « les Iraniens envoient des messages tout à fait contradictoires aux Européens et à leur scène politique intérieure. ». Au sein de celle-ci Téhéran explique en effet déjà qu’il ne s’agit que d’une suspension temporaire. « Il est déjà possible d’en conclure avec certitude que les Iraniens ont à nouveau menti », a-t-il ajouté.
D’après un article paru dans Newsweek lundi 27 octobre 2003, les conseillers du président états-unien, George W. Bush, seraient également sceptiques quant à cet accord. L’article relate en effet que l’administration états-unienne conçoit le régime iranien comme un partage entre trois centres de pouvoir distincts : les modérés, dirigés par le Président Mohammed Khatami, les défenseurs d’une ligne dure, emmenés par le leader spirituel suprême, Alil Khamenei, et une troisième faction encore plus extrémiste composée de religieux et de responsables des services secrets. Ce troisième groupe serait engagé officieusement dans diverses activités extrémistes, telles que le soutien massif aux organisations terroristes. Washington n’est donc pas convaincu que le gouvernement du président Khatami a les moyens de faire respecter un gel du programme nucléaire, même s’il le souhaitait.
Le directeur des services de renseignement militaires israéliens, le Major Général Aharon Ze’evi, a déclaré cette semaine dans le bulletin interne de l’Intelligence Heritage Center, une fondation états-unienne dédiée à la mémoire des officiers de renseignement morts en service, que les chances de faire cesser le programme nucléaire iranien étaient « extrêmement faibles ».

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« Israel, U.S. skeptical about pact to end Iran nuke program », par Amos Harel, Ha’aretz, 28 octobre 2003.