L’émissaire de l’Union européenne au Proche-Orient, Marc Otte, a déclaré qu’Israël manquait une bonne opportunité de peser sur la position de l’Union européenne concernant le règlement du conflit israélo-palestinien.
Marc Otte, qui a remplacé Miguel Moratinos en juillet, a rencontré le président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, au début du mois, et s’est vu refusé, en conséquence tout contact avec le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, et son ministre des Affaires étrangères, Silvan Shalom.
« J’aimerais que le Premier ministre ou le ministre des Affaires étrangères accepte de me rencontrer », a-t-il indiqué au Jerusalem Post, mardi 28 octobre. « Je ne suis pas ici pour pointer du doigt ou accuser Israël, mais pour dialoguer ». Ce refus de le rencontrer le met dans l’incapacité de faire son travail, a-t-il ajouté.
Des diplomates israéliens ont confié au même Jerusalem Post, sous le sceau de l’anonymat, qu’ils avaient récemment reçu des indices depuis Bruxelles indiquant que, si les dirigeants israéliens refusent de recevoir Marc Otte, l’Union européenne prendra des mesures réciproques à l’égard des diplomates israéliens en mission en Europe.
Marc Otte a indiqué que, s’il ne rencontre pas Ariel Sharon ou Silvan Shalom, son rapport sur la situation ne sera pas complet. Il a également déclaré qu’il savait à quoi il s’exposait en rencontrant le leader de l’Autorité palestinienne, mais qu’il se devait de suivre la position et les instructions de l’Union européenne.
« La position de l’Union européenne est que, quel que soit le rôle du président Arafat, nous reconnaissons qu’il a de l’influence, que parfois il use de cette influence pour des buts avec lesquels nous sommes en désaccord, mais parfois pour des objectifs que nous désirons », a-t-il précisé.
Pour valider l’intérêt de discuter avec Arafat, il a ensuite indiqué que la décision du président palestinien de nommer Mahmoud Abbas au poste de Premier ministre, au début de l’année, était le résultat de difficiles négociations avec le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana.
Il a également fait part de ses interrogations concernant le mur de séparation, dont il cherche à évaluer l’utilité pour Israël. Il s’est pourtant refusé à adopter la position du parlementaire israélien, Ahmed Tibi, qui parle d’un « mur d’apartheid ».
Concernant les accords de Genève, Marc Otte a qualifié l’initiative de positive, puisqu’elle démontre que les citoyens palestiniens et israéliens « peuvent parler les uns avec les autres et se mettre d’accord sur une vision de l’avenir ». Mais, étant donné le caractère privé de cette initiative, il s’est refusé à se prononcer sur le fond.

Source
Jerusalem Post (Israël)

« EU envoy says Sharon’s boycott hurting Israel », par Herb Keinon, Jerusalem Post, 29 octobre 2003.