Le président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, a demandé, mardi 28 octobre 2003, à son Premier ministre, Ahmed Qureih, de former un gouvernement permanent d’ici à le semaine prochaine. Peu de temps après cette requête, Ahmed Qureih est apparu en public aux côtés du major général Nasser Youssef, son candidat au poste de ministre de l’Intérieur, tombé en disgrâce auprès d’Arafat le mois dernier. Yasser Arafat avait d’ailleurs demandé à son Premier ministre de former un gouvernement d’urgence sans Youssef, et sans aucune prérogative au sein de l’appareil de sécurité palestinien.
Ahmed Qureih a pour l’instant déclaré n’avoir pas reçu de requête écrite de la part du président palestinien. Il avait d’ailleurs indiqué, la semaine dernière, qu’il ne souhaitait pas rester à la tête du gouvernement au delà du délai d’un mois dont il disposait, en raison des obstructions d’Arafat.
La nomination d’un ministre de l’Intérieur et le contrôle des forces de sécurité devraient désormais faire l’objet de négociations entre les deux pôles du pouvoir. Le candidat de Yasser Arafat pour le poste se nomme Abdel Razak al-Yahya, d’après des confidences faites par des officiels palestiniens au Jerusalem Post. Cette solution pourrait obtenir l’assentiment d’Ahmed Qureih. Yahya, qui est âgé de plus de 70 ans, est un ancien général de l’Armée de Libération de la Palestine et un officeir de l’armée syrienne. Son nom pourrait rassembler les voix du Comité central du Fatah, ainsi que celles du Conseil Législatif palestinien. Il est considéré comme un modéré et un défenseur du processus de paix. Il a déjà rempli ce rôle en 2002, et il avait alors tenté de réformer les forces de sécurité, en tentant d’appliquer la loi et l’ordre sur le terrain. Il s’était alors heurté à plusieurs reprises à l’opposition de Yasser Arafat pour certaines nominations et réformes.
Dans le même temps, le cheikh Ahmed Yassin, leader du Hamas, a déclaré, mardi 28, que son organisation était disposée à discuter d’une éventuelle hudna, c’est à dire d’un cessez-le-feu, et que des contacts étaient en cours avec Ahmed Qurei afin d’organiser une réunion entre les représentants des deux bords. Yassin a néanmoins indiqué que le Hamas se réservait le droit de répondre aux « crimes israéliens » et a récusé les informations selon lesquelles l’Égypte aurait demandé à son organisation de s’asseoir à la table des négociations.
Dans le même temps, le président états-unien, George W. Bush, a fustigé la « vieille garde » palestinienne, qu’il estime moins disposée à lutter contre les organisations terroristes que l’ancien Premier ministre, Mahmoud Abbas, démissionné il y a deux semaines, et dont il a vanté les mérites. Il a ensuite rejeté toute comparaison avec la manière dont les États-Unis conçoivent Saddam Hussein et Yasser Arafat, indiquant que les États-Unis ne sont pas intéressés par un règlement militaire de ces questions parce que les solutions militaires sont, pour les États-Unis, à utiliser « en dernier ressort ». Il a néanmoins critiqué la construction de la clôture israélienne.
Devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères, le numéro deux du Département d’État, Richard Armitage, a, pour sa part, critiqué le fait qu’Israël confère un statut aux avant-postes illégaux en Cisjordanie, qui se sont vus attribuer l’accès à l’électricité et aux services d’éducation israéliens.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.
Jerusalem Post (Israël)

« Arafat asks Qureia to form permanent gov’t », par Arnon Regular et Nathan Guttman, Ha’aretz, 29 octobre 2003. « Yahya seen likely next PA interior minister », par Lamia Lahoud, Jerusalem Post, 29 octobre 2003.