Je vous remercie de m’avoir invité à célébrer avec vous le 20e
anniversaire de la Fondation nationale pour la démocratie (National Endowment for Democracy-NED). Le
personnel et la direction de cette fondation ont contribué à
l’histoire des 20 dernières années. En parlant au nom de la liberté et
en la défendant, vous avez donné de l’espoir à une multitude de
personnes à travers le monde et vous avez fait honneur aux Etats-Unis.

(...)

Notre démocratie tire son origine de l’Angleterre et de son Parlement,
et il en est de même pour votre fondation. En juin 1982, le président
Ronald Reagan déclara devant le Parlement britannique que l’histoire
était arrivée à un tournant. Il soutint que le communisme soviétique
avait échoué, précisément parce qu’il ne respectait pas le peuple
soviétique - sa créativité, son génie et ses droits.

Le président Reagan dit que la tyrannie soviétique allait disparaître,
que la liberté avait pris un élan que l’on ne pourrait arrêter. Il
donna à votre fondation sa mission, à savoir accélérer l’élan de la
liberté à travers le monde. Votre mission était importante il y a
vingt ans, elle l’est tout autant de nos jours.

Un certain nombre de détracteurs parlèrent avec dédain du discours du
président Reagan. On peut lire dans un éditorial de l’époque : "Il
semble difficile d’être un Européen raffiné et également un admirateur
de Ronald Reagan." Certains observateurs des deux côtés de
l’Atlantique déclarèrent que son discours était simpliste et naïf,
voire dangereux. En fait, les propos de Ronald Reagan étaient
courageux, optimistes et tout à fait corrects.

Le grand mouvement démocratique que le président Reagan décrivait
était déjà bien en cours. Au début des années 1970, on comptait une
quarantaine de pays démocratiques dans le monde. Au milieu de cette
décennie, le Portugal, l’Espagne et la Grèce eurent des élections
libres. Peu de temps après, des pays d’Amérique latine se dotèrent
d’un régime démocratique, et la Corée, Taïwan et d’autres pays d’Asie
de l’Est mirent en place des institutions libres. Cette même semaine
en 1989, des manifestations eurent lieu à Berlin-Est et à Leipzig. A
la fin de cette année-là, toutes les dictatures communistes en
Amérique centrale s’étaient effondrées. L’année suivante, le
gouvernement sud-africain libéra Nelson Mandela. Quatre ans plus tard,
celui-ci fut élu président de son pays, passant comme Lech Walesa et
Vaclav Havel de l’état de prisonnier à celui de chef d’Etat.

A la fin du XXe siècle, on dénombrait quelque 120 pays démocratiques
dans le monde, et je peux vous donner l’assurance que ce nombre va
augmenter. Ronald Reagan serait heureux et il ne serait pas surpris.

Vous avez observé, en une vingtaine d’années, la progression la plus
rapide de la liberté depuis l’origine de la démocratie il y a 2.500
ans. Les futurs historiens offriront leurs propres explications de ce
qui s’est passé. Déjà nous connaissons certaines des raisons dont ils
feront état. Ce n’est pas par hasard que l’apparition de tant de
démocraties a eu lieu à une époque où le pays le plus influent du
monde était lui-même doté d’un régime démocratique.

Les Etats-Unis ont pris des engagements d’ordre militaire et moral
envers l’Europe et l’Asie, qui ont permis de protéger des pays libres
de l’agression et qui ont créé les conditions nécessaires à
l’épanouissent des nouvelles démocraties. Alors que nous assurions la
sécurité de pays entiers, nous offrions une inspiration à des peuples
opprimés. Dans les camps d’internement, dans les réunions syndicales
frappées d’interdiction, dans les églises clandestines, des hommes et
des femmes savaient que le monde entier ne vivait pas dans le même
cauchemar qu’eux. Ils étaient au courant d’au moins un lieu - un pays
splendide et plein d’espoir - où la liberté était chérie et garantie.
Ils priaient pour que les Etats-Unis ne les oublient pas ou pour
qu’ils n’oublient pas la mission consistant à encourager la liberté
dans le monde entier.

Les historiens constateront que, dans de nombreux pays, la progression
de l’économie de marché et de la libre-entreprise a contribué à créer
des classes moyennes qui étaient assez sûres d’elles-mêmes pour
réclamer leurs droits. Ils citeront le rôle de la technologie qui
permet de passer outre à la censure et au contrôle central et
s’émerveilleront devant le pouvoir des communications instantanées de
répandre la vérité, les nouvelles et le courage de part et d’autre des
frontières.

Les futurs historiens se pencheront sur un fait extraordinaire et
indéniable : au fil du temps, les pays où règnent la liberté
deviennent plus forts alors que les dictatures deviennent plus
faibles. Au milieu du XXe siècle, certains imaginaient que la
planification centrale et une discipline sociale très stricte
constituaient le chemin le plus court pour devenir une puissance
nationale. En fait, la prospérité, la vitalité sociale et le progrès
technique d’un peuple sont directement déterminés par le degré de sa
liberté. La liberté donne libre cours à la créativité de l’homme, et
la créativité détermine la force et la richesse des nations. La
liberté est aussi bien le plan divin pour l’humanité que le meilleur
espoir de progrès sur terre.

La progression de la liberté constitue une tendance puissante.
Néanmoins, nous savons aussi que l’on peut perdre la liberté si on ne
la défend pas. Le succès de la liberté n’est pas déterminé par une
dialectique quelconque relative à l’histoire. Par définition, le
succès de la liberté dépend des choix et du courage des peuples libres
et de leur acceptation de faire des sacrifices. Dans les tranchées de
la Première Guerre mondiale, sur les deux fronts de la Seconde Guerre
mondiale, dans les batailles difficiles de Corée et du Vietnam et lors
des missions de sauvetage et de libération effectuées dans presque
tous les continents, les Américains ont amplement montré qu’ils
étaient disposés à faire des sacrifices pour défendre la liberté.

Les sacrifices des Américains n’ont pas toujours été reconnus ou
appréciés, et pourtant ils ont été utiles. Grâce à notre fermeté et à
celle de nos alliés, l’Allemagne et le Japon sont des Etats
démocratiques qui ne font plus peser une menace sur le monde. Le
risque d’un affrontement nucléaire avec l’Union soviétique a pris fin
pacifiquement, tout comme l’Union soviétique elle-même. Les Etats
européens s’orientent vers l’unité au lieu de se diviser en camps
armés et de tomber dans le génocide. Tous les pays ont appris, ou
auraient dû apprendre, une leçon importante : la liberté vaut la peine
que l’on se batte pour elle, que l’on meure pour elle et qu’on la
défende, et sa progression aboutit à la paix.

Et maintenant nous devons appliquer cette leçon à notre époque. Nous
avons atteint un autre grand tournant, et la détermination dont nous
faisons montre influencera le prochain stade du mouvement démocratique
dans le monde.

Notre attachement à la démocratie est mis à l’épreuve dans des pays
tels que Cuba, la Birmanie, la Corée du Nord et le Zimbabwe, qui sont
des avant-postes de la répression dans le monde d’aujourd’hui. Les
habitants de ces pays vivent en captivité, dans la crainte et dans le
silence. Néanmoins, ces pays ne peuvent pas juguler la liberté pour
toujours, et un jour des dirigeants de nouvelles démocraties sortiront
des camps d’internement et des cellules de prison et retourneront de
l’exil. Le communisme, le militarisme et le gouvernement par des êtres
capricieux et corrompus sont les reliques d’une époque révolue. Nous
nous tiendrons aux côtés de ces peuples opprimés jusqu’au jour où ils
jouiront finalement de la liberté.

Notre attachement à la démocratie est mis à l’épreuve en Chine. La
population de ce pays jouit d’un éclat, d’un fragment de liberté, mais
elle finira par réclamer sa liberté entière. La Chine a découvert que
la liberté dans le domaine économique permettait d’accroître la
richesse nationale. Les dirigeants de la Chine ont aussi découvert que
la liberté était indivisible, que la liberté sociale et religieuse
était aussi essentielle à la grandeur de leur pays et à sa dignité.
Les hommes et les femmes qui sont autorisés à avoir le contrôle de
leur richesse finiront par insister pour avoir le contrôle de leur vie
et de leur propre pays.

Notre attachement à la démocratie est aussi mis à l’épreuve au
Moyen-Orient, qui est aujourd’hui mon centre d’attention et qui sera
un des centres d’attention de la politique américaine pendant les
décennies à venir. Dans de nombreux pays du Moyen-Orient, dans des
pays qui revêtent une grande importance stratégique, la démocratie ne
s’est pas encore enracinée. Il s’ensuit qu’on peut se poser plusieurs
questions. Les peuples du Moyen-Orient sont-ils en quelque sorte hors
de portée de la liberté ? Des millions d’hommes, de femmes et
d’enfants sont-ils condamnés par l’histoire ou par leur culture à
vivre sous un régime despotique ? Sont-ils les seuls à ne jamais
connaître la liberté et à ne jamais avoir de choix dans ce domaine ?
Moi, je ne le crois pas. Je crois que toute personne a la capacité et
le droit d’être libre.

Certains détracteurs de la démocratie affirment que les traditions
islamiques sont incompatibles avec un gouvernement représentatif.
Cette "condescendance culturelle", comme l’a baptisée Ronald Reagan,
remonte à loin. Après la capitulation du Japon, en 1945, un soi-disant
expert sur cet ancien empire a affirmé que la démocratie n’y
"marcherait jamais". Un autre observateur a affirmé que les
perspectives de la démocratie dans l’Allemagne de l’après-Hitler
étaient, je cite, "des plus incertaines dans le meilleur des cas".
C’était en 1957. Il y a 74 ans, le "Sunday London Times" affirmait que
les neuf dixièmes de la population de l’Inde étaient illettrés et se
"moquaient de la politique comme de leur première chemise". Pourtant,
lorsque, dans les années 70, la démocratie indienne a été menacée, le
peuple indien a donné la preuve de son engagement envers la liberté
dans un référendum national qui a sauvé son régime politique.

Les observateurs n’ont cessé de demander si tel ou tel pays, tel ou
tel peuple, tel ou tel groupe était "prêt" pour la démocratie - comme
si la liberté était un prix que l’on gagnait en respectant les normes
occidentales du progrès. En fait, c’est le travail quotidien de la
démocratie lui-même qui ouvre la voie vers le progrès. Il enseigne la
coopération, le libre-échange des idées et le règlement pacifique des
différends. Comme le montrent des hommes et des femmes du Bangladesh
au Botswana en passant par la Mongolie, c’est la pratique de la
démocratie qui prépare une nation à la démocratie, et chaque pays peut
s’engager sur cette voie.

Il devrait être clair que l’islam - une foi professée par un cinquième
de l’humanité - cadre avec les règles de la démocratie. Le progrès
démocratique se manifeste dans de nombreux pays à forte influence
musulmane - en Turquie et en Indonésie, au Sénégal et en Albanie, au
Niger et en Sierra Leone. Les musulmans et les musulmanes sont de bons
citoyens de l’Inde et de l’Afrique du Sud, des pays de l’Europe
occidentale et des Etats-Unis d’Amérique.

Plus de la moitié de tous les musulmans du monde vivent dans la
liberté sous l’autorité de gouvernements démocratiquement constitués.
Ils réussissent dans les sociétés démocratiques, non pas en dépit de
leur foi, mais grâce à elle. Une religion qui exige une responsabilité
morale individuelle et qui encourage la communion de l’individu avec
Dieu est entièrement compatible avec les droits et responsabilités
qu’implique l’autonomie.

Cependant, il se pose aujourd’hui un grand défi au Moyen-Orient. Selon
un rapport récemment publié par des universitaires arabes, la vague
mondiale de la démocratisation a, et je cite, "à peine effleuré les
Etats arabes". Et ils ajoutent : "Ce déficit de liberté sape le
développement humain et est l’une des manifestations les plus
douloureuses d’un développement politique à la traîne." Le déficit de
liberté qu’ils décrivent a de terribles conséquences sur les peuples
du Moyen-Orient et sur le monde. Dans de nombreux pays du
Moyen-Orient, la pauvreté est considérable et elle s’étend encore, les
femmes n’ont pas assez de droits et se voient refuser toute éducation.
Des sociétés entières stagnent pendant que le monde évolue. Ce ne sont
pas là les échecs d’une culture ou d’une religion. Ce sont les échecs
de doctrines politiques et économiques.

A la fin de l’ère coloniale, le Moyen-Orient a vécu la création de
nombreuses dictatures militaires. Certains dirigeants ont adopté les
dogmes du socialisme, exerçant un contrôle total sur les partis
politiques, les médias et les universités. Ils se sont alliés au bloc
soviétique et au terrorisme international. En Irak et en Syrie, les
dictateurs ont promis le retour de l’honneur national et de la gloire
passée. Mais au lieu de cela, ils ont apporté la torture,
l’oppression, la misère et la ruine.

D’autres hommes, ou groupes d’hommes, ont établi leur influence au
Moyen-Orient par le truchement d’une idéologie théocratique de
terreur. Derrière leur langage religieux se cache le désir du pouvoir
politique absolu. Des cabales dirigeantes, comme les talibans, ont
montré la façon dont elles concevaient la piété religieuse en
fouettant des femmes, en supprimant brutalement toute différence et
toute dissidence et en soutenant des terroristes qui s’arment et
s’entraînent en vue de l’assassinat d’innocents. Les talibans avaient
promis la pureté religieuse et la fierté nationale. Au lieu de cela,
ils ont systématiquement détruit une société fière et travailleuse,
laissant derrière eux souffrance et famine.

De nombreux gouvernements moyen-orientaux comprennent maintenant que
la dictature militaire et la théocratie sont une voie qui ne mène
nulle part. Mais certains gouvernements s’accrochent toujours aux
vieilles habitudes de la centralisation du pouvoir. Il existe des
gouvernements qui craignent encore et font tout pour réprimer la
pensée et la créativité indépendantes, l’entreprise privée et toutes
les qualités humaines qui sous-tendent les sociétés stables et
florissantes. Même les pays qui disposent de vastes ressources
naturelles sont incapables de respecter et de développer leur bien le
plus précieux : le talent et l’énergie des hommes et des femmes qui
travaillent et vivent dans la liberté.

Au lieu de s’étendre sur les erreurs passées et d’accuser les autres,
les gouvernements du Moyen-Orient feraient mieux de s’attaquer aux
vrais problèmes et de réellement servir les intérêts de leur pays. Les
peuples capables et vertueux du Moyen-Orient méritent des dirigeants
responsables. Pendant trop longtemps, les peuples de la région ont été
des victimes et des sujets - ils méritent de devenir des citoyens
actifs.

Les gouvernements du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord commencent à
prendre conscience de la nécessité du changement. Le Maroc a un
parlement plus diversifié ; le roi Mohammed l’a exhorté à renforcer
les droits des femmes. Voici comment Sa Majesté a expliqué aux
parlementaires les réformes qu’il envisageait : "Comment une société
peut-elle progresser quand les femmes, qui représentent la moitié de
la nation, voient leurs droits bafoués et souffrent de l’injustice, de
la violence et de la marginalisation, malgré la dignité et la justice
que leur reconnaît notre glorieuse religion ?" Le roi du Maroc a
raison : l’avenir des nations musulmanes sera plus radieux pour tous
avec la participation des femmes.

L’année dernière, au Bahreïn, les citoyens ont élu leur parlement pour
la première fois en trente ans. Le sultanat d’Oman a étendu le droit
de vote à tous les citoyens adultes ; le Qatar s’est doté d’une
nouvelle constitution ; le Yémen a désormais un système politique
pluraliste ; le Koweït a une assemblée nationale directement élue, et
la Jordanie a organisé des élections historiques cet été. De récents
sondages réalisés dans les pays arabes révèlent qu’il existe un vaste
soutien au pluralisme, à l’Etat de droit et à la liberté d’expression.
Ce sont là les premiers frémissements de la démocratie au
Moyen-Orient, et ils sont la promesse de vastes changements à venir.

Au fur et à mesure que le changement arrive au Moyen-Orient, ceux qui
sont au pouvoir devraient se poser la question suivante : se
souviendra-t-on d’eux parce qu’ils ont résisté au changement, ou parce
qu’ils l’ont soutenu ? En Iran, l’exigence de démocratie est forte et
répandue, comme nous l’avons constaté le mois dernier lorsque des
milliers de gens se sont rassemblés afin d’accueillir Shirin Ebadi, la
lauréate du prix Nobel de la paix. Le gouvernement de Téhéran doit
tenir compte des aspirations de son peuple à la démocratie ou renoncer
à son ultime prétention à la légitimité.

Quant au peuple palestinien, la seule voie vers l’indépendance, la
dignité et le progrès est la démocratie. Et les dirigeants
palestiniens qui bloquent ou sapent les réformes démocratiques, qui
alimentent la haine et encouragent la violence ne sont pas des
dirigeants. Ils sont les principaux obstacles à la paix et au succès
du peuple palestinien.

Le gouvernement saoudien est en train de faire les premiers pas vers
la réforme, notamment en introduisant progressivement des élections.
En donnant aux Saoudiens un plus grand rôle dans leur propre société,
le gouvernement de ce pays peut avoir une réelle influence dans la
région.

La grande et fière nation égyptienne a montré la voie de la paix au
Moyen-Orient, et maintenant elle doit y indiquer celle de la
démocratie. Les champions de la démocratie dans la région savent
qu’elle n’est pas parfaite. Il ne s’agit pas de s’acheminer vers une
utopie, mais c’est le seul chemin qui conduit au succès et à la
dignité.

A mesure que nous observons et encourageons les réformes dans la
région, nous n’oublions nullement que modernisation ne signifie pas
occidentalisation. Les gouvernements représentatifs du Moyen-Orient
vont refléter la culture de leur pays. Ils ne doivent ni ne sauraient
nous ressembler. Un Etat démocratique peut épouser la forme d’une
monarchie constitutionnelle, d’une république fédérale ou d’un régime
parlementaire. De plus, une démocratie fonctionnelle a besoin de temps
pour se développer, comme ce fut le cas de la nôtre. Depuis 200 ans
nous avançons vers l’inclusion et la justice, et cela nous rend
patients et compréhensifs alors que d’autres Etats en sont à des
stades différents de cette évolution.

Mais toute société, toute culture florissante a certains principes
essentiels communs. Une bonne société limite le pouvoir de l’Etat et
le pouvoir de l’armée, de manière que le gouvernement réponde à la
volonté du peuple et non à celle d’une élite. Une société réussie
protège la liberté par l’application constante et impartiale de la
règle du droit, au lieu d’une application sélective des lois, destinée
à punir l’opposition politique. Une société dynamique assure un espace
aux institutions civiles : partis politiques, syndicats, journaux et
médias audiovisuels indépendants. Une société réussie garantit la
liberté des cultes : le droit de servir et d’honorer Dieu sans crainte
de persécution. Une société prospère privatise son économie et défend
le droit à la propriété. Elle interdit et sanctionne la corruption
officielle et investit dans la santé et dans l’éducation de sa
population. Elle reconnaît les droits des femmes. Et au lieu
d’inspirer la haine et le ressentiment envers d’autres sociétés, une
bonne société en appelle aux meilleures aspirations de son peuple.

Ces principes vitaux sont à l’honneur en Afghanistan et en Irak. Sous
la ferme direction du président Karzaï, le peuple afghan se forge un
gouvernement moderne et pacifique. Le mois prochain, 500 délégués vont
se réunir en assemblée nationale à Kaboul afin d’adopter une nouvelle
constitution. Le projet de constitution prévoit l’établissement d’un
parlement bicaméral, la tenue d’élections nationales l’année prochaine
et la reconnaissance de l’identité musulmane afghane, tout en
protégeant les droits de tous les citoyens. L’Afghanistan est
confronté à des difficultés économiques et à des problèmes de sécurité
tenaces : elle y fera face en tant que démocratie libre et stable.

En Irak, l’Autorité provisoire de la Coalition et le Conseil de
gouvernement irakien collaborent à la construction d’une démocratie -
et après trois décennies de tyrannie, ce travail n’est pas facile.
L’ancien dictateur avait régné par la terreur et la perfidie et
imprimé des réflexes profondément ancrés de peur et de méfiance. Les
vestiges de son régime, auxquels se sont joints des terroristes
étrangers, poursuivent leur offensive contre l’ordre et contre la
civilisation. Notre coalition réagit aux attaques récentes par des
raids précis entrepris sur la foi de renseignements fournis par les
Irakiens eux-mêmes. En outre, nous travaillons étroitement avec les
Irakiens à l’élaboration d’une constitution, à la préparation
d’élections libres et à leur reprise en main des rênes du pays. A
l’image de la défense de la Grèce en 1947 et, plus tard, du pont
aérien de Berlin, la force et la volonté de peuples libres sont mises
à l’épreuve devant un monde qui observe. Face à cette épreuve, nous ne
faillirons pas.

L’avènement de la démocratie en Irak est l’oeuvre de nombreuses mains.
Les forces des Etats-Unis et de la coalition consentent des sacrifices
pour la paix dans ce pays et pour la sécurité des Etats libres. Les
agents des organismes d’aide d’un grand nombre de pays bravent les
dangers pour aider le peuple irakien. Le Fonds national pour la
démocratie s’emploie à favoriser les droits de la femme, à former des
journalistes irakiens et à diffuser les connaissances nécessaires à la
participation politique. Les Irakiens eux-mêmes - policiers,
gardes-frontière et représentants locaux - se joignent à ce travail et
assument leur part de sacrifices.

C’est une entreprise massive et difficile : elle en vaut la peine,
elle mérite nos sacrifices, car nous en connaissons les enjeux.
L’échec de la démocratie en Irak enhardirait les terroristes de par le
monde, augmenterait les dangers qui pèsent sur le peuple américain et
anéantirait les espoirs de millions de personnes dans la région. Oui,
la démocratie régnera en Irak, et ce succès propagera la nouvelle, de
Damas à Téhéran, que la liberté est possible pour toute nation.
L’établissement d’un Irak libre au cœur du Moyen-Orient constituera
une étape décisive de la révolution démocratique mondiale.

Les soixante années d’excuses et d’accommodements de l’Occident face à
l’absence de liberté au Moyen-Orient n’ont rien fait pour notre
sécurité - car en fin de compte, la stabilité ne saurait s’acheter au
prix de la liberté. Tant que le Moyen-Orient demeurera un lieu où la
liberté ne règne pas, ce sera un lieu de stagnation, de ressentiment
et de violence prête à l’exportation. Et vu la prolifération d’armes
capables d’infliger des maux catastrophiques à notre pays et à nos
amis, ce serait folie que d’accepter le statu quo.

En conséquence, les Etats-Unis ont adopté une nouvelle politique, une
stratégie progressiste de liberté pour le Moyen-Orient. Cette
stratégie exige la même persistance, la même énergie et le même
idéalisme que nous avions déployés en d’autres occasions. Elle
conduira aux mêmes résultats. Comme en Europe, comme en Asie, comme
dans toutes les parties de la terre, l’avancée de la liberté mène à la
paix.

Cette avancée de la liberté est la mission de notre temps, la vocation
de notre pays. Des Quatorze Points aux Quatre Libertés et au discours
de Westminster, l’Amérique a placé sa puissance au service de ce
principe. Nous croyons que la liberté est le dessein de la nature ;
nous croyons que la liberté est la direction de l’histoire. Nous
croyons que l’être humain, dans sa plénitude et dans son excellence,
se réalise dans l’exercice responsable de la liberté. Enfin, nous
croyons que la liberté - la liberté que nous chérissons - n’appartient
pas qu’à nous, mais que l’humanité tout entière a le droit et la
capacité d’en jouir.

Promouvoir la liberté peut être une tâche ardue. Mais l’Amérique a
accompli des tâches difficiles par le passé. Notre pays est fort ; il
est fort de par sa générosité de cœur. Et il n’est pas seul. La
liberté trouve des alliés dans tous les pays ; elle en trouve dans
toutes les cultures. Et tandis que nous faisons face à la terreur et à
la violence du monde, nous pouvons être sûrs que l’auteur de la
liberté n’est pas indifférent au sort de la liberté.

Au milieu de toutes ses épreuves et de tous ses défis, l’ère présente
est, par-dessus tout, l’âge de la liberté. Chacun d’entre vous, qui
participez au travail de ce Fonds, est pleinement engagé dans la
grande cause de la liberté. Je vous en remercie. Que Dieu bénisse vos
travaux. Et que Dieu continue de bénir les Etats-Unis d’Amérique.

Source : Maison-Blanche