Les revers de ce mois en Irak ont affaibli le discours du président George W. Bush sur les « progrès » réalisés en Irak. 80 % du pays est stable et pacifié mais nous semblons perdre dans les 20 % du territoire où la population sunnite serait sous la coupe de Saddam Hussein. Toutefois, bien que souvent répétée, la comparaison avec le Vietnam n’est pas pertinente car nous faisions alors face à un million de combattants ennemis soutenus par le Nord Vietnam, la Chine et la Russie tandis qu’en Irak nous ne faisons face qu’à quelques milliers de ba’asistes et de jihadistes bénéficiant au mieux d’un soutien limité de l’Iran et de la Syrie. Toutefois, malgré tout, nous pouvons retirer les leçons du Vietnam pour combattre l’insurrection actuelle.
Le sénateur John McCain demande plus de troupes en Irak mais, comme le président Bush semble l’avoir compris, ce n’est pas en envoyant plus de troupes, comme nous l’avons fait au Vietnam, que nous vaincrons la guérilla car cela peut entraîner plus de dommages collatéraux dans la population. Il faut plutôt mener des politiques ciblées de contre-insurrection en nous inspirant de ce que nous avons fait au Vietnam mais que nous n’avons pas assez développé pour en affecter le dénouement. Il faut associer des troupes irakiennes aux escouades états-uniennes, développer des politiques pour obtenir l’adhésion de la population, recruter d’anciens ba’asistes comme guides et développer une politique similaire à ce que fut l’opération Phœnix au Vietnam, politique qui connut certes quelques excès mais beaucoup de succès.
Il faut donc une plus forte implication des irakiens dans l’effort de contre insurrection. Les Irakiens qui ont souffert du régime de Saddam Hussein sont déterminés à le combattre et se montreront beaucoup moins « boy scout » que les soldats états-uniens engagés dans cette sale guerre. Quoi qu’il en soit, même si le pouvoir est transféré aux Irakiens, c’est l’armée états-unienne qui devra diriger ces opérations qui prendront du temps.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« The Lessons of a Quagmire », par Max Boot, New York Times, 16 novembre 2003.