Comme tous les autres pays d’Amérique latine, la Bolivie a loyalement suivi la politique de modernisation soutenue par Washington en se démocratisant, en libéralisant et en privatisant son économie et en participant à la guerre à la drogue par l’éradication des récoltes de coca. La vie des Boliviens ne s’est malheureusement pas améliorée car la croissance s’est arrêtée et le chômage s’est accru. Les tensions ont abouti dernièrement à une révolte populaire contre le président démocratiquement élu Gonzalo Sanchez de Lozada.
Beaucoup de raisons expliquent cette situation mais la principale est l’inégalité qui demeure et qui reflète les divisions ethniques et raciales. Ce sont les Indiens qui ont déposé le président bolivien, tout cela s’était produit en Équateur il y a trois ans. Au Pérou, ils ont été les principales victimes du conflit du gouvernement contre le sentier lumineux et ils ont été victimes de ce que certains qualifient de génocide au Guatemala.
De leur côté, les populations descendantes des Africains ne sont pas aussi organisées et prêtes à défendre leurs droits que les groupes indigènes mais, tout aussi pauvres qu’eux, ils sont de plus en plus revendicatifs dans des pays comme la Colombie, le Nicaragua et le Brésil. Dans ce dernier pays, le président Lula s’est engagé à réduire les inégalités, mais les progrès sont lents.
Les réformes économiques et politiques ne sont pas mauvaises en soi, mais elles ne font pas face aux inégalités et au racisme en Amérique latine. L’ONU a lancé toutes ses forces dans une bataille contre la pauvreté et l’Amérique latine ne devrait pas avoir de mal à atteindre les objectifs définis. Mais si l’accent n’est pas mis sur l’aide aux population d’origines indigènes ou africaines, les initiatives ne feront que creuser les inégalités.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« To Address Inequality, Look Racism in the Face », par Peter Hakim, Los Angeles Times, 16 novembre 2003.