Après avoir réussi à imposer son fils à la tête de BskyB malgré la révolte des actionnaires, Rupert Murdoch a laissé entendre que ses journaux soutiendraient les conservateurs aux prochaines élections. Toutefois, avant que l’opposition ne commence à penser que c’est Noël avant l’heure, elle devrait réfléchir à ce qu’est réellement ce cadeau.
Le soutien des journaux de Murdoch a été précieux pour Tony Blair lors des victoires de 1997 et 2001. C’est pour cela que le Premier ministre a tant fait pour rester en bons termes avec le magnat de la presse. Quand je travaillais au 10 Downing Street, les seules personnes habilitées à travailler sur le dossier Murdoch étaient Alastair Campbell et Anji Hunter et personne ne remettait en cause l’intérêt de la cour énergique que Blair faisait à Murdoch. Certains pensent que la modification dans la loi qui a permis à Murdoch de prendre le contrôle de BskyB était une partie de l’accord avec le Premier ministre. Je ne le pense pas, mais je ne suis pas naïf et je ne crois pas que le soutien de Murdoch n’ait rien coûté.
La fin de l’alliance entre les deux hommes est venue des exigences excessives de Murdoch. C’est justement pour cela que Michael Howard devrait être sur ses gardes. L’opposition de Murdoch à la construction européenne devenait excessivement pesante et Blair sait que sa légitimité vient du peuple britannique et pas d’un seul homme qui ne peut même pas voter chez nous. Même sans l’aide de Murdoch, nous aurions gagné les élections de 1997 et 2001. Murdoch va pousser les conservateurs à défendre ses idées contre l’avis des Britanniques. Howard doit se souvenir que le soutien de Murdoch et l’adoration du Sun n’ont pas empêché la défaite de Thatcher. En outre, au dernier moment, Murdoch soutiendra celui qu’il pense être le prochain vainqueur de l’élection et cela, seule la population le décidera.

Source
The Independent (Royaume-Uni)

« Rupert Murdoch - the man who would be kingmaker », Par Lance Price, The Independant, 17 novembre 2003.