L’attentat d’Istanbul ne laisse plus de doute sur le fait que nous faisons désormais face à une vague d’attentats visant tout ce qui a un lien avec Israël ou le peuple juif. En outre, l’image d’Israël dans l’opinion publique mondiale a changé, nous sommes passé du statut de pays des victimes de l’extermination nazie à celui de « pays le plus dangereux pour la paix mondiale » d’après un sondage de la Commission européenne. Aujourd’hui, Israël est le pays le plus haï dans le monde et l’explication a été vite fournie : l’antisémitisme.
Cette explication a été relayée par le gouvernement d’Ariel Sharon et ses porte-parole, mais il est temps pour le public israélien de se réveiller et d’abandonner ce conte. La situation est due au fait qu’Israël a perdu sa légitimité aux yeux du monde à cause de la politique menée par notre gouvernement. Il est vrai qu’en 36 ans d’occupation, aucun gouvernement n’a réussi à résoudre la tragédie des deux peuples, mais le gouvernement actuel a fait atteindre au désespoir palestinien de nouveaux sommets. Il continue pourtant d’être soutenu par la nation juive contre l’avis du reste de la communauté internationale.
Il ne faut pas nous laisser tromper par le soutien de l’ « Oncle Sam », lui aussi dirigé par un gouvernement radical en train d’échouer. Nous qui avons subi l’Holocauste, nous ne devons pas infliger de souffrances à un autre peuple et lui nier ses droits. Oui, l’antisémitisme est bien ancré en Europe, mais la politique de Sharon lui permet de se développer. Si Israël veut trouver sa place dans les nations du monde, il doit respecter les règles d’éthique, d’équité et de justice.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« Fanning the flames of hatred », par Roman Bronfman, Ha’aretz, 19 novembre 2003.