Jacques Chirac a récemment affirmé que les citoyens juifs de France étaient plus français que les Français [1]. C’est formidable. Les dirigeants européens nous aiment désormais. Ils veulent nous protéger et dénoncent les attaques contre les juifs. Toutefois, nous, Israéliens, devons nous méfier car la condamnation du terrorisme qui attaque les juifs n’équivaut pas à la condamnation du terrorisme qui attaque les Israéliens.
La distinction entre juifs et Israélien n’est pas nouvelle. Elle est apparue en 1967, après la guerre des six jours. À cette époque, l’admiration pour le jeune État triomphant des pays arabes n’empêchait pas l’antisémitisme en Europe. Aujourd’hui, la distinction existe toujours, mais c’est le juif qui est le gentil et l’Israélien le méchant. Après la guerre des six jours, les Européens, ne pouvant pas accepter que des juifs soient capables de cette victoire, ont refusé de leur en donner le crédit et ont amorcé la distinction avec Israël afin de pouvoir conserver leurs préjugés. Aujourd’hui, les dirigeants européens estiment que les juifs n’ont rien à voir avec ce qui se passe en Israël.
Pourtant, les juifs sont juifs qu’ils vivent en Israël ou en France. La haine des juifs en Europe est profondément enfouie dans le sang, on naît et on grandit avec. En fait, ils définissent bien mieux que les rabbins ce qu’est un juif : un juif est quelqu’un qu’un antisémite considère comme juif.

Source
Jerusalem Post (Israël)

« Good Jew, bad Israeli », par Matti Golan, Jerusalem Post, 20 novembre 2003.

[1NDLR : Ce que Jacques Chirac a déclaré est, plus exactement : «  A travers les actes d’antisémitisme, c’est en effet chaque citoyen qui est atteint dans ses droits fondamentaux, le droit au respect de ses croyances, le droit au respect de ses convictions. Quand on s’attaque, en France, à un Juif, il faut bien comprendre que c’est à la France tout entière que l’on s’attaque. ». Le texte intégral de son intervention est disponible dans le numéro 3 de Voltaire.