La réunion du conseils des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qui traitera de l’Iran promet d’être houleuse car les États-Unis veulent une résolution du Conseil de sécurité condamnant la violation du Traité de non-prolifération par l’Iran tandis que l’Europe veut négocier. La vraie question cependant est : qu’est-ce que l’Iran a le droit de faire ? Et pour répondre à cette question, l’AIEA n’est pas une structure appropriée.
En effet, l’AIEA doit à la fois empêcher le développement d’armes nucléaires et aider au développement des programmes civils. Lors de sa création, en 1957, on pensait que l’uranium était beaucoup plus rare qu’on ne le sait aujourd’hui et que le développement de programmes civils privait donc de matériel les installations militaires. On pensait également que l’énergie nucléaire serait moins chère que les autres et qu’aider les pays en voie de développement à la posséder pourrait leur faire renoncer à acquérir des armes nucléaires. On sait aujourd’hui que tout cela est faux. L’AIEA a montré avec les cas iranien et nord-coréen qu’elle ne fonctionnait pas. Il faut donc diviser le travail de l’agence en deux.
En effet, aujourd’hui, n’importe quel pays peut affirmer développer un programme nucléaire civil en construisant un armement nucléaire car l’agence n’a pas le mandat lui permettant de différencier les installations selon leur usage. Il faut donc créer, à partir de l’AIEA, une agence qui devra lutter contre la prolifération nucléaire en cherchant dans les installations nucléaires civiles et militaires non-nucléaires et une agence qui devra aider au développement énergétique des pays en voie de développement par tous les moyens, y compris nucléaire.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« A Nuclear Mixed Message », par Michael A. Levi, New York Times, 20 novembre 2003.