Le Premier ministre israélien Ariel Sharon a rencontré en secret, la semaine dernière à Rome, Eliot Abrams, membre du Conseil de sécurité national états-unien. Ce dernier, qui s’occupe spécifiquement des relations de la Maison-Blanche avec Israël, aurait informé Sharon des exigences de l’administration Bush relatives au démantèlement des avant-postes illégaux et au gel de la construction de colonies.
Il aurait également indiqué au Premier ministre israélien l’intention de Washington de déduire le coût du mur de séparation israélien des garanties bancaires offertes par les États-Unis à Israël. Ariel Sharon aurait fait part au conseiller états-unien de son intention de prendre des « mesures unilatérales » dans les territoires occupés, sans indiquer précisément lesquelles.
Cette rencontre a eu lieu lundi 17 novembre 2003, deux jours avant le discours du président George W. Bush à Londres, dans lequel celui-ci présentait ses exigences à Israël et réaffirmait sa volonté de voir changée la direction de l’Autorité palestinienne.
Une réunion restreinte du gouvernement israélien s’est tenue, dimanche 23 novembre 2003, afin d’envisager les mesures unilatérales évoquées la semaine précédente. Étaient présents le ministre du Commerce, Ehud Olmert, le ministre des Affaires étrangères, Silvan Shalom, le ministre de la Défense, Shaul Mofaz, et le ministre de la Justice, Yosef Lapid, ainsi que le Premier ministre. Le détail des mesures n’a toujours pas été annoncé, même si Ariel Sharon n’a pas démenti les informations relatives à son intention de faire évacuer certaines colonies. Il a simplement déclaré : « Je ne comprends pas. Tout ce que j’ai dit est une demi-phrase, et mes propos sont interprétés de tous les côtés ».
Au cours de cette réunion, Silvan Shalom et Shaul Mofaz ont indiqué qu’ils ne pensaient pas qu’un cessez-le-feu tiendrait si les infrastructures terroristes n’étaient pas démantelées dans les territoires occupés. Yosef Lapid a suggéré d’ouvrir un débat relatif à un changement du tracé du mur de séparation, ce qui a suscité l’opposition d’Ehud Olmert, Silvan Shalom et Shaul Mofaz.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« Sharon met secretly with U.S. emissary », par Aluf Benn, Ha’aretz, 24 novembre 2003.