L’une des leçons de base de la guerre en Irak est que les démocraties, et particulièrement la démocratie américaine, ne se confondent pas facilement avec un empire. L’empire repose avant tout sur le contrôle du centre sur la périphérie et cela nécessite de mener des guerres non pas pour des questions d’intérêt national mais pour des questions impériales. L’Irak est une de ces guerres.
La Seconde Guerre mondiale, la Corée, la Guerre du Golfe ou la guerre contre Al Qaïda sont des guerres de nécessité pour faire face à des agressions et ces guerres nécessaires font l’objet d’un vaste consensus dans l’opinion publique qui permet de faire accepter à la population les coûts financier et humain nécessaires. L’Irak est, au contraire, comme le Vietnam ou le Kosovo, une guerre de choix ce qui signifie qu’une alternative politique à la guerre existe et qu’il n’y a pas un large consensus à son sujet. Les exemples historiques démontrent que les États-Unis sont près à accepter des guerres de choix courtes et peu chères mais pas des guerres longues et coûteuses comme l’Irak.
C’est pour cette raison que l’administration Bush veut se désengager d’Irak et confier la direction du pays aux Irakiens. Cela est certes en partie motivé par la lassitude des Irakiens vis-à-vis de l’occupation mais la raison principale est domestique et cela aboutit à une réduction des ambitions de l’administration Bush en Irak.
Il faut, pour qu’une guerre de choix réussisse, que la population et le Congrès soient préparés psychologiquement aux coûts de la guerre, s’assurer d’obtenir un soutien international, et surtout ne pas sous-estimer le coût d’une telle guerre dont on ne peut jamais prévoir la durée.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Wars of Choice », par Richard N. Haass, Washington Post, 23 novembre 2003.