Demain, je boycotterai la réception de Gianfranco Fini, vice-Premier ministre italien, par la Commission constitution, loi et justice de la Knesset, car je ne veux pas participer au blanchissement de fasciste, néo-fasciste et antisémite de tout ordre. En effet, Fini est le président de l’Alliance nationale, héritier des partis fascistes italiens. Le rêve de M. Fini est de devenir Premier ministre italien après la chute de Silvio Berlusconi en raison de ses ennuis judiciaires. Mais pour cela il doit se donner une image respectable, même si ces partisans continuent d’honorer la mémoire du Duce et qu’il avait affirmé, il y a quelques années, que « Mussolini état le plus grand homme d’État du XXe siècle ».
Si Israël, le pays du peuple juif veut blanchir Fini, c’est parce qu’il soutient la politique d’Ariel Sharon. Cela illustre bien l’hypocrisie de la guerre à l’antisémitisme du Premier ministre. Quand ce dernier s’est rendu en Italie la semaine dernière, j’avais voulu lui donner les œuvres de Primo Levi pour qu’il les donne à Berlusconi, lui qui a affirmé que « Mussolini n’a jamais tué personne. Mussolini envoyait les gens en vacances ». Étrangement, personne ne s’est indigné de cette phrase en Israël, mais on imagine les réactions suscitées si elle avait été prononcée par le président français ou un dirigent arabe et pas par un « ami d’Israël ». Dans le même temps, Israël a repris discrètement ses liens diplomatique avec l’Autriche bien que le parti de Jörg Haïder est encore dans le gouvernement. Cela n’est peut-être pas étranger aux intérêts financiers d’Ariel Sharon dans des banques autrichiennes.
La bataille contre l’antisémitisme doit être menée sur des bases solides ou nous perdrons notre légitimité. Pour moi, Fini reste persona non grata.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« Refusing to sanitize », par Yossi Sarid, Ha’aretz, 24 novembre 2003.