Des parlementaires du Likoud et les dirigeants de mouvements de colons ont révélé, mardi 25 novembre 2003, qu’ils ont rédigé en secret une initiative diplomatique appelant à l’établissement d’un État binational qui offrirait la citoyenneté israélienne à tous les Palestiniens qui le souhaitent.
Cette initiative devrait être le fer de lance d’une campagne d’information, intitulée « Mur de Fer », et qui se veut une réponse aux récentes déclarations selon lesquelles Ariel Sharon envisagerait l’évacuation unilatérale de certaines colonies.
D’après l’une des versions qui a fuité dans la presse israélienne, le projet prévoit d’accorder, en plusieurs phases, la citoyenneté israélienne et l’égalité en droit à tous les Palestiniens vivant en Cisjordanie et dans la bande de Gaza et qui seraient intéressés par un tel status quo. Il prévoit d’organiser le démantèlement de l’Autorité palestinienne et de proscrire l’établissement d’un État palestinien.
Ce plan s’oppose aux récents accords de Genève ainsi qu’à l’initiative de Nusseibeh et Ayalon, qui ont démontré qu’il existe une alternative à la politique israélienne actuelle. Selon le likoudnik Gilad Erdan, l’un des initiateurs du projet, le plan des colons a le même objectif : « Il vise à attirer les centristes du Likoud et d’autres partis de droite. Le fait est que la droite, qui dit "non" à un État palestinien et à un partage de la terre, doit rédiger une sorte de plan autour duquel s’unir ».
L’initiative des colons cherche également à éviter un des principaux inconvénients d’un État binational, à savoir la croissance démographique rapide des Palestiniens, qui seront plus nombreux que les Israéliens, dans dix ans, à l’ouest du Jourdan. Pour qu’Israël reste un État juif, les rédacteurs proposent donc de partitionner la Cisjordanie et la Bande de Gaza en dix cantons, qui auront une représentation parlementaire en fonction de critères autres que la population, ce qui devrait assurer une majorité politique aux Israéliens juifs.
Dans ce contexte, le Premier ministre serait juif, tandis que le vice-Premier ministre serait arabe, au sein d’institutions inspirées partiellement de la Constitution libanaise de 1926, qui prévoit un président maronite, un Premier ministre sunnite et un président du Parlement chiite.
L’initiative s’est évidemment heurtée à l’opposition du Premier ministre, qui n’y voit qu’une proposition de plus qui rejoindra les autres aux oubliettes. Mais le Conseil des rabbins de Judée, Samarie et de la bande de Gaza, qui se situe à droite du Conseil des Communautés juives de Yesha, a critiqué lui aussi le projet. Ainsi, selon le rabbin Daniel Shiloh, qui est un membre important de ce Conseil, « donner le droit de vote aux Palestiniens est une folie. C’est un suicide politique ».
En marge de cette initiative diplomatique, ces auteurs du Likoud et de la communauté des colons tentent de lancer une campagne nationale qualifiant l’évacuation des colonies de « mesure antisioniste, antinationale et antisécuritaire. Un gouvernement qui commence à démanteler des colonies perdra, ce jour là, son mandat pour gouverner ». Cette campagne devrait se servir d’extraits de discours d’Ariel Sharon, notamment celui d’avril 2002 dans lequel il indiquait que démanteler les colonies ne ferait « qu’encourager le terrorisme et augmenter la pression sur nos têtes ».
« Settlement plan calls for binational state », Jerusalem Post, par Matthew Gutman, 26 novembre 2003.
Restez en contact
Suivez-nous sur les réseaux sociaux
Subscribe to weekly newsletter