Les négociations qui ont eu lieu au cours du week-end des 6 et 7 décembre 2003, au Caire, n’ont pas permis d’aboutir à un accord de cessez-le-feu entre les dirigeants du Hamas, du Jihad islamique et autres factions militantes palestiniennes, et le Premier ministre palestinien, Ahmed Qureih.
A la suite de cet échec, Ahmed Qureih est revenu sur sa déclaration originelle selon laquelle les discussions devaient permettre de mettre en place un cessez-le-feu : « Nous ne demandions pas à parvenir à un accord de cessez-le-feu, mais juste à parvenir à nous entendre. A mon avis, les différences de position ne sont pas énormes. Même après le Caire, nous visons toujours un cessez-le-feu qui comprend des conditions avec Israël », a-t-il déclaré. En revanche, il a indiqué qu’« il ne peut y avoir de hudna [trêve temporaire] unilatérale ou gratuite ».
Le Hamas a refusé de donner son accord au texte final proposé par le Fatah et les Égyptiens, dans lequel le cessez-le-feu contre des cibles civiles était dit « sans conditions » et indépendant de tout engagement des Israéliens. Selon le représentant du Hamas, Muhammed Nezaal, « il y a eu un accord sur plusieurs clauses », mais l’absence de conditions demandées à Israël et la nécessité imposée par le Fatah d’obtenir « le soutien et l’autorité d’Abu Ala [nom de guerre d’Ahmed Qureih] et de l’Autorité palestinienne concernant les accords préalables et les négociations diplomatiques avec Israël », ont empêché un accord global. « Le Hamas rejette la hudna et ne l’acceptera pas, parce que notre lecture de la situation politique actuelle montre que les Américains et les sionistes sont dans une crise profonde à cause de la poursuite de la résistance en Irak et en Palestine. », a-t-il ajouté.
Cependant, Muhammed Nezaa a indiqué, dans une note de bas de page, que l’échec des discussions ne reflétait pas réellement les différences entre les parties, « et qu’il est possible de poursuivre le dialogue ». Selon des responsables du Hamas, cités anonymement par Ha’aretz, cette phrase vise à envoyer un message à Ahmed Qureih, lui signifiant que l’organisation n’a pas l’intention d’empêcher les négociations ni de prendre des mesures unilatérales, telles que la reprise des attaques terroristes contre Israël.
La proposition du Fatah exigeait un arrêt des attaques contre les civils israéliens, mais aussi contre les soldats et les colons. Une proposition rejetée par les factions palestiniennes, dont trois sont dites « soutenues par la Syrie » dans le Jerusalem Post. Pour Muhammed Nezaa, l’échec des négociations ne mènera pas à une guerre civile palestinienne : « Les luttes internes sont une ligne rouge, et toute confrontation sur le terrain est aussi une ligne rouge. Les armes ne seront dirigées que contre l’ennemi ».
Le Hamas et le Jihad islamique ont également refusé la demande d’Ahmed Qureih et du médiateur égyptien, le général Omar Suleiman, de soutenir ou au moins de ne pas empêcher les contacts entre le Premier ministre palestinien et son homologue israélien, Ariel Sharon. Ils ont formulé à la place leurs propres exigences, notamment la condamnation de la « tendance à soutenir Israël »des États-Unis et une série de sanctions contre l’initiative palestinienne qui a débouché sur les accords de Genève. Deux propositions rejetées par le Fatah.
Autre point de désaccord, la question d’une « direction nationale unifiée » et la reconnaissance de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) en tant que médiateur officiel avec Israël.
Dans sa première déclaration officielle sur les négociations du Caire, le Premier ministre Ariel Sharon a déclaré, dimanche 7 décembre 2003, qu’Israël ne se livrerait à aucune action contre le terrorisme « tant que le calme règne. Bien sûr, si les activités terroristes continuent, Israël se sentira responsable de la sécurité de ses citoyens et Israël agira ». L’un de ses conseillers, Dove Gold, a décrit ces négociations comme étant « une discussion pour savoir quels Israéliens il est permis de tuer », une approche que ne peut évidemment pas cautionner Israël.
D’après l’analyse de l’éditorialiste de Ha’aretz, Ze’ev Schiff, le directeur de cabinet d’Ahmed Qureih serait rentré de sa rencontre avec son homologue israélien, Dov Weisglass, en portant le message suivant : il n’y a pas besoin d’un accord de cessez-le-feu tel qu’il est proposé par les Palestiniens, Israël est préparé à maintenir la paix et à limiter ses activités militaires à sa seule défense, si les Palestiniens maintiennent la paix de leur côté et mettent un coup d’arrêt total au terrorisme. Selon Ze’ev Schiff, la négociation d’un accord avec les factions armées palestiniennes renforce celles-ci car elle implique une reconnaissance indirecte de leur existence, qui conduira au renforcement de leurs pouvoirs, aussi bien militairement que politiquement. « L’hypothèse à Jérusalem est donc qu’il est donc mieux de parvenir à un accord avec Qureih sur un "calme militaire" et d’attendre de voir quelles mesures concrètes le Premier ministre palestinien va prendre contre les infrastructures terroristes, ce qu’il s’est jusqu’ici refusé à faire (…). »
Arab News (Arabie saoudite)
Arab News est un quotidien saoudien qui propose, en plus de quelques articles originaux, une traduction en anglais des articles d’Asharq Al-Awsat. Celui-ci appartient au Saudi Research Marketing Group du Dr. Abdulmuhsun Alakkas, membre du Conseil consultatif saoudien.
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.
Jerusalem Post (Israël)
« Cairo negotiations end without cease-fire », par Arnon Regular et Aluf Benn, Ha’aretz, 8 décembre 2003. « Analysis / Hamas is laying a hudna trap », par Ze’ev Schiff, Ha’aretz, 8 décembre 2003. « Cairo ceasefire talks end without agreement », par Khaled Abu Toameh, Jerusalem Post, 8 décembre 2003. « Palestinian Truce Talks Collapse », par Nazir Majally, Asharq Al-Awsat, 8 décembre 2003.
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