Le mythe de l’opposition croissante des Européens à Israël est un pseudo-fait qui sape le dialogue entre les deux camps. Il est né de l’interprétation douteuse d’un sondage commandé par la Commission européenne et qui est aujourd’hui présenté comme ayant pour résultat : « 59 % des Européens estiment qu’Israël est la plus grande menace pour la paix dans le monde ».
En réalité, l’enquête donnait une liste de pays et, pour chacun, il fallait répondre si oui ou non, on estimait que ce pays était une menace mondiale et 59 % des sondés ont répondu « oui » pour Israël. Le fait que 59 % des Européens estiment qu’Israël, un pays en guerre, soit une menace pour la paix ne veut pas dire que 59 % des Européens estiment qu’Israël est la « plus grande menace » pour la paix dans le monde. En fait, on constate que les pays qui dépassent les 50 % de « oui » dans ce sondage sont des pays en guerre (Israël, États-Unis, Irak, Afghanistan) ou des pays qui sont présentés comme en train d’acquérir une capacité nucléaire (Corée du Nord, Iran).
La position de tête d’Israël dans ce classement est due au dégoût qu’éprouvent les Européens vis-à-vis d’Ariel Sharon, mais cela n’a rien à voir avec de l’antisémitisme ou de l’anti-sionisme. En fait le sondage démontre que la plupart des Européens estime que les pays en guerre menacent la paix. Quelle surprise !

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« The Israel ’Threat’ : Making of a Myth », par Robert A. Levine, Washington Post, 6 décembre 2003.