Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire Général,
Mesdames, Messieurs,
L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) vit une étape extrêmement importante dans son développement. Ceci a trait, avant tout, avec le fait que, dans un monde changeant rapidement du XXIe siècle, toutes les organisations internationales et les mécanismes multilatéraux doivent clairement définir leur place dans le règlement des tâches compliquées qu’affronte l’humanité.
Cela concerne naturellement l’OSCE aussi. Il dépend de nous tous, si l’Organisation saura pleinement s’adapter aux exigences du temps et devenir un instrument efficace du renforcement de la sécurité et de la coopération dans l’espace euratlantique dans l’intérêt de tout un chacun des états faisant partie de notre Organisation.
A force des raisons compréhensibles, les problèmes de la sécurité dans toutes ses dimensions exigent aujourd’hui une attention particulière. Cela concerne avant tout l’augmentation des efforts collectifs dans la lutte contre le terrorisme et les autres menaces et défis à caractère global.
Cette année, l’OSCE a fait un pas important sur cette piste - est mise au point la Stratégie de l’opposition aux menaces à la stabilité et à la sécurité au XXIe siècle. C’est, sûrement, le document clé de notre séance. Il est appelé à devenir une sorte de "feuille de route", qui définit l’ordre du jour de l’OSCE pour les années à venir. Mais il est insuffisant d’adopter simplement ce document. Il est important que tous les états-participants prennent conscience de leur responsabilité pour la réalisation des tâches stratégie posées, fassent tout leur possible pour qu’elle agisse vraiment, et n’agisse pas de manière sélective, mais dans tout l’espace de l’OSCE.
Sans doubler les efforts des autres organisations internationales, l’OSCE doit continuer d’augmenter l’activité antiterroriste, y compris dans le cadre de la Charte approuvée il y a un an à Porto. La prise à Maastricht d’un lot de documents, y compris la décision de la création du réseau antiterroriste et de la garantie de la protection des titres de voyage, va contribuer au renforcement ultérieur de cette dimension de l’activité de l’OSCE, au développement de la coopération avec les autres institutions, avant tout avec le Comité antiterroriste du Conseil de Sécurité de l’ONU.
Pour les états-participants, la lutte contre la criminalité organisée et le trafic de drogue reste un problème aigu.
Malheureusement, dans certains pays qui font part de notre Organisation, la fabrication et la vente des stupéfiants dits "légers" s’est en fait transformée en un business légal. Comme il suit du récent rapport de l’ONU, nos pays sentent une menace croissante non seulement de la drogue apportée par les groupes criminels de l’Afghanistan, mais des stupéfiants de synthèse, fabriqués en Europe Occidentale. Si nous ne voulons pas perdre la lutte contre la menace de la drogue, qui pénètre toujours plus dans le tissu de la société, avant tout parmi les jeunes, nous devons élever ce problème parmi les plus prioritaires. Certes, on y a besoin d’une étroite coordination avec le Département de l’ONU des stupéfiants et de la criminalité et les autres institutions internationales spécialisées.
Nous estimons comme un succès substantiel de l’OSCE son travail fait après le CMAE de Porto dans le domaine de l’opposition à la "traite des personnes". On devrait hautement apprécier le plan d’actions approprié, pris par l’OSCE en juillet dernier. Il s’agit maintenant de sa mise en pratique efficace.
Tout en appréciant les réalisations de l’OSCE, nous devons franchement parler aussi de ce que nous n’avons pas encore réussi à obtenir, et pourquoi.
Malheureusement, dans l’espace de l’OSCE, restent encore des conflits régionaux. Nous désirons tous leur règlement rapide. Ces conflits ont leur histoire, leur spécificité et exigent des solutions non standard, partant uniquement des intérêts de l’établissement d’une paix juste et durable entre les parties impliquées au conflit.
C’est en se guidant sur cette approche que la Russie a salué les accords, obtenus par l’intermédiaire de l’UE, en Serbie et au Monténégro, en Macédoine, bien que nous ayons eu là-dessus certains problèmes. Il est pour nous essentiel, cependant, que ces accords aient été acceptés par les parties.
A la demande des autorités de la Moldavie et de la Transnistrie, la Russie a, ces derniers temps, déployé des efforts supplémentaires d’assistance au règlement d’un autre conflit durable - le transnistrien. Ces efforts, naturellement, ne contredisaient pas, mais suivaient ceux qui étaient déployés au cours des cinq dernières années, je souligne - années, au format quintipartite avec la participation des représentants de l’OSCE, de la Russie, de l’Ukraine, de la Moldavie et de la Transnistrie.
Préparé par l’intermédiaire de Moscou, le Mémorandum a été acceptable pour les parties. Nous sommes persuadés que sa signature aurait permis de régler le problème transnistrien dans le cadre d’un état unique. Malheureusement, la signature n’a pas eu lieu en résultat de la pression de la part de certains états et organisations.
Qui y a gagné, et qui y a perdu ? En fait, tous ont perdu, car le règlement du conflit est encore reporté, et personne ne sait, pour combien de temps. Les gagnants, ce ne sont, peut-être, que ceux qui se guidaient sur les intérêts qui n’ont rien de commun avec le règlement de ce conflit.
Si nous continuons d’agir de la sorte, cela aidera à peine le renforcement du prestige et de la confiance de l’OSCE. Plutôt le contraire.
D’où, la conclusion que, si nous voulons vraiment que l’OSCE occupe une place digne dans le règlement des problèmes actuels, il est inadmissible qu’elle se transforme en l’instrument de certains états ou groupes d’états. L’OSCE ne peut être efficace qu’à condition de la prise en compte des intérêts de tous les états qui font partie de l’Organisation.
A ce propos, nous sommes préoccupés par l’état des choses dans le domaine militaro-politique de l’activité de l’OSCE. On fait reporter, sous des prétextes artificiels, la ratification et l’entrée en vigueur de l’Accord sur l’adaptation du TFCE - pierre angulaire de la sécurité européenne. Si l’on ne déploie pas de mesures sérieuses et urgentes, l’écart entre le système de contrôle des armements et la situation militaro-politique réelle en Europe peut devenir infranchissable. Cependant, l’adaptation du TFCE avait bien été pensée pour garantir la sécurité de chaque état-membre dans les conditions changeantes, y compris dans le contexte de la transformation et de l’extension des unions militaires. Nous considérons le retard de la ratification du TFCE adapté comme la violation directe de l’obligation, prise à Istanbul, de ne pas consolider la sécurité de certains états aux dépens de la sécurité des autres.
Et c’en n’est pas fini des problèmes. Les effets du document de Vienne sur les mesures de confiance ne se manifestent pas pleinement. On n’arrive toujours pas à donner à l’OSCE des capacités pacificatrices substantielles.
Néanmoins, l’Organisation possède, sans aucun doute, un grand potentiel dans le domaine militaro-politique. Le témoignage en est la prise des décisions sur les sites mobiles de missiles antiaériens et la liquidation des réserves excessives des munitions. Nous saluons ces pas comme un apport de poids à la consolidation de la base normative de l’OSCE.
Un exemple probant de la violation systématique des obligations contenues dans la Charte de la sécurité européenne et les autres documents de notre Organisation - c’est la situation anormale de la population russophone dans les pays de la Baltie.
Et encore un aspect, auquel je ne peux pas ne pas attirer votre attention. Il s’agit du besoin de l’exécution d’une des plus anciennes obligations de l’OSCE, notamment - de la liberté du déplacement et des contacts des gens. Sauf erreur, elle avait été incluse à l’Acte final d’Helsinki sur la demande insistante des pays de l’Europe Occidentale et des USA. Malheureusement, la situation dans ce domaine au cours des dernières années change pour le pire. Les mêmes pays, qui, tout récemment encore, avaient été partisans des frontières ouvertes, s’entourent actuellement des "barrières" de visas toujours plus denses. Il devient évident que l’inapplication de ce principe important de l’OSCE crée en Europe de nouvelles lignes de disjonction. Si nous édifions vraiment l’espace européen, il faut régler ce problème de toute urgence, et l’OSCE possède pour cela les possibilités nécessaires.
Je ne peux rester sans rappeler les circonstances concernant la dimension économique. Elle prévoit la création des régimes non discriminatoires de la coopération et du commerce interétatiques. En pratique, la situation est différente. Nous croyons que la prise d’un nouveau document de l’OSCE - la Stratégie dans le domaine de la dimension économique et écologique - devra donner une nouvelle impulsion à l’interaction des états-participants.
La tâche du maintien de la réforme institutionnelle reste d’actualité. Malgré certains changements positifs, nous sommes encore au tout début du chemin. On a besoin des changements qualitatifs dans l’optimisation de la structure et des fonctions des principaux organes et institutions, de l’élaboration des règles de procédure. L’activité sur site de l’OSCE exige des transformations profondes, sans lesquelles son avenir - comme le montre l’expérience des dernières années - est assez problématique. Ne pas tenir compte de l’importance réformes veut dire dévaluer beaucoup nos efforts sur les autres pistes du travail de l’Organisation.
En résumé, on peut dire que le travail, commencé il y a deux ans, de l’élimination des écarts fonctionnels et géographiques dans l’activité de notre Organisation doit être intensifié. Pour cela, on a, certes, besoin de la volonté politique et du désir réel de faire de l’OSCE un instrument efficace du règlement des problèmes de la sécurité et de la coopération dans tout l’espace depuis Vancouver jusqu’à Vladivostok.
La Russie est fermement persuadée que l’OSCE est appelée à servir un des principaux piliers de la nouvelle architecture européenne. Aucune autre organisation agissant dans l’espace euratlantique ne saura remplacer l’OSCE avec son format paneuropéen, ses compétences universelles, son expérience unique et son prestige. Nous sommes prêts à poursuivre le travail constructif conjoint dans le but de la consolidation de l’Organisation en tant que forum important pour un dialogue d’égal à égal et la prise des décisions sur les problèmes actuels de la sécurité et de la coopération en Europe.
Merci pour votre attention.
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