L’Assemblée générale des Nations Unies a approuvé, lundi 8 décembre 2003, une résolution proposée par l’Autorité palestinienne, demandant à la Cour internationale de justice de La Haye de rendre un avis consultatif sur les conséquences légales de la construction du mur de séparation par Israël. 90 pays ont voté en faveur du texte, huit s’y sont opposés et 74 se sont abstenus.
L’initiative du texte revient à l’observateur palestinien à l’ONU, Nasser al-Kidwa, à la suite du rapport du du secrétaire-général de l’ONU, Kofi Annan, et selon lequel Israël a refusé de suivre une demande de l’Assemblée générale de stopper la construction du mur en Cisjordanie.
Israël a naturellement condamné cette résolution. Le porte-parole du Premier ministre Ariel Sharon, Ra’anan Gissin, a ainsi déclaré qu’il s’agissait d’une tentative « de délégitimer le droit du peuple juif à avoir un État juif qu’il peut défendre ».
Ariel Sharon et son ministre des Affaires étrangères, Silvan Shalom, avait décidé avant le vote que, s’il était défavorable à Israël, le gouvernement coopérerait avec la Cour internationale de La Haye et ferait valoir ses arguments, à savoir que la clôture est une mesure d’autodéfense.
Les États-Unis se sont également opposés au texte, arguant du fait que cette résolution allait « politiser » la Cour et saper les efforts entrepris pour construire la paix au Proche-Orient. Leur position a été adoptée par la Micronésie, l’Australie, l’Éthiopie, les Iles du Pacifique de Nauru, les Iles Marshall et Palau.
L’ambassadeur états-unien en Israël avait confié, un peu plus tôt, à Radio Israël que « plus » [la clôture] sera proche de la Ligne verte, moins vous entendrez parler de Washington ».
La plupart des délégations présentes à l’ONU se sont opposées au mur de séparation, mais l’Union européenne s’est néanmoins rangée dans le camp des abstentionnistes, invoquant le fait que le recours à la Cour de justice était légalement discutable et pourrait au final se retourner contre le processus politique.
Dans le même temps, en Israël, les ministres membres du Shinui ont décidé, lundi 8 décembre, de demander que le tracé de la clôture en fasse une clôture de « sécurité » et non une barrière politique, lors du prochain conseil des ministres. Le ministre de la justice, Yosef Lapid, qui préside le Parti Shinui a ainsi indiqué que son plan laisserait un plus grand nombre de colonies en dehors du mur. Selon lui, « le tracé qui a été approuvé est trop long, trop coûteux, inacceptable par les États-Unis et mobilise le monde entier contre nous ».

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« UN votes 90-8 to ask Hague court for opinion on fence », par Shlomo Shamir et Aluf Benn, Ha’aretz, 8 décembre 2003.