Le vice-Premier ministre, Ehud Olmert a renouvelé lundi 8 décembre 2003 une proposition controversée invitant Israël à sortir de l’impasse au Proche-Orient en traçant de façon unilatérale une frontière avec les Palestiniens. « Nous devons fixer une frontière, une ligne de séparation avec les Palestiniens. (…) Nous approchons du moment de vérité », a-t-il précisé.
Le Premier ministre Ariel Sharon a promis, dimanche 7 décembre 2003, que le gouvernement débattrait de cette proposition qui comprend un retrait unilatéral d’une grande partie de la Bande de Gaza et de Cisjordanie, tout en rappelant que « l’enclave juive d’Hébron » ne sera pas concernée. Le projet avait déjà été formulé vendredi 5 décembre, dans une interview du ministre parue dans le quotidien Yedioth Aharonoth.
Il a suscité un vif débat au sein du gouvernement, notamment de la part du ministre des Transports, Avigdor Lieberman, qui s’en est pris à Ehud Olmert et à Meir Sheetrit, le ministre du Trésor, pour avoir évoqué dans les médias des questions non discutées par le gouvernement. Avigdor Lieberman, après avoir traité le président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, de « tueur en série », a mis en doute l’efficacité d’un tel plan : « Même si nous suivons Olmert et revenons aux frontières de 1967, abandonnons Jérusalem-Est et le Mur des Lamentations, les attentats terroristes s’arrêteront-ils ? ». Il s’est ensuite dit déterminé à rencontrer tous les ministres et tous les membres du Comité central du Likoud afin d’« arrêter cette manœuvre dangereuse ». Il a également violemment critiqué Meir Sheetrit pour avoir déclaré que les avant-postes illégaux doivent être évacués.
Les critiques de membres du gouvernement sont principalement venus des ministres les plus à droite. Le ministre du Logement et des Constructions, Effi Eitam, du Parti religieux national (PRN), a déclaré que si le plan d’Ehud Olmert venait à constituer la politique gouvernementale, le PRN quitterait la coalition.
Des soutiens lui sont venus du ministre chargé de l’Intégration des immigrants, Tsipi Livni. Ce dernier a indiqué que l’abandon de territoires et de colonies est inévitable, et qu’il est donc « préférable de le faire dans le cadre d’un accord, mais, si ce n’est pas possible, unilatéralement ». Le ministre de la Justice, Yosef Lapid, a parlé du grand courage politique d’Ehud Olmert, ajoutant que sa proposition méritait d’être étudiée.
Ces critiques surviennent dans un contexte particulièrement défavorable au ministre du Commerce israélien : il y a une semaine, celui-ci a accepté -à la demande de l’Union européenne- d’estampiller comme tels les produits israéliens fabriqués dans les colonies.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« Olmert : Qureia’s days in office may be numbered », par Arnon Regular, Amos Harel et Aluf Benn, Ha’aretz, 9 décembre 2003. « Sharon promises to hold debate on Olmert’s unilateral withdrawal plan », par Gideon Alon, Ha’aretz, 8 décembre 2003.