Le Premier ministre Ariel Sharon a déclaré devant la commission de la Knesset consacrée aux Affaires étrangères et à la Défense que, dans le cadre des mesures unilatérales que pourrait prendre Israël même avant de constater l’échec de la Feuille de route, le gouvernement envisageait de déplacer certaines colonies.
Selon Ha’aretz, aucun ordre d’évacuation d’avant-postes illégaux en Cijordanie n’aurait pour l’instant été transmis au Central Command israélien. Seuls deux avant-postes inhabités font l’objet d’une préparation de démantèlement. Cette semaine, des colons ont démonté un avant-poste près de Kiryat Sefer, où résidaient des ouvriers chinois travaillant sur des chantiers de construction. En tout, quatre avant-postes, tous inhabités, ont été démantelés la semaine dernière.
Lundi 8 décembre au soir, le ministre de la Défense Shaul Mofaz a indiqué aux dirigeants du Mouvement des colons que l’évacuation des avant-postes incluait celui de Mitzpeh Yitzah, qui est habité et avait déjà été évacué en juin 2003, pour être reconstruit quelques semaines plus tard.
Deux autres avant-postes sont concernés et suscitent une très forte opposition dans la communauté des colons. Il s’agit de Migron et Ginot Aryeh, dans la région de Ramallah. À l’annonce de cette décision, le président du Conseil régional de Binyamin, Pinchas Wallerstein, a quitté le bureau du ministre de la Défense en déclarant « que certaines choses méritent qu’on meurt pour elles ». Shaul Mofaz est aussitôt revenu sur sa décision, en indiquant que l’évacuation de Migron n’était pas programmée dans l’immédiat.
Selon des sources au ministère de la Défense, les négociations continuent avec le Mouvement des colons, avec comme monnaie d’échange la légalisation de certains avant-postes.
Devant la commission, Ariel Sharon a rappelé que, en 1988, il avait proposé une partition du pays, afin de ne pas être ramené aux frontières de la Ligne verte. Selon lui, un accord aurait pu être conclu à cette époque de façon bien plus avantageuse qu’aujourd’hui. Il a également souligné que, en parallèle de ces mesures unilatérales, il était en train d’élaborer un plan plus large et plus complexe applicable lorsqu’« il nous apparaîtra évident (…) que les Palestiniens ont fait échouer la Feuille de route ».
« Ce n’est que dans ce cas que j’envisage la possibilité d’une mesure générale unilatérale qui assurera une meilleure solution aux problèmes de sécurité israéliens et permettra d’empêcher le terrorisme, et il est possible que cette voie mène à un accord politique ». « J’ai exprimé clairement que je préfère (…) un arrangement avec les Palestiniens et je leur ai clairement exposé qu’ils obtiendront plus par un accord qu’au travers d’un acte unilatéral. Je pense qu’il est important de faire tous les efforts possibles pour parvenir à un accord, car si nous ne faisons pas cet effort, cela affaiblira notre position internationale ». Mais Ariel Sharon pense également qu’Israël « ne peut attendre cinq ans avant que les Palestiniens appliquent la Feuille de route - nous devons fixer une date et ne pas attendre à jamais ». Revenant sur les récentes alertes venues de l’étude démographique des populations israéliennes et palestiniennes, Ariel Sharon a eu cette phrase énigmatique, devant l’Israel Business Conference : « Je vois des prévisions d’experts selon lesquels le temps travaille contre nous, mais le temps est de notre côté ».
Le maire de Jérusalem, Uri Lupolianski, a pourtant fait part de son inquiétude quant à l’évolution démographique de la ville. Selon lui, en 2040, les Arabes pourraient en effet composer la majorité de la population. « Les Juifs, qui ont rêvé depuis des générations de vivre à Jérusalem et d’en faire leur capitale, doivent réagir maintenant », a-t-il déclaré. L’étude réalisée sur la population de la ville fait apparaître une propension des habitants juifs à quitter la ville, tandis que les Palestiniens préfèrent y vivre plutôt qu’en territoire occupé. Uri Lupolianski appelle donc le gouvernement à prendre des mesures incitatives pour que les populations juives s’installent et restent à Jérusalem.
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.
« Sharon : `Unilateral steps’ could mean moving settlements », par Gideon Alon, Amos Harel et Jonathan Lis, Ha’aretz, 10 décembre 2003. « Analysis / The prime minister’s dance of the seven veils », par Aluf Benn, Ha’aretz, 10 décembre 2003. « Arabs will be majority in Jerusalem by 2040, says mayor », par Jonathan Lis, Ha’aretz, 10 décembre 2003.
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