Je peux comprendre le sentiment d’insécurité du peuple juif du fait de son histoire, mais est-ce que les Israéliens sont plus en sécurité aujourd’hui avec l’arme atomique qu’il y a 50 ans ? Bien qu’Égyptien, je n’ai rien contre Israël. J’ai une vision globale de la région et je n’apprécie pas le statu quo actuel.
Il faut ouvrir un dialogue entre tous les pays de la région pour bannir les armes nucléaires, mais aussi les armes chimiques ou biologiques. Faute de quoi nous assisterons à une accélération de la course aux armements. Malheureusement, Israël estime qu’il ne peut pas engager de discussion tant que les pays arabes ne l’auront pas reconnu et qu’il n’y aura pas d’accord de paix global tandis que les pays arabes estiment que c’est, au contraire, un préalable. J’aimerais qu’Israël, comme tous les pays du monde, renonce à ses armes nucléaires. Je pense que tous peuvent bénéficier d’un Moyen-Orient dénucléarisé dans le cadre d’un système de sécurité collective qui pourrait accueillir un futur État palestinien.
Contrairement à ce qui a été dit, nous n’avons pas échoué en Iran. Nous avons récemment découvert qu’il y avait des recherches en laboratoire sur le plutonium, ce qui est difficile à trouver. Toutefois, les Iraniens affirment que ces recherches ont un but pacifique et il n’y a pas de preuves du contraire. Quoi qu’il en soit, s’il y avait eu une production massive d’uranium enrichi pour construire de l’armement nucléaire, nous l’aurions trouvée.
Beaucoup soupçonnent l’Iran de tenter de fabriquer des armes nucléaires. Nous ne travaillons pas sur des soupçons, mais sur des faits et des informations, venant de toutes sources que nous recoupons par la suite.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« Atom-smashing », par Mohamed ElBaradei, Ha’aretz, 12 décembre 2003. Ce texte est tiré d’une interview.