Le sommet européen de Bruxelles, les 13 et 14 décembre, revêt une importance dramatique. Les institutions sont arrivées à saturation au moment où l’Union s’élargit. Le Traité de Nice, qui est sensé définir une nouvelle règle du jeu est inapplicable et le projet de Traité constitutionnel, qui de toute manière ne pourrait être mis en œuvre qu’en 2009, ne fait pas consensus. Bref, alors qu’aux sommets précédents on pouvait toujours repousser à plus tard les décisions urgentes, on se trouve cette fois à un point limite au-delà duquel l’Union politique est menacée de paralysie progressive. Jean-Luc Dehaene, Giuliano Amato et Valéry Giscard d’Estaing, qui se voyaient déjà en pères fondateurs des États-Unis d’Europe, supplient dans Le Monde qu’on ne rejette pas le projet qu’ils ont rédigé.

Javier Solana, quant à lui, ne s’inquiète pas de l’asphyxie politique de l’Union pourvu qu’elle reste arrimée à l’OTAN. Dans l’International Herald Tribune, il défend la doctrine qu’il espère voir approuvée par le Conseil. Sachant qu’elle n’est que la déclinaison régionale de la doctrine post-11 septembre de la Maison-Blanche, elle s’accommodera fort bien d’un échec sur la Constitution. Enfin, le vice-Premier ministre turc, Abdullah Gül, revient à la charge, dans le même quotidien, pour promouvoir la candidature de son pays à l’Union.

Danielle Pletka, de l’American Entreprise Institute, déplore dans le Jerusalem Post la dérive de la politique étrangère de George W. Bush depuis qu’il se concentre sur sa campagne électorale. Certes, écrit-elle en substance, les États-Unis occupent l’Irak, mais le discours de l’Axe du Mal annonçait des actions successives contre l’Iran et la Corée du Nord. Devra-t-on attendre la fin des élections pour appliquer ce programme ?
Mais cet « immobilisme » n’est peut-être pas uniquement dû aux questions intérieures états-uniennes : l’occupation de l’Irak tourne au fiasco. Abdul-Amir Al-Rikabi, opposant irakien vivant en exil en France, annonce dans Al-Ahram la création d’un Comité préparatoire pour un Conseil constituant irakien. L’idée est de s’appuyer sur la Fédération de Russie pour convoquer une conférence internationale sur l’Irak. Celle-ci relèverait la Coalition de ses obligations et restituerait aux Irakiens leur souveraineté. Ils pourraient alors rédiger eux-mêmes leur loi fondamentale.

Enfin Mohamed ElBaradei, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, se félicite dans Ha’aretz des progrès accomplis pour prévenir la nucléarisation de l’Iran. Mais c’est pour énoncer l’exigence qui fâche : le moment est venu de se préoccuper de la dénucléarisation de toute la région, donc d’Israël.