Il est difficile de savoir quel sera l’impact de l’arrestation de Saddam Hussein sur l’avenir de l’Irak. Cet événement a une importance psychologique pour le peuple d’Irak désormais assuré qu’il ne reviendra plus au pouvoir. Cela peut donner plus de confiance dans les capacités états-uniennes jusqu’ici peu estimées à l’aune de la cavale de Saddam Hussein et de Ben Laden.
La question immédiate est : que faire de Saddam Hussein ? Il faut qu’il soit jugé par des Irakiens et pas par les Américains ou une cour internationale. Cela aura un effet cathartique pour les Irakiens qui sont ses premières victimes. Il n’y a pas de comparaison possible avec Nuremberg car les nazis avaient commis surtout des exactions sur les autres populations plutôt que sur la leur.
Il est difficile de savoir quelle sera l’influence de cette arrestation sur l’insurrection en Irak. Il semble que Saddam n’avait aucune influence sur elle. La résistance est principalement composée d’Irakiens opposés à l’occupation américaine, mais ne souhaitant pas forcément un retour au pouvoir du Raïs et le reste est composé d’islamistes. Aussi, leurs actions évolueront en fonction de la réaction des États-Unis à cette arrestation plutôt qu’à l’arrestation elle-même. Désormais assurés que Saddam Hussein ne reviendra plus au pouvoir, les Irakiens vont exiger un départ des États-Unis. Si Washington utilise l’arrestation pour justifier une accélération de son départ, les forces d’insurrection perdront le soutien de la population. En outre, cela serait un bon argument pour George W. Bush en vue de sa réélection en 2004. Il faut donc que la Maison Blanche accélère le passage du pouvoir aux Irakiens et que cette tâche soit confiée à Colin Powell plutôt qu’à Donald Rumsfeld.
Quoi qu’il en soit, une fois le pouvoir transmis, ce sont les Irakiens qui décideront comment l’histoire se termine.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« Only the Iraqis can decide if this is to be a happy ending », par Malcolm Rifkind, The Guardian, 15 décembre 2003.