L’insistance de George W. Bush, de ses conseillers et de Paul Bremer sur la transformation de l’Irak en démocratie est troublante car elle reflète une stratégie totalement dissociée de la réalité. La possibilité d’instaurer un gouvernement représentatif en Irak ou dans un pays arabe n’est qu’une illusion futile.
Les Arabes ont autant de chance de devenir des démocrates que le pape un athée. C’est une question de caractère et de structure de personnalité modelée par les siècles. La plupart des Arabes cherchent une figure d’autorité pour les diriger, leur donner des ordres et leur dire quoi faire et quand le faire. Il n’y a quasiment pas de démocratie dans le monde arabe même si certains États se définissent ainsi et qu’il y a des élections. Dans ces derniers cas, c’est une farce dont on connaît le résultat à l’avance. Cependant, il n’y a pas de dictature forcée et ce type de régime est exactement ce que veut la majorité des citoyens.
On ne peut pas éduquer les Arabes à la démocratie. Il ne faut pas compter sur les intellectuels arabes pour ça car ils sont encore plus opposés à la démocratie ou aux accords de paix avec Israël que la population. Les intellectuels arabes ne veulent que perpétuer les systèmes en place. Les Arabes israéliens sont souvent présentés comme un contre-exemple parce qu’ils votent, fondent des partis politiques et participent à des coalitions, mais ce ne sont pas des démocrates. Ils ne votent pas en fonctions de leurs idées politiques, mais par clans.
Les Américains doivent se baser sur la réalité plutôt que sur leurs espoirs. Ce qu’il faut espérer pour l’Irak, c’est une dictature éclairée.

Source
Jerusalem Post (Israël)

« For Iraq, unrepresentative government », par Matti Golan, Jerusalem Post, 18 décembre 2003.