Russie-Union Européenne :
état et perspectives du partenariat

Mesdames,
Messieurs,

Je voudrais avant tout remercier les organisateurs de notre rencontre d’aujourd’hui. La Fondation Quandt a toujours été un des leaders intellectuels dans la compréhension des problèmes actuels dans la vie moderne de l’Europe. Et aujourd’hui, pour nous tous en Russie et en Allemagne, il est extrêmement important de comprendre : où va le développement de notre continent ? Quelle place dans le monde occupera l’Europe de demain ? Enfin, quel rôle dans les affaires européennes et mondiales la Russie et l’Union Européenne auront-elles à jouer ?

Nous devrions ensemble essayer de répondre à toutes ces questions. Ceci est d’autant plus nécessaire que, malgré l’immense progrès dans nos rapports, obtenu ces dernières années, restent toujours les problèmes, pour lesquels nous n’avons toujours pas la compréhension complète. Dans le même temps, le niveau du partenariat entre la Russie et l’Union Européenne est tel que nous pouvons et devons discuter en toute franchise tous les problèmes qui sont aujourd’hui à l’ordre du jour, sans perdre de vue, pour autant, la perspective positive, stratégique du partenariat. C’est bien de cela que j’aimerais parler aujourd’hui dans cette salle et faire part de certaines de mes réflexions.

Avant tout, je pense que la compréhension incomplète dans nos rapports s’explique pour beaucoup par l’échelle et la rapidité des changements qui se passent dans notre pays, en Europe et dans l’arène internationale en général. Aujourd’hui, dans les conditions de la mondialisation, plusieurs processus qui, avant, duraient des décennies, se passent en quelques années à peine et, peut-être, même en quelques mois. Et la Russie, en un délai historique bref, sans se détacher de ces racines nationales et culturelles, est devenue vraiment un autre pays. Le système politique a été radicalement modifié, tout comme le modèle économique du développement, la structure sociale. Notre politique étrangère a acquis un caractère foncièrement différent. Et parfois, il est très difficile de comprendre que sur la carte existe une Russie historique, qui est en même temps une Russie nouvelle qui correspond aux réalités du monde contemporain.

Je dirai franchement : même chez nous, tous n’arrivent pas parfois à prendre conscience du sens profond de ces changements. Il est clair que c’est encore plus difficile pour nos partenaires étrangers. Il n’y a rien d’étonnant à ce que certains événements de caractère socio-économique, politique, qui se passent dans notre pays, sont parfois perçus à travers un prisme de la réalité qui avait existé il y a dix ans ou même à l’époque de "la guerre froide". C’est pourquoi nous attachons une grande importance à ce genre de rencontres pour discuter, dans une atmosphère franche, à travers un dialogue direct, les problèmes qui nous tiennent aujourd’hui à coeur et qui peuvent être la source de doutes, et, peut-être, de la critique méritée.

Cependant, si l’on s’en tient aux faits, il deviendra clair, combien notre pays a changé, surtout en ces dernières années. Aujourd’hui, au cours des pourparlers à Berlin, nous avons discuté les résultats des élections à la Douma d’Etat, qui se sont tenues dans notre pays le 7 décembre. Le Ministre des affaires étrangères de la RFA Monsieur Fischer a dit en plaisantant que l’Europe se pose maintenant la question : "Quelle est cette magique "formule Poutine", qui lui a permis d’avoir la majorité absolue au parlement ?"

Je crois qu’il n’existe aucune formule magique. Les électeurs dans notre pays ont donné leurs voix essentiellement aux politiques et aux forces politiques qui, au cours des dernières années, ont mené de manière consécutive la politique de la renaissance économique et sociale de la Russie, de la consolidation des positions de notre pays dans l’arène internationale. Je veux vous assurer que la nouvelle composition de la Douma d’Etat va poursuivre ce cap.

Si l’on parle de la politique étrangère de la Russie, elle va toujours viser la défense de nos intérêts nationaux par voie du développement de la coopération bi- et multilatérale sur la base du respect des principes du droit international et des Statuts de l’ONU. C’est une politique prévisible et constructive, visant l’union de la communauté internationale dans l’intérêt du règlement des problèmes communs, y compris le règlement de plusieurs crises régionales qui menacent la stabilité internationale en général. La Russie va toujours rester un partenaire fiable dans la lutte contre le terrorisme international, qui continue de semer la mort dans notre pays et dans plusieurs points de notre planète, ainsi que contre les autres menaces et défis comme le trafic de drogue, le crime organisé, la prolifération d’armes d’extermination massive. Bref, la Russie sera dans l’avenir un partenaire fiable dans les efforts conjoints de l’édification d’un monde sûr, démocratique et juste.

Concernant l’économie de la Russie, elle s’est définitivement mise sur les rails de marché, sur la voie d’une croissance stable. Le produit intérieur brut a augmenté en ces temps-là de 20%, et les investissements dans les immobilisations - de plus de 30%. Le solde de notre bilan de commerce extérieur est actif, ceci dit, non seulement grâce aux exportations du pétrole et du gaz. Par exemple, pour la première fois depuis les cinquante dernières années, la Russie s’est transformée de l’importateur de blé en son exportateur. Pour ses réserves métalliques et de devises, la Russie est entrée au nombre de 15 pays leaders. Je pourrais continuer de citer de pareils chiffres, mais je pense qu’ils sont bien connus.

Certes, nous ne surestimons pas ces succès. Nous avons toujours pas mal de problèmes, particulièrement dans la sphère sociale. Le Gouvernement avec la nouvelle Douma d’Etat va s’occuper activement de la solution de ces problèmes. Cependant, l’amélioration du climat économique, politique et social général dans notre pays est tout à fait évidente. Je crois que les résultats des élections reflètent bine à propos cette situation. Ils témoignent d’un large soutien et de la confiance envers la politique que mène le Président V.V.Poutine, y compris dans le domaine international.

Certes, on a encore beaucoup à faire pour le perfectionnement du système démocratique en Russie. Jamais et nulle part au monde, ce processus n’avait été simple et rapide. Cependant, une chose est indubitable : du point de vue de la communauté des valeurs démocratiques, la Russie et l’Europe sont aujourd’hui plus près l’une de l’autre que jamais dans l’histoire.

Je pense qu’à l’époque de la mondialisation, ont définitivement perdu leur sens les discussions dont le sujet est : la Russie fait-elle partie de l’Europe ou non. Le tricentenaire de Saint-Pétersbourg, qui avait été largement célébré cette année, est devenu une manifestation éclatante de ce que la Russie appartient à l’Europe non seulement géographiquement, mais de par la nature même de sa culture et de sa civilisation. Voilà pourquoi nous croyons que l’avenir politique de la Russie est inséparable de l’avenir de l’Europe unie.

Aujourd’hui, l’Europe, comme toute la communauté internationale, fait face aux menaces ou défis, qui ont acquis, comme j’ai déjà dit, un caractère global. Ils touchent directement les intérêts de la sécurité de tous les états, la sécurité individuelle de chaque homme. Qui plus est, est progressivement effacée la frontière entre les menaces extérieures et intérieures, et les problèmes comme l’antisémitisme, l’intolérance religieuse et les autres formes de l’extrémisme reviennent de nouveau sur le sol européen.

Bref, le changement de la nature des menaces que nous affrontons a de nouveau posé devant nous tous la tâche de garantir la sécurité européenne.

Il est tout à fait évident que dans un monde global, cette tâche ne peut être résolue que compte tenu des vastes intérêts de toute la communauté internationale. Au cours des siècles, l’Europe a été le centre de la politique mondiale, la "législatrice" essentielle des principes et des normes du comportement international. C’est en Europe que naissaient et se désintégraient les coalitions et les unions militaro-politiques, la lutte entre lesquelles provoquait les guerres les plus sanglantes. Sur la base de cette expérience tragique, c’est bien en Europe que s’est formée une culture unique du règlement des problèmes et conflits sur la base collective de droit, dans l’esprit de la tolérance, du respect mutuel et de l’équilibre des intérêts.

En se guidant sur ces principes précis, l’Europe a atteint le plus haut niveau de la sécurité et de la prospérité de toute son histoire. C’est pourquoi ce n’est pas par hasard que la majorité écrasante des pays européens partagent l’aspiration à la coopération multilatérale sur la base du droit international et du rôle central de l’ONU dans les affaires mondiales. Nous sommes profondément persuadés qu’en agissant sur la base de ces valeurs, l’Europe pourra faire un apport inestimable à la formation d’un ordre international nouveau, plus sûr et juste.

Cependant, pour garantir la sécurité européenne, il faut que soit formée sur le continent européen même une architecture de sécurité, adéquate au caractère des menaces et défis modernes. En d’autres termes, du type du système de sécurité, qui sera construit en Europe, dépendra beaucoup l’avenir du système international en général.

Il faut reconnaître que ce système n’est pas encore créé. N’existe pas non plus, nous le croyons, un concept clair de mouvement vers ce but, partagé par tous les états européens.

Certes, il serait naïf de s’attendre à ce que quelqu’un puisse mettre au point et proposer ce concept sous une forme toute "prête", définitive. Une tâche aussi compliquée et polyvalente ne pourra être résolue qu’au cours d’un dialogue large et approfondi avec la participation de tous les pays du continent. Cependant, certains principes fondamentaux de l’édification de la future architecture de la sécurité européenne peuvent être prévus aujourd’hui déjà.

Avant tout, comme on croit, il faut prendre conscience de la communauté des menaces et de l’indivisibilité de la sécurité des états du continent européen. La Russie et les autres européens pays ne sont pas entrés au XXIe siècle comme adversaires, mais comme partenaires. Nous devons avoir pour but stratégique commun la création d’une Europe, dans laquelle il n’y aura pas de lignes de disjonction, et les anachronismes comme la lutte pour les "domaines de l’influence", seront définitivement relégués aux archives. Je pense que l’accord sur la simplification du régime de visas, signé aujourd’hui à Berlin entre nos pays, est un pas vers l’effacement progressif des barrières qui existent encore sur la voie des contacts entre les gens.

Je veux souligner : la Russie est prête à édifier un nouveau système de sécurité sur notre continent avec tous les acteurs du processus pan-européen, y compris l’Union Européenne, l’OTAN, l’OSCE, les Etats-Unis. Notre pays ne cherche ni ne cherchera pour lui d’avantages dans les différends qui aggravent, ces derniers temps, les actions coordonnées de la communauté internationale, y compris dans l’espace euratlantique. Au contraire, c’est bien dans l’unité des états qui font partie de l’espace euratlantique, indépendamment de leur appartenance à telle ou telle union ou groupe, que nous voyons le gage de l’opposition efficace conjointe aux menaces et défis qu’affrontent aujourd’hui nos états.

Si l’on parle de l’alliance Nord-Atlantique, il est tout à fait évident que dans le monde moderne, il reste toujours moins de place pour une OTAN du temps de "la guerre froide". La Russie estime que la modernisation de l’OTAN doit aller parallèlement avec le développement de la coopération entre l’OTAN et la Russie, afin de garantir la correspondance de la transformation de l’alliance aux réalités nouvelles dans le monde et en Europe.

La création du Conseil Russie-OTAN en mai 2002 a, sans aucun doute, favorisé l’aboutissement de notre coopération à un niveau de qualité plus élevée. Il y a quelques jours, à Bruxelles s’est tenue la séance du Conseil au niveau des ministres des affaires étrangères, qui a encore une fois montré que l’interaction dans le cadre du nouveau mécanisme se développe très efficacement et devient progressivement un instrument important du règlement des problèmes concrets dans le domaine de la sécurité dans l’espace euratlantique. Nous entendons fermement continuer de suivre ce chemin.

La Russie, et c’est bien connu, n’aspire pas à adhérer à l’OTAN ou à l’Union Européenne. Mais nous sommes pour l’approfondissement par tous les moyens de l’intégration dans le cadre de la Grande Europe. La mise en pratique de ce concept peut être obtenue à travers la formation des espaces communs dans les domaines économique, juridique, humanitaire, culturel, ainsi que dans le domaine de la sécurité intérieure et étrangère.

Nous attachons l’importance clé sur ce plan à la coopération avec l’Union Européenne. Les leaders de la Russie et des pays de l’Union Européenne à la rencontre au sommet à Saint-Pétersbourg en mai, puis à Rome en octobre dernier, ont formulé la vision commune d’un partenariat stratégique égal entre la Russie et les états de l’Union Européenne. Aujourd’hui, nous élaborons en commun sur cette base les soi-disant "feuilles de route" pour entamer l’avancement sur les pistes concrètes.

Entre la Russie et l’Union Européenne, se développe une coopération pratique dans le cadre de la politique européenne dans le domaine de la sécurité et de la défense (PESD), y compris sur les problèmes concernant la gestion des crises. Dans le même temps, est apparue la sensation que notre coopération dans ce domaine se développe trop lentement. Parfois, nous agissons comme si nous considérions la consolidation de la coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense comme une tâche très éloignée pour les générations futures. Parfois, apparaît la sensation que certains de nos partenaires européens ne sont pas encore psychologiquement prêts à une coopération égale avec la Russie. Je suis persuadé que c’est une "maladie de croissance", inévitable dans un développement rapide des relations, que l’on saura surmonter par les efforts conjoints. Cependant, nous ne pouvons pas perdre le temps. Les problèmes s’accumulent, il faut les résoudre, et résoudre en commun, c’est pourquoi il faut avancer.

Une autre piste importantissime du partenariat stratégique entre la Russie et l’Union Européenne est, certes, l’économie. L’apparition du système économique global n’annule pas la concurrence entre différents centres mondiaux. Dans le XXIe siècle venu, cette concurrence va plutôt croître, ceci dit, pas toujours en faveur de l’Europe. Et là aussi, la Russie a besoin de l’Union Européenne au même degré que l’Union Européenne a besoin de la Russie.

Pour le sommet de Rome Russie - UE, a été terminé le travail au concept de l’Espace économique européen, qui doit jeter les bases des échanges de marchandises privilégiées, égales entre la Russie et l’Union Européenne. Ceci est d’une importance de principe, puisque dans le domaine économique, nous agissons dans l’arène internationale comme des partenaires naturels. Aujourd’hui déjà, nos économies sont assez étroitement liées et interdépendantes. Il suffit de dire qu’après le prochain élargissement de l’Union Européenne, la part des pays de l’UE fera plus de 50% du volume des échanges commerciaux russes. La complémentarité des intérêts économiques de la Russie et de l’Union Européenne crée une base favorable à leur coopération stratégique. L’importance clé sur cette piste revient à la coopération système à long terme de la Russie et de l’Union Européenne dans le domaine énergétique.

Cependant, les livraisons du pétrole et du gaz sont loin d’être l’unique pilier de nos liens économiques. Une autre piste stratégique - les hautes technologies. Je veux vous informer que nous avons aujourd’hui à Berlin discuté ces sujets, et en l’an 2004, la Russie et Allemagne entendent tenir en commun le forum énergétique et celui des hautes technologies. Le rôle majeur y reviendra aux gros projets d’investissement - tant en Russie que dans les pays de l’UE - avec la participation des capitaux russes, la création, sur leur base, d’un réseau des JV modernes, hautement technologiques. On pourrait considérer comme domaines prometteurs, en particulier, le secteur de l’énergie nucléaire, l’industrie aérospatiale.

La Russie salue le futur élargissement de l’Union Européenne, le considérant comme un processus positif qui, comme nous l’espérons, sera en perspective bénéfique pour nos rapports avec l’Union Européenne. Ces derniers temps, beaucoup a été fait pour améliorer les relations de la Russie avec les pays-candidats à l’UE, qui sont pour nous des traditionnels partenaires commerciaux. C’est pourquoi nous sommes intéressés à réduire au minimum les éventuelles conséquences négatives de l’élargissement de l’Union Européenne pour nos échanges commerciaux avec les nouveaux membres de l’UE.

L’Europe de demain est l’espace commun des libertés et des droits de l’homme, de la justice et de l’enseignement, de la science et de la culture. Mais l’essentiel - c’est l’Europe dans l’intérêt de l’homme. Et là, s’ouvre la troisième piste importantissime de notre partenariat stratégique - l’édification de l’Europe en tant qu’une maison vraiment commune pour nos citoyens.

Du point de vue de la Russie, la solution du problème du régime des contacts sans visas avec les pays de l’UE deviendra la pierre de touche pour que les citoyens de nos pays se persuadent que l’Europe unie sans nouvelles lignes de disjonction n’est pas qu’un slogan politique ronflant, mais une réalité tout à fait réalisable. Cela concerne, avant tout, les jeunes - ceux qui participent aux échanges d’enseignement, scientifiques, culturels, sportifs.

Certes, il faudra abattre une sérieuse besogne préparatoire, qui suppose, en particulier, une étroite coopération dans la lutte contre la migration illégale, la criminalité organisée, etc. La partie russe est prête à ce travail conjoint avec l’Union Européenne. Nous avons proposé à nos partenaires un plan de l’avancement par étapes vers l’instauration du régime sans visas, à commencer par la facilitation des voyages réciproques pour certaines catégories des citoyens compte tenu de la flexibilité des règles de Schengen. C’est en cela que consiste le sens de l’accord bilatéral entre la Russie et l’Allemagne, que j’ai déjà cité.

L’extension de la possibilité des libres contacts des gens est aussi la base pour le développement ultérieur de notre coopération avec l’Union Européenne dans le domaine de l’enseignement. Nous apprécions hautement le soutien des efforts de la Russie dans l’adhésion au processus de Bologne. C’est déjà le fait accompli, qui s’inscrit de manière organique à la ligne stratégique de la création sur le continent européen de l’espace commun dans le domaine de la science, de la culture et de l’enseignement.

Et la dernière chose que je voudrais dire. Le développement du partenariat entre la Russie et l’Union Européenne ne diminue nullement l’importance des relations bilatérales entre les pays européens. Qui plus est, la vie a prouvé que c’est dans le domaine du dialogue politique bilatéral que naissent souvent les nouvelles idées et les initiatives utiles, qui contribuent au règlement de beaucoup de problèmes et à l’intensification de la coopération multilatérale.

Cela concerne pleinement les relations russo-allemandes. Je suis surtout heureux de noter ici à Munich que notre coopération dans les domaines politique, économique, culturel, d’enseignement, scientifique et autres, depuis plusieurs années déjà sert de locomotive du rapprochement de la Russie avec les pays de l’Union Européenne.

Nos pays agissent aujourd’hui depuis les positions très proches ou identiques sur la majorité des problèmes internationaux actuels. Et nos pourparlers d’aujourd’hui au Ministère des affaires étrangères de la République Fédérale Allemagne l’ont confirmé encore une fois. Le témoignage en est l’accord sur le transit du personnel allemand et du matériel militaire par le territoire de la Russie vu l’opération de la Force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan. Nous espérons que la mise en pratique de cet accord aidera nos partenaires allemands à accomplir plus efficacement leur mission pacificatrice en Afghanistan.

Bref, le partenariat stratégique entre la Russie et l’Allemagne n’est pas de la rhétorique, mais l’expression du sens des relations entre nos pays.

La Russie d’aujourd’hui fait aussi partie intégrante de la civilisation et de la culture européennes, tout en conservant, naturellement, son identité. C’est là le sens du "choix européen" de la Russie, dans la mise en pratique duquel nous voyons la chance historique pour notre pays, pour l’Allemagne et pour toute l’Europe.

Merci pour votre attention.

Question : Vous avez mentionné que la Russie ne se donne actuellement pas pour tâche l’adhésion à l’OTAN et à l’UE. Est-ce que cette tâche peut apparaître en perspective ?

Réponse : Je pense que nous sommes tous maintenant en cours de la formation d’une nouvelle architecture européenne et euratlantique. Il se passe la transformation des mécanismes multipartites qui existent dans l’espace euratlantique. C’est pourquoi, si vous me demandez, si l’adhésion de la Russie à l’OTAN tel que l’OTAN d’aujourd’hui, est possible, je peux en toute responsabilité dire que la Russie ne va pas adhérer à cette alliance en tant que membre à part entière. Cependant, nous reconnaissons que l’OTAN est une réalité, c’est pourquoi nous avons consenti à une nouvelle forme de la coopération sans précédant dans l’histoire européenne - la création du Conseil Russie-OTAN, dans lequel la Russie et les états de l’OTAN discutent d’égal à égal les problèmes d’intérêt commun, mettent au point en commun les décisions, et puis, en commun, les mettent en pratique. C’est, je répète, une forme absolument nouvelle, égale de la coopération. Il est difficile de prédire la nouvelle architecture de la sécurité européenne. L’Union Européenne et l’OTAN continuent d’évoluer. Dans tous les cas, la Russie va activement participer aux formes de la garantie de la sécurité européenne qui répondent à nos intérêts.

Concernant l’Union Européenne - vous comprenez, peut-être mieux que moi, combien le processus de son développement est compliqué. Parfois, ce processus fait mal, et nous souhaitons à l’Union Européenne de surmonter les problèmes que l’on discute aujourd’hui et de sortir plus forte de la période des réformes constitutionnelles. Nous voulons avoir pour partenaire une Europe forte, une Union Européenne forte. Cependant, vous comprenez très bien que la Russie, compte tenu de son échelle et de ses ambitions économiques, qui ne s’étendent pas que sur l’Europe, mais sur l’espace Asie-Pacifique, pourrait à peine poser maintenant la question de son adhésion à l’Union Européenne.

Aujourd’hui, nous avons choisi une autre voie. C’est la voie de la création avec l’Union Européenne de l’espace commun dans le domaine de l’économie, du droit, de la sécurité, de la culture, etc., qui nous permettra de développer une coopération égale sans être formellement membre de l’UE.

Je pense que cela répond entièrement aux réalités qui se forment aujourd’hui dans les rapports de la Russie et des états membres de l’OTAN et de l’Union Européenne.

Question : Je suis journaliste hongrois. Je voudrais demander, quelles sont les perspectives du développement des relations de la Russie avec les PECO ?

Réponse : La Russie est intéressée au développement des relations avec tous les pays européens, et cela concerne pleinement les PECO, y compris les pays baltes. Malheureusement, les années 90 ont été pour nos relations pour beaucoup la "décennie perdue". Après la désintégration de l’Union Soviétique et du Traité de Varsovie, la majorité des PECO a fait le choix en faveur de l’intégration dans les structures euratlantiques, tout en croyant à tort que cela supposait l’arrêt des relations avec la Russie. Peut-être la Russie a-t-elle aussi à une étape fait l’attention insuffisante aux relations avec les PECO.

Il est bien connu que pendant des décennies, des secteurs entiers de l’économie de la Hongrie, de la Pologne, de la Bulgarie et des autres pays ont été orientés sur le marché de l’Union Soviétique. Et voilà que tout cela a été détruit. Qui y a perdu ? Je pense - nous y avons tous perdu. C’est bien que la compréhension en est venue chez nous comme chez vous, et que nous cherchons maintenant ensemble à rattraper dynamiquement ce que nous avons perdu. Mais, vous le savez, en économie et en politique, le vide n’existe pas, et quand le marché est devenu libre, il a été rempli par les marchandises des autres pays, y compris de l’Allemagne. Et il est maintenant bien plus difficile de reconquérir les marchés qui ont été les marchés traditionnels de notre coopération. Mais, après avoir visité ces derniers temps pratiquement tous les PECO, je suis persuadé que nos relations ont une bonne perspective. L’essentiel est que nous avons la volonté politique à construire les rapports sur une nouvelle base et à long terme. Notre capital commun - ce sont les JV et les effectifs formés en commun, et les contacts entre les gens de culture, les savants. Ce sont les rapports multicouches qui, j’en suis persuadé, se feront sentir dans l’avenir.

Question : Est-ce que, selon vous, le succès du LDPR et du bloc "Rodina" aux dernières élections à la Douma d’Etat peut influer sur la politique du gouvernement russe, y compris la politique étrangère ?

Réponse : Je ne sais, si besoin est de commenter maintenant le résultat des élections pour chaque parti. Je crois qu’on a déjà eu assez de commentaires à ce sujet. Cependant, je voudrais encore une fois noter que les résultats des élections reflètent l’état réel des choses, qui se forme aujourd’hui dans notre société. L’électeur russe veut voir à l’organe législatif ceux qui vont résoudre les problèmes concrets, liés au développement ultérieur des réformes économiques et au règlement des problèmes sociaux. Et son choix parle de la confiance au Président et au Gouvernement, qui, ces dernières années, a réalisé et réalise ces réformes.

Concernant la politique étrangère, vous avez, peut-être, fait attention que nous et, avant tout, le Président V.V.Poutine, avons réussi ces dernières années à obtenir la formation et la réalisation de la politique étrangère qui s’appuie sur le soutien des principales forces politiques et la large opinion dans le pays. Si vous prenez les sondages de l’opinion publique qui ont été faits chez nous avant les élections, vous verrez qu’une grande partie de la société russe soutient la ligne de politique étrangère, que notre pays a mené au cours des dernières années. C’est la politique qui vise la coopération. En ces dernières années, nous n’avons détérioré nos rapports avec personne, mais, au contraire, avons consenti au dialogue et à l’édification des relations nouvelles avec les pays, avec lesquels nous avions de sérieux différends. Mais néanmoins, nous avons défendu et nous allons défendre les intérêts de la Russie, au même titre que l’Allemagne va défendre les intérêts de l’Allemagne. Nous allons défendre les intérêts de nos compatriotes, des citoyens russes, leurs droits, mais cela ne signifie pas l’opposition ou la confrontation. C’est la politique du dialogue constructif avec l’utilisation des mécanismes multipartites. Je veux vous assurer qu’après les élections, cette politique sera menée encore plus activement. C’est pourquoi il n’y a aucune raison d’attendre des changements radicaux en politique étrangère.

Question : Commentez, s’il vous plaît, la déclaration du Président V.V.Poutine que la Russie n’aspirera pas à l’adhésion à l’O.M.C. à n’importe quelle condition.

Réponse : Je crois, que, peut-être, aucun état n’avait adhéré à l’O.M.C. aux conditions qui contredisaient ses intérêts. Nous menons des pourparlers constructifs sur ce problème, y compris avec l’Union Européenne. Nous croyons que plusieurs exigences, qu’avance l’UE comme condition de l’adhésion de la Russie à l’O.M.C, dépassent les cadres de l’O.M.C., sont exagérées. Cela concerne, avant tout, les sources de l’énergie et, en particulier, le prix du gaz. Nous croyons ces exigences infondées, et le disons franchement aux représentants de l’UE.

Cependant, je crois qu’il ne faut pas dramatiser la situation. Au dernier sommet à Rome, nous nous sommes entendus de déployer nos efforts pour terminer, au cours de 2004, les pourparlers entre la Russie et l’UE sur les conditions de l’adhésion à l’O.M.C. Nous comprenons très bien que la concurrence croît, et que dans cette lutte, les pays de l’UE sont non seulement nos partenaires, mais nos concurrents. C’est naturel, puisque l’un ne contredit pas l’autre. Alors, les pourparlers seront poursuivis, et nous espérons au cours de 2004 aboutir aux accords mutuellement acceptables, ce qui permettra à la Russie d’adhérer à l’O.M.C.