De nouvelles accusations, relayées par le quotidien israélien Ha’aretz, font état de liens financiers entre le Jihad islamique et la Syrie. D’après des renseignement obtenus en interrogatoire par les services de sécurité du Shin Bet, dans un certain nombre d’attentats, tels que celui qui a visé le restaurant Maxim à Haïfa en octobre 2003, les ordres seraient venus directement des quartiers généraux de Damas, en Syrie.
Cette nouvelle accusation portée envers la Syrie, déjà beaucoup décriée pour son soutien aux factions militantes palestiniennes, survient dans un contexte diplomatique complexe, décrit par L’Orient Le Jour.
Selon le quotidien libanais, qui cite une source diplomatique libanaise anonyme, « la principale question qui se pose actuellement dans les milieux officiels et politiques à Beyrouth concerne la façon dont les États-Unis comptent s’y prendre avec Damas pour satisfaire leurs exigences : le recours simultané à la carotte et au bâton, ou au bâton seulement ? ». En effet, « d’aucuns parmi les responsables au sein de l’Administration Bush estiment qu’on ne peut pas demander à la Syrie de mettre fin aux opérations armées du Hezbollah, d’aider à modérer les ardeurs des groupes palestiniens extrémistes, tels que le Hamas et le Jihad islamique, et de fermer les bureaux des leaders palestiniens opposants établis à Damas, sans faire miroiter à ses yeux un certain nombre d’avantages. ». De plus, Washington a tout intérêt à gagner l’appui de Bachar el-Assad concernant la situation en Irak, dans les territoires palestiniens et aux frontières libano-israéliennes. Ces trois dossiers sont en effet les plus sensibles pour une stabilité régionale, décisive en cette année électorale pour George W. Bush.
Une récompense possible aux efforts syriens serait la promesse d’une restitution du Golan annexé par Israël depuis plus de vingt ans. Mais, d’après L’Orient le Jour, « les ultras au sein du cabinet Sharon et du Likoud tentent de convaincre Washington de la nécessité de prendre des mesures coercitives contre la Syrie, sous prétexte qu’elle pourrait fort bien accepter la carotte américaine, quitte à rejeter ensuite toutes les revendications relatives aux groupuscules extrémistes palestiniens et au Hezbollah libanais ».
Selon ces partisans d’une ligne dure, l’isolement de la Syrie sur la scène régionale et internationale permet d’envisager la poursuite de l’occupation d’une partie du Golan par Israël, mais également des fermes de Chebaa. Cependant, « rien ne permet d’assurer que le calme régnera pour autant à la frontière libano-israélienne, surtout si les réfugiés palestiniens au Liban estiment par exemple que le recours à la lutte armée est d’autant plus justifié que le droit au retour est sacré. D’où, selon Israël, la nécessité d’utiliser la force au cas où les exigences américaines ne sont pas satisfaites ».

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.
L&8217;Orient Le Jour (Liban)

« Jihad money trail leads to Damascus », par Amos Harel, Ha’aretz, 5 janvier 2004. « Washington pour une politique de la carotte et du bâton avec Damas », par Emile Khoury, L’Orient Le Jour, 5 janvier 2004.