Question : L’année 2003 a été marquée par l’initiative du président Vladimir Poutine de faire engager la Russie dans les travaux de l’Organisation de la Conférence islamique. Que pourriez-vous dire des résultats de cette démarche ?
Réponse : En effet, en août 2003, en visite officielle en Malaisie, le président Vladimir Poutine faisait savoir la volonté de la Russie d’élargir sa coopération avec cette Organisation qui regroupe 57 États, et de s’y joindre, dans un premier temps, à titre d’observateur.
Plus tôt, en avril 2003, au Tadjikistan, le chef de l’État avait pour la première fois exprimé l’idée selon laquelle les musulmans de Russie - près de 20 millions de personnes - sont en droit de se considérer comme une partie intégrante de l’immense monde musulman comptant près de 1,5 milliard de personnes. La Russie pourrait donc être considérée en un sens comme un des éléments de ce monde.
Il convient de souligner que dans les pays musulmans notre volonté a été accueillie très positivement. La Russie a traditionnellement coopéré avec de nombreux pays musulmans et les exemples de cette coopération ne manquent pas.
L’histoire plus que millénaire de la Russie où l’Orthodoxie a non seulement coexisté mais aussi a coopéré avec l’Islam, l’aide énergique apportée par l’URSS au raffermissement de l’indépendance de nombreux États musulmans et les bons rapports que Moscou entretient avec ces pays constituent une base solide pour cette coopération.
Dès à présent, on peut affirmer que la Russie et le monde musulman se rapprochent. L’invitation adressée au président Poutine de prendre part au Xe Sommet islamique à Kuala Lumpur en octobre 2003 en est la preuve éclatante.
Le discours prononcé par notre chef d’État a produit une très forte impression sur tous les participants au Sommet. Et je peux l’affirmer non par ouï-dire : j’étais présent au Palais des congrès et je voyais la réaction de l’assistance à ce discours.
Le Sommet de l’Organisation de la Conférence islamique a adopté une résolution officielle qui saluait la volonté de la Russie d’élargir ses liens avec l’OCI. Aujourd’hui, les pays islamiques essaient de trouver la meilleure forme que cet engagement pourrait revêtir : soit la Russie est admise à l’Organisation à titre d’observateur, soit elle en devient le membre associé, soit un accord de coopération spécial est conclu entre les deux parties. Aux termes des Statuts de l’OCI, ce processus est durable et devrait prendre plusieurs mois.
Question : Ne pourriez-vous pas citer des exemples concrets de coopération Russie-OCI ?
Réponse : L’initiative présidentielle a sans aucun doute conduit à une intensification de nos contacts non seulement avec l’OCI mais aussi avec de nombreux pays islamiques. Ce processus est pluridimensionnel. Et, cela va sans dire, il figure au nombre des grands événements de l’année qui s’en va.
Je tiens à souligner que ces liens ne se développent pas au détriment de nos relations avec le reste du monde. Permettez-moi de me limiter à un seul aspect de cette coopération : le monde musulman comprend de mieux en mieux la politique appliquée par la Fédération de Russie dans le Caucase du Nord.
Fait significatif, l’Organisation de la Conférence islamique a dépêché ses représentants aux élections du président de la République de Tchétchénie en octobre 2003. Autre témoignage de la transformation survenue dans les approches envers le problème tchétchène : la visite que le président de la Tchétchénie, Akhmad Kadyrov, effectuera à la tête d’une délégation représentative en Arabie saoudite à la mi-janvier 2004.
Autre fait très important : le Sommet de l’Organisation de la Conférence islamique a décidé de la participation des États musulmans au processus de reconstruction de l’économie tchétchène suivant le principe de la solidarité islamique. Plusieurs États du Proche et du Moyen-Orient ont notamment promis d’apporter une assistance sérieuse à la réalisation du programme de l’UNESCO qui prévoit de rétablir le système de l’éducation en Tchétchénie. Le Croissant-rouge des Emirats arabes unis nous a officiellement informés de ses plans d’apporter une assistance humanitaire à la République de Tchétchénie et d’y construire un centre de cure, un orphelinat et d’autres ouvrages sociaux.
Source : ministère fédéral russe des Affaires étrangères
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