Les think tanks néo-conservateurs constituent aujourd’hui le terrain, la banque d’idées et le pourvoyeur des principaux responsables de la politique américaine. Du 11 septembre à l’Afghanistan, de l’Irak au conflit israélo-palestinien, des mises en garde contre la Syrie et l’Iran à la redéfinition des relations internationales, ils ont ouvert la voie d’un nouvel ordre mondial. Ils en balisent les chemins mais se heurtent à des réalités qu’ils ne peuvent pas toujours théoriser. Proches dans leurs credo, ils diffèrent souvent dans leurs préconisations.

Le Groupe de Prospective du Sénat présente un dossier rédigé par Albert Kostanian, consultant du Cabinet Carles-Rheims, qui fait ressortir les certitudes et les contradictions prospectives de ces mouvements d’influence, croisements insolites de puissants centres de recherche et de lobbies déterminés.

Cette étude de grande ampleur est répartie en deux dossiers. Le premier, publié fin novembre 2003, porte sur l’avenir du Proche et du Moyen-Orient où l’Irak est le nœud des conflits actuels et des dénouements de demain. Le deuxième, qui sera mis en ligne en janvier 2004, élargira la réflexion prospective à l’évolution des relations internationales, des politiques de défense et des grands pôles du futur, l’Amérique, l’Europe et la Chine.

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Le monde a le regard fixé sur la Maison Blanche. Washington s’agite, menace les uns, cautionne les autres, et dicte haut et fort sa vision d’un monde qu’elle croit pouvoir changer.

L’empire américain est une réalité. Sa puissance globale, loin d’être réduite à une expression politique et militaire, s’étend à une prééminence culturelle et économique qui fait de l’Amérique un modèle. Que celui-ci inspire le rejet ou la fascination, il n’en demeure pas moins une structure de valeurs qui tend à constituer un patrimoine culturel commun à l’humanité.

La présidence de George W. Bush constitue, à bien d’égards, une rupture fondamentale avec la politique jusque là suivie par les Etats-Unis. De la peu flatteuse image texane dont on avait affublé le Président, ne reste que la diligence du style, direct et franc. C’est que l’administration américaine agit selon une vision dictée par une double prise de conscience ; celle de la persistance de la menace et, face à elle, de la vulnérabilité de l’Amérique, démontrée en direct, et dans un pur style américain, lors des attentats du 11 septembre 2001.

La vision que l’Amérique a du monde et celle qu’elle a d’elle-même sont inséparables. Main Speaker du système global, les Etats-Unis ont été amenés à agir. Impérialistes par " exceptionnalisme ", les Américains ne sont pas, toutefois, des bâtisseurs d’empires. Le leur a été forgé au cours du 20ème siècle par une dynamique défensive dont le 11 septembre n’est autre que le dernier épisode. Or cet épisode s’apparente à un épilogue, le processus de la montée en puissance étant arrivé à maturation dans un contexte géopolitique qui appelle à une risorgimento globale, libérant une puissance aujourd’hui nommée et revendiquée. Dès lors, un tissu idéologique, avec ses valeurs et sa morale, prescrit une ligne de conduite libérée de la Realpolitik, imposée par la nécessité de préserver l’équilibre mondial à l’aulne du bipolarisme. L’administration américaine s’est donc investie d’une mission plénière qui est le fruit d’une réalité politique, mais aussi de la vision d’un courant de pensée néoconservateur qui germe depuis des dizaines d’années à l’ombre des différents gouvernements américains. Cette école de pensée n’est, certes, pas le seul vivier idéologique de l’actuel gouvernement des Etats-Unis. Elle coexiste avec de multiples cercles d’influences qui gravitent autour des centres de pouvoirs à Washington. Unilatéralistes, isolationnistes, Wilsoniens, chrétiens radicaux ou libéraux de gauche tentent, entre autres, d’infuser leur pensée, par les moyens les plus divers, au sein de l’Establishment politique.

La montée en puissance des idées néoconservatrices est le fait d’un contexte politique qui leur est favorable. La récente médiatisation des think tanks de cette mouvance ainsi que certains de leurs tenants, à l’instar de Richard Perle ou de Paul Wolfowitz, ne doit pas tromper pour autant. Ces derniers ne sont pas issus d’un 11 septembre, mais trouvent souvent leurs origines dans l’administration Reagan ou dans les cercles politiques qui se sont opposés, dès les années 70, à la Realpolitik du couple Nixon-Kissinger et à la politique " bienveillante " de Jimmy Carter. A l’époque, les cercles académiques étaient dominés par des hommes de gauche qui, en ostracisant les néo-conservateurs, les ont poussé à se rassembler dans des think tanks privés.

Les think tanks, entre la recherche et le lobbying

Ces institutions de maîtres à penser agissent en tant qu’interface entre le monde académique et la sphère politique. Elles constituent, de plus en plus, un lieu de passage obligé, un revolving door qui alimente l’Etat en idées nouvelles. Comme l’expliquent Justin Vaïsse et Pierre Hassner dans Washington et le monde (Autrement, 2003), "les think tanks sont des universités sans étudiants, des centres de recherche financés soit par des fondations philanthropiques ayant une couleur politique très tranchée (…) et des entreprises, soit par des contrats avec l’Etat, soit par les deux ." Ce mode de financement particulier n’est pas sans influencer les options politiques des think tanks qui ne revendiquent pas tous les mêmes objectifs. Ainsi la Rand corporation, dont le financement provient en grande partie du Pentagone, est un groupe d’expertise militaire, technologique et stratégique qui travaille en étroite collaboration avec l’Etat. Le Council on Foreign Relations, la Brookings Institution et le Carnegie Endowment for International Peace font, quant à eux, partie des premiers think tanks, créés au début du XXème siècle. Ces derniers sont généralement bipartisans et leur pensée, reflétée par des magazines tel Foreign Affairs ou Foreign Policy, sert de grille d’analyse au gouvernement fédéral depuis les années 40. La troisième catégorie de " boîte à idées " est celle des advocacy think tanks, symbolisée par l’Heritage Foundation et, plus récemment, par le Project for the New American Century (PNAC), qui adoptent une ligne idéologique précise qu’ils s’évertuent de véhiculer parmi les leaders d’opinions. Cela les éloigne de l’institution académique pour les rapprocher, jusqu’à s’y méprendre, des lobbies " classiques " qui pullulent à Washington.

La fine limite qui existe entre ces deux formes d’organisations a trait à leur statut fiscal, les lobbies étant passibles de l’impôt sur les sociétés alors que les think tanks en sont exemptés, en raison de leur activité principale qu’est la recherche. One Billion for ideas, une étude portant sur le financement des 20 think tanks conservateurs les plus influents menée par le National Comittee for Responsive Philanthropy, montre que ces derniers disposent de plus en plus de ressources sciemment allouées à des fins politiques. Face à eux, l’absence d’une contre-mouvance à moyens équivalents fait craindre à la NCRP, qui œuvre en faveur de la transparence comptable des organisations philanthropiques, l’avènement d’un cadre où le débat public serait restreint, favorisant ainsi la pensée unique. Plus d’un milliard de dollars auraient été dépensés par ces 20 institutions durant les années 90. Les recherches, mémorandums et autres éditoriaux constituent la partie visible de leurs moyens d’influence qui, toutefois, reposent essentiellement sur un dense réseau de contacts et de relations qui, selon Pierre Hassner et Justin Vaïsse, "balisent le débat d’idées, délimitant ce qui est pensable et ce qui ne l’est pas, et fournissent des repères politiques sur les sujets du moment ". (Voir la présentation des principaux think tanks étudiés en fin de dossier)

Les néo-conservateurs : racines philosophiques et cheminement politique

Les principaux think tanks situés nettement à droite sont la Hoover Institution, la Rand Corporation qui, en raison de ses liens avec le Pentagone reste un cas à part, et les très conservateurs American Enterprise Institute, Heritage Foundation et le Project for a New American Century, dernier-né qui se situe aux extrêmes de l’échiquier. Le relativisme moral des années 60 et 70 est la bête noire des tenants de ce courant. Cette philosophie, pour qui toute culture se vaut, porte selon les néo-conservateurs, les prémices du déclin de la civilisation occidentale. Victime de sa conception naïve du monde, l’occident perdrait sa culture et, encore plus grave, s’interdirait de juger celles des autres. Ce rejet du relativisme, inspiré, entre autres, par la philosophie de Léo Strauss, teinte le discours politique des néo-conservateurs qui revendiquent la supériorité de la démocratie américaine par rapport à d’autres régimes. Allan Bloom, disciple de Léo Strauss devenu, par la suite, éminent professeur qui compta parmi ses élèves le fameux Paul Wolfowitz, déclare en 1987 dans The Closing of the American Mind : "Tout est devenu culture, culture de la drogue, culture rock, culture des gangs de la rue et ainsi de suite sans la moindre discrimination. L’échec de la culture est devenu culture ". Idéalistes et unilatéralistes, convaincus de la valeur universelle du modèle américain, les néo-conservateurs veulent mettre fin au statu quo, au consensus mou.

Leur système de pensée, et c’est sa force, découle d’un vécu, d’un savant cumul de l’expérience des différentes écoles de relations extérieures qui se sont succédées aux Etats-Unis. Du Président Wilson et de la doctrine qui lui a survécu ils retiennent un messianisme interventionniste motivé, au-delà des simples intérêts contingents, par un idéal civilisateur. Par contre, le multilatéralisme de Wilson qui s’est traduit par la volonté d’institutionnalisation des relations internationales ne trouve pas d’échos chez les néo-conservateurs. Ils lui préfèrent une vision sceptique des organisations internationales, niant au passage l’efficacité du droit international et s’opposant aux traités qui limitent la souveraineté nationale, notamment en ce qui concerne le désarmement. Cela n’est pas sans rappeler le Président Théodore Roosevelt qui professait, au début du siècle, les mêmes principes " réalistes " qui décrivent un système monde profondément anarchique et régit par des rapports de force primaires dissimulés sous le paravent de la légalité internationale.

La fracture entre les Wilsoniens de la droite conservatrice et les réalistes, à la tête desquels se trouvent Henri Kissinger et Richard Nixon, remonte aux années soixante. Elle a conduit certains démocrates à se constituer en groupe de pression à l’intérieur du parti dont ils contestaient les orientations isolationnistes en prônant une politique d’endiguement active dans le contexte troublé qui était celui de la guerre du Vietnam. Ces Jackson Democrats, du nom de leur mentor, le sénateur de l’Etat de Washington, Henry Scoop Jackson, vont se trouver en accord avec les conservateurs de droite avec lesquels ils combattent un ennemi commun : la Realpolitik pratiquée par le couple Nixon-Kissinger et, par la suite, la politique de Carter, jugée trop molle. La fusion des deux courants se fera sous Reagan, donnant naissance au néconservatisme, tel qu’on le connaît aujourd’hui, wilsonien et résolument unilatéraliste. Ce courant marque son entrée dans les hautes sphères du pouvoir en 1980, lors de la conférence républicaine de Détroit, durant laquelle il prend nettement l’ascendant sur les tenants de la Realpolitik. L’administration Reagan s’imprégnera de son idéologie, tout en gardant certaines distances, en cherchant à renverser, au nom de la démocratie, certaines dictatures et en déclarant la lutte ouverte contre " l’empire du mal ". Le renversement de l’ordre mondial du début des années 90 ouvre pourtant une période propice au multilatéralisme que George H. W. Bush mettra à l’œuvre à l’occasion de la tempête du désert koweïtien. L’Amérique victorieuse fait alors figure de généralissime du monde libre et se fait chantre de la légalité internationale. C’est l’époque des réalistes gestionnaires. Wilson retrouve sa place, dans les annales de l’histoire, et Saddam est maintenu au pouvoir. L’élection de Bill Clinton à la présidence des Etats-Unis et le contexte géopolitique favorable qui caractérisera son mandat évince les néo-conservateurs des cercles décisionnels de Washington. Confinés dans leurs Think Tanks, ceux-ci assistent, impuissants, à l’avènement d’une politique étrangère hésitante et conciliante, presque humanitaire diront-ils plus tard et à la réduction drastique des budgets alloués à la défense. Les huit années de Clinton à la Maison Blanche sont aujourd’hui attaquées par les néo-conservateurs qui leur imputent machinalement toutes les déficiences des Etats-Unis, surtout au niveau militaire et dans la politique étrangère.

George W. Bush, un néo-conservateur par omission

L’élection contestée de George W. Bush à la magistrature suprême va entamer un nouveau chapitre de la saga des faucons de Washington. En effet, son administration est, en large partie, composée de personnalités affiliées ou proches des think tanks néo-conservateurs. Donald Rumsfeld et Condoleezza Rice sont des vétérans de la Hoover Institution qui compte aussi, parmi ses membres, un quart du Defence Policy Board. Dick Cheney et sa femme entretiennent une longue proximité avec l’American Enterprise Institute alors que la secrétaire au Travail, Elaine Chao, est affiliée à l’Heritage Foundation. Si " la politique c’est les gens ", comme le dit Edwin Feulner, président de l’Heritage, les think tanks sont donc en passe de devenir le cabinet fantôme de l’Amérique. Le recul nous fait aujourd’hui défaut pour pouvoir clarifier la part de Bush dans le retour des néo-conservateurs aux affaires tellement sa mission, et selon ses propres dires, a été déterminée par le 11 septembre 2001, intervenu quelques mois après le début de son mandat. Au départ considéré comme Jacksonien, en référence à l’ancien président Andrew Jackson, ce qui veut dire simpliste, patriotique et presque rural, le président George W.Bush a endossé l’uniforme de leader d’un monde libre en lutte contre la menace terroriste. Son leitmotiv de " clarté morale " butte néanmoins sur la complexité des relations internationales en mal de repères communs et d’éthique universelle.

Toutefois, en n’ayant pas de position prédéfinie sur la politique étrangère, George Bush, a formé une administration quelque peu hétéroclite, incluant une minorité de réalistes, à l’instar du secrétaire d’Etat Colin Powell et de Condoleezza Rice, sa conseillère pour la sécurité nationale et des " faucons " à la tête desquels se trouvent le vice-président Dick Cheney, le secrétaire d’Etat à la Défense Donald Rumsfeld et son adjoint, le très influent Paul Wolfowitz.

Cependant, ce dernier groupe d’apparence homogène recèle de subtils clivages qui rappellent que le néo-conservatisme est un label qualifiant un style de pensée, et qu’il reste loin d’être une réalité politique structurée. On y distingue des impérialistes wilsoniens regroupés autour de Wolfowitz et de personnalités " externes " comme William Kristol et Robert Kagan. C’est à ce dernier que l’ont doit la notion " d’empire bienveillant " qui fait de l’Amérique le fer de lance de la démocratisation du monde. Occupation de longue haleine et occidentalisation de certains pays font partie du jargon courant de ces néo-conservateurs, purs et durs. Donald Rumsfeld et, dans une moindre mesure Dick Cheney, font, quant à eux, partie des " nationalistes arrogants ". Ils adhèrent à une vision qui confère aux Etats-Unis la mission de policer le monde pour conserver un équilibre qui leur est favorable. Les tenants de ce courant ne s’aventurent pas sur le terrain belliqueux des nations-building ou construction de nations, si cher au premier groupe, mais reconnaissent qu’il faut favoriser l’émergence des démocraties car celles-ci garantissent au mieux les intérêts des Etats-Unis. En outre, le débat entre multilatéralistes et unilatéralistes fait rage au sein de l’administration US même si George W. Bush semble acquis au principe de l’action unilatérale, en l’absence d’autres alternatives. " Multilatéraux quand nous le pouvons, unilatéraux quand nous le devons ", cette phrase de Madeleine Albright, secrétaire d’Etat de Bill Clinton, semble s’être inversée de nos jours. Le unilatéraux quand nous le pouvons, multilatéraux quand nous le devons (Washington et le monde) de l’administration Bush constitue une ligne de conduite avouée même si celle-ci, loin de faire l’unanimité, n’est pas appliquée d’une manière absolue.

Une crédibilité mise à l’épreuve

Les néo-conservateurs ne représentent donc pas un groupe homogène et structuré au dogme sacralisé. Ils partagent une vision commune du monde et du rôle dévolu à l’Amérique en son sein mais accusent quelques différences, certes de second plan, sur les moyens d’achever leurs objectifs. Cette mouvance, par l’énorme capital d’influence des personnes qui la dirigent, oriente la politique étrangère américaine de l’administration républicaine actuelle.

Le vide idéologique de l’après guerre froide et la rupture occasionnée par le 11 septembre ont conforté ses vues d’un monde hostile et incertain. La riposte préconisée par les néo-conservateurs a séduit par sa fermeté et par l’exhaustivité de sa portée, leur valant un soutien populaire alimenté par un patriotisme exacerbé, propre aux temps de crise.

Malgré la prépondérance de leur influence, les néo-conservateurs ne sont pas les seuls à vouloir manier la barre du gouvernement américain. Ils doivent en effet composer notamment avec les chrétiens radicaux, menés par le ministre de la justice John Ashcroft, et les différents lobbies aux intérêts aussi variés que divergents. Malgré cette situation, nombreux observateurs font, aujourd’hui, l’amalgame entre la politique du gouvernement des Etats-Unis et les vues du courant néoconservateur. Cela reflète une lecture erronée des réalités de la gouvernance des Etats-Unis, Washington étant une arène de politiques en perpétuel mouvement. Les néo-conservateurs ne gouvernent pas les Etats-Unis mais exercent une influence décisive dont l’avenir sera déterminé par le cours de la géopolitique mondiale. La récente campagne d’Irak, sortie tout droit des écrits des néo-conservateurs, est un enjeu déterminant pour leur crédibilité. En cas de réussite, et dans la perspective d’une reconduction du mandat Bush, ils pourraient marquer le monde par leurs préceptes messianiques. C’est pourquoi le " décryptage " de leur vision s’impose, car celle-ci est une esquisse de ce que pourrait être, dans un des scénarii possibles, la carte géopolitique de demain.

Il revient à la prospective d’explorer cette éventualité et, à cette fin, nous avons adopté une démarche empreinte de curiosité. Nous avons ainsi tenté de répertorier, d’évaluer et d’analyser des écrits, des réactions à " chaud " et des réflexions structurelles pour tenter de déterminer à quoi ressemblerait le monde de demain vu par les think tanks néo-conservateurs américains. Nous vous en présentons une analyse approfondie qui, en partant de l’Irak et du Moyen Orient, s’attarde sur les points brûlants que sont l’Iran et la Corée du Nord, sur les relations conflictuelles qui délient l’Amérique de l’Europe, de la Chine et de la Russie et, enfin sur les moyens de la politique américaine, sa défense, et son idéologie dans le cadre d’un système monde complexe, mais à y regarder de plus près, pas si chaotique qu’il n’y paraît.

Source : Groupe de prospective du Sénat français