Pour des raisons historiques et géostratégiques, l’Iran a été constamment au centre de l’attention internationale depuis 30 ans. Je suis parfois heureux de cette attention, comme lors de la chute de la monarchie en 1979 ou lors de l’élection de Mohammed Khatami en 1997, mais j’éprouve des sentiments très différents face à l’imbroglio nucléaire et au tremblement de terre.
La question nucléaire s’est taillée la part du lion de l’intérêt international pour mon pays et a occulté l’importance cruciale des élections parlementaires du 20 février. En 2000, les réformateurs ont gagné ces élections, mais ils ont été bloqués par le Conseil des gardiens et par leur propre manque de vision à long terme et de vigueur. Cela a entraîné le désespoir et la résignation dans la population et lors des élections de février dernier un très fort taux d’abstention dans les grandes villes a permis aux conservateurs, plus aptes à mobiliser leur électorat, de gagner les conseils municipaux des grandes villes. Encouragés par cette victoire, ils espèrent aujourd’hui reprendre la Parlement en s’appuyant sur la résignation des électeurs. Une telle victoire creuserait davantage le fossé entre les institutions et la population et compliquerait les relations avec l’extérieur.
Le seul espoir des réformateurs est une forte participation. Une victoire des conservateurs entraînerait une situation explosive. Même si les réformateurs gagnent les élections, il sera nécessaire qu’ils repensent leur stratégie à long terme pour parvenir à ce que le règne de la loi, un gouvernement transparent, représentatif et responsable et les Droits de l’homme s’installent en Iran. Pour cela, les réformateurs doivent davantage s’appuyer sur la société civile.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« The Battle for Iran’s Future », par Bagher Asadi, New York Times, 7 janvier 2004.